Zohar aurait promis à Noam de fermer l’espace de prière mixte du mur Occidental
Le député Likud aurait promis à Noam, en échange de son retrait de la course, que le prochain gouvernement rejettera le projet de réforme des conversions ; le Likud dément
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le député du Likud Miki Zohar aurait suggéré à un parti nationaliste religieux de droite anti-LGBT de se retirer de la course en échange d’un futur gouvernement dirigé par le Likud, qui se prononcera en faveur de l’abolition de la zone de prière mixte au mur Occidental de Jérusalem.
Zohar a récemment rencontré les chefs du parti Noam dans leurs bureaux de la capitale, où il a également proposé, qu’en échange de leur défection, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le parti du Likud bloqueraient les réformes proposées pour les conversions au judaïsme, selon le quotidien Yediot Ahronoth.
Netanyahu et le Likud ont fait pression sur les petits partis de droite pour qu’ils fusionnent ou se retirent de la course avant les élections du 17 septembre pour empêcher le « gaspillage » des voix s’ils ne franchissent pas le seuil d’éligibilité pour intégrer la Knesset. Les sondages ont montré qu’aucun bloc, ni de droite ni de gauche, n’aura de manière évidente la voie libre pour former une majorité au Parlement et les résultats des élections risquent d’être serrés.
En réponse au papier du journal, le Likud a démenti que ces propositions avaient été, ne serait-ce qu’envisagées, assurant qu’elles ne le seraient jamais.
L’espace de prière égalitaire au mur Occidental, et le monopole détenu par les ultra-orthodoxes sur les conversions au judaïsme, a creusé un fossé entre le gouvernement et les communautés juives de la Diaspora, qui sont, en grande partie, en faveur de la création d’un espace de prière non-orthodoxe et d’un processus de conversion facilité. Les partis ultra-orthodoxes s’opposent aussi bien à la création d’un tel espace qu’à des changements du système de conversion.
Zohar s’est rendu à la rencontre, qui aurait eu lieu mardi soir, en compagnie de représentants du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, considéré comme le plus proche des idéologies de Noam, a rapporté le quotidien.
L’offre du député consistait à assurer du soutien du Likud et de Netanyahu à la fermeture de l’espace de prière et à l’arrêt du projet Nissim, censé réformer le processus de conversion, et promettait de nommer l’un des membres de Noam à une haute position, mais pas à un poste de ministre.
Yahadout HaTorah serait responsable de garantir que les changements proposés soient appliqués par le prochain gouvernement, indique l’article.
Noam aurait rejeté cette offre, et l’entretien se serait terminé sans progrès notable, même si les deux partis se seraient mis d’accord pour rester en contact alors que les élections du 17 septembre approchent.
Zohar a assuré au Yedioth que l’organisation de cet entretien relevait de son initiative, mais qu’il avait obtenu l’aval de Netanyahu.
Les représentants de Noam étaient « très têtus », a-t-il dit, avertissant que cela resterait à jamais « dans leur passif », s’ils causaient la défaite du Likud en siphonnant les voix au profit d’une campagne électorale futile.
« Ils mettent en danger le gouvernement de droite », a averti Zohar.
Le Likud a publié un communiqué niant que l’initiative relevait d’une quelconque manière du parti et que ces propositions aient jamais été envisagées.
« Il n’y aura pas de changement dans les conversions, et personne ne fermera la partie sud du mur Occidental », a affirmé le parti. « Aucune offre n’a été faite ni ne sera faite au nom du Likud à Noam. Les votes ne doivent pas être gaspillés vers des partis qui ne franchiront pas le seuil » d’éligibilité.
Dans un communiqué, le parti Noam a critiqué les responsables de Yahadout HaTorah pour leur performance à la Knesset, qui » à un moment crucial, ont montré qu’on ne peut pas compter sur eux », et a promis de poursuivre sa campagne.
Le parti conservateur religieux d’extrême droite a obtenu bien moins que les 3,25 % des suffrages requis pour intégrer le Parlementaire. Il a placé la lutte contre l’acceptation de la communauté LGBT au cœur de sa campagne, tout comme l’opposition à l’espace de prière égalitaire au mur Occidental. Il a financé des panneaux et spots publicitaires provocants accompagnés du slogan « Israël choisit d’être normal » et affirme que la communauté LGBT a « imposé son programme » au reste de la société israélienne.
En 2016, le gouvernement et les dirigeants juifs non orthodoxes ont conclu un accord pour rénover l’espace de prière égalitaire au mur Occidental, mais Netanyahu a ultérieurement gelé ce plan à la demande de ses partenaires de coalition ultra-orthodoxes.
La décision de Netanyahu avait scandalisé une large partie des Juifs de la Diaspora, renforçant le fossé qui se creuse entre Israël et le judaïsme américain.
Moshe Nissim, un ancien ministre de la Justice, des Finances et de l’Industrie, a présenté en 2018 un processus de conversion uniformisé sous l’égide d’un nouvel organe étatique orthodoxe. Cette proposition, que Nissim a été chargée de concevoir par Netanyahu, visait à ne pas changer le contrôle des orthodoxes sur le système de conversion officiel, mais à le retirer des mains du grand-rabbinat.
Le plan Nissim a été cependant immédiatement rejeté par le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, chef du parti ultra-orthodoxe Shas et par le député de Yahadout HaTorah, Moshe Gafni, qui ont déclaré qu’ils bloqueraient toute proposition de réforme, en vertu des accords de coalition qui leur octroie un droit de veto sur les questions religieuses et étatiques.
Raoul Wootliff et l’équipe du Times of Israël ont contribué à cet article.