Yonatan Heilo, libéré après avoir tué son violeur, de nouveau incarcéré
Il a été libéré après avoir purgé 8 ans de prison sur 12 ; il aurait violé les conditions de sa libération ; l'avocat accuse l'Etat de n'avoir pas aidé à sa réintégration
Une commission de libération conditionnelle a ordonné mercredi à Yonatan Heilo de retourner en prison après qu’il a violé les conditions de sa libération. Heilo a obtenu une libération anticipée après que la durée de sa condamnation pour avoir tué son violeur a été dénoncée par l’opinion publique.
Heilo, qui s’est longtemps battu pour une libération anticipée, a été condamné en 2013 à 20 ans de prison pour avoir tué l’homme qui l’a violé, volé et fait chanter à plusieurs reprises en 2010.
Il est devenu éligible à une libération anticipée en 2016, après huit ans de prison, et le président Reuven Rivlin avait commué une partie de sa peine en novembre 2017. Mais les procureurs de l’Etat s’étaient opposés à la libération de Heilo et avaient rejeté sa demande. Il a été finalement libéré en juillet 2018.
La décision de mercredi n’a pas spécifié la nature des violations qui lui sont reprochées, mais les médias israéliens ont indiqué qu’il s’agirait d’abus d’alcool, alors qu’il serait en proie à une dépression.
L’avocat de Heilo a accusé l’Etat de manquer à son devoir à l’égard de son client.
« Son histoire est une tragédie juridique », a déclaré Alon Eizenberg, ajoutant que Heilo a été libéré « dans le vide, les autorités n’ont pas œuvré à sa réintégration ».
Eilin, connu des services de police, aurait dit à Heilo en 2010, pendant une fête de Lag BaOmer, qu’il comptait le violer à nouveau. Ce soir-là, quand Eilin était allé uriner dans une allée et avait le dos tourné, Heilo a sauté sur lui, l’a étranglé et l’a battu avec une pierre.
Dans le premier verdict de décembre 2013, la cour du district de Lod avait reconnu Heilo comme une victime de viol, mais avait rejeté l’affirmation de défense légitime, car il n’avait jamais signalé les agressions précédentes à la police, et que plusieurs semaines s’étaient écoulées entre la dernière agression et le meurtre.
Mais en réponse à l’appel de Heilo, la Cour suprême a reconnu qu’il avait enduré « les railleries constantes » et qu’il avait souffert « sur une longue durée de l’abus causé par le défunt », qui consistait en « une série d’incidents violents, de menaces de violences, notamment de menaces à la vie de l’accusé, d’extorsion et d’abus sexuels, dont deux actes de sodomie ».
La Cour suprême avait allégé la peine de Heilo, le jugeant coupable d’homicide et non de meurtre, et en réduisant sa peine de prison de 20 à 12 ans.
Le président Reuven Rivlin a ensuite commué sa peine, réduisant sa sentence à dix ans et huit mois. Il est donc devenu éligible à la libération conditionnelle, étant donné qu’il avait déjà purgé la moitié de sa peine.
En 2016, sur les recommandations du ministère de la Justice, Rivlin a refusé de gracier Heilo mais a déclaré qu’il réétudierait la demande si l’accusé la soumettait une nouvelle fois ultérieurement. Cette demande d’amnistie avait été soumise par le député Yoel Hasson (Union sioniste), et avait été signée par plus de 70 parlementaires.