Yaïr Lapid : La réponse au virus montre qu’Israël « n’est plus une démocratie »
Le n°2 de Gantz dénonce la fermeture des tribunaux par le gouvernement avant le procès Netayahu, le suivi numérique des gens et les mesures prises par un "gouvernement illégitime"

Le député Yair Lapid a dénoncé mardi soir plusieurs mesures annoncées par le gouvernement de transition du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour freiner la propagation du coronavirus, déclarant qu’Israël « n’est plus une démocratie ».
Il a cité l’introduction d’une surveillance massive des citoyens israéliens – pour suivre les porteurs du virus et les personnes avec lesquelles ils interagissent – sans contrôle parlementaire, et les décisions d’arrêter les opérations du pouvoir judiciaire et législatif en raison de la progression vertigineuse de l’épidémie de virus.
Mercredi matin, en réponse à de nombreuses critiques concernant ses attaques contre un gouvernement confronté à une pandémie, Lapid a tweeté que « l’instruction [de ne pas] quitter la maison n’est pas le problème ; le fait qu’elle soit donnée par un gouvernement illégitime est bel et bien un problème ».
« Le système judiciaire a été fermé il y a quatre jours, dans un ordre donné à une heure du matin, sans que personne ne le sache », a-t-il déclaré, faisant référence à la décision du ministre de la Justice Amir Ohana du Likud, de fermer les tribunaux, quelques jours avant le début du procès pour corruption de Netanyahu.

Cette décision a suscité des accusations selon lesquelles Netanyahu utilisait la crise du COVID-19 pour échapper à la justice, bien que de nombreux autres gouvernements à travers le monde aient déjà mis en place, ou soient sur le point de mettre en place, des restrictions similaires dans leurs systèmes juridiques.
« La législature a été fermée aujourd’hui, illégalement », a poursuivi M. Lapid. « Le précédent président de la Knesset, qui n’a pas été élu à ce poste [dans la législature actuelle], a fermé la Knesset. Avant cela, il avait refusé la demande d’une majorité de la Knesset, 62 députés, de désigner un nouveau président à sa place ».
Kakhol lavan, dans une lettre adressée vendredi au président Yuli Edelstein, l’a informé de son intention d’organiser un vote sur la nomination d’un nouveau président peu après que les 120 députés ont officiellement prêté serment lundi, après l’élection à la Knesset du 2 mars. La décision de Kakhol lavan a été considérée comme une tentative de jeu de pouvoir avant les tentatives de formation d’une coalition, car le parti pense pouvoir obtenir une majorité dans la nouvelle législature pour prendre les rênes du Parlement des mains du Likud pour la première fois depuis plus de dix ans. Ce projet a été bloqué par Edelstein.
Le contrôle de la présidence donnerait aux partis d’opposition plus de pouvoir pour faire avancer la législation, y compris un éventuel projet de loi qui empêcherait une personne faisant l’objet d’accusations criminelles de former un gouvernement – ce qui aurait pour effet de disqualifier Netanyahu.

Après le refus d’Edelstein d’organiser le vote, le parti Kakhol lavan a fait appel au conseiller juridique de la Knesset pour déterminer s’il avait le pouvoir de le faire. Selon certains rapports en hébreu, le président de la Knesset n’est pas tenu d’accepter un vote sur son remplacement tant qu’un nouveau gouvernement n’a pas prêté serment.
La manœuvre d’Edelstein implique que les commissions de la Knesset ne se réunissent pas, a poursuivi M. Lapid, « y compris la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, qui aurait veillé à ce que l’on ne soit pas surveillé illégalement ».
Il faisait référence à la décision du gouvernement dans la nuit de lundi à mardi d’utiliser des technologies avancées pour pister les citoyens afin de limiter les contacts avec les personnes malades.
La décision de prendre la mesure d’urgence a été prise sans passer par la Knesset – ce que Netanyahu avait pourtant déclaré ne pas faire – après qu’une réunion de la sous-commission sur les services de renseignement, tenue lundi, n’a pas permis d’approuver le programme de surveillance très controversé, dans l’attente d’un nouveau débat.
L’ancienne ministre de la Justice et alliée de Netanyahu, Ayelet Shaked, du parti Yamina, a demandé mardi que les commissions de la Knesset soient dotées de membres pour superviser le contrôle du gouvernement et prévenir les abus.
Dans son post, Lapid a fait valoir que la Knesset pouvait se réunir à distance par vidéo, accusant le gouvernement intérimaire de ne pas vouloir de surveillance « parce qu’il sait qu’il commet de graves erreurs, des erreurs fatales, à la fois médicales et – surtout – économiques ».

« Actuellement, la seule institution qui fonctionne dans le pays est un gouvernement de transition non élu, avec un Premier ministre qui a perdu les élections », a poursuivi M. Lapid. « S’il ne dispose pas de la majorité à la Knesset – il ferme la Knesset. S’il doit être jugé – il ferme les tribunaux ».
Le gouvernement intérimaire « nous a dit que nous ne pouvions pas quitter nos maisons », a déclaré M. Lapid, en référence aux restrictions du ministère de la Santé introduites mardi. « Si vous voulez faire appel de cette décision, ou même demander que quelqu’un l’évalue – il n’y a personne à qui demander. A partir de maintenant, Benjamin Netanyahu et Yuli Edelstein ont mis fin à la démocratie israélienne ».
Faisant écho à Lapid, le député Moshe Yaalon a accusé Netanyahu d’utiliser le coronavirus pour neutraliser la démocratie israélienne.
« Kakhol lavan mettra en place un gouvernement d’urgence aussi large que possible, même si nous commençons avec un gouvernement restreint, pour sauver le pays. Nous ne permettrons pas à Netanyahu de transformer Israël en dictature », a tweeté Yaalon, un ancien membre du Likud de Netanyahu.
Plus tôt dans la journée de mardi, Gantz a qualifié les restrictions imposées au Parlement, prétendument pour combattre le virus, de « dangereux précédent pour la démocratie ».
« Le Likud, via Netanyahu et le député Edelstein, essaie à tout prix d’empêcher la Knesset de fonctionner », a déclaré Gantz. « Non seulement la Knesset ne fonctionne plus depuis un an, mais ils veulent aussi que la nouvelle Knesset ne fasse pas le minimum de travail nécessaire en cas de crise ».
Le président du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a également attaqué Netanyahu pour ses mesures contre l’épidémie de coronavirus, l’accusant de mener Israël à un « effondrement total ».

Depuis le début de l’épidémie, Israël a mis en place une série de restrictions, exigeant que tous les Israéliens rentrant dans le pays se mettent en quarantaine pendant 14 jours et interdisant aux étrangers d’entrer dans le pays à moins qu’ils ne puissent se mettre en quarantaine. Il a également fermé des écoles, des cafés, des centres commerciaux, des salles de sport et autres. Les ministres ont approuvé tôt mardi une mesure très controversée pour permettre au gouvernement de suivre les téléphones des Israéliens afin de localiser les porteurs du virus.
Mardi, en élargissant les restrictions, le ministère de la Santé a demandé aux Israéliens de ne pas quitter leur domicile ni de se rendre dans les parcs et sur les plages, avec des exceptions faites pour les besoins essentiels, comme les achats de nourriture, les achats de médicaments, les soins médicaux et le travail.
En date de mercredi matin, 427 cas COVID-19 ont été confirmés en Israël.
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