A Sydney, Netanyahu salue “l’Australie lucide” pour ses critiques contre l’ONU
Le Premier ministre a rencontré son homologue Malcolm Turnbull, qui a décrit Israël comme “vraiment miraculeux” et soutient la solution à deux états
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rendu hommage mercredi à l’Australie, pour sa « courageuse volonté de pointer l’hypocrisie des Nations unies » par des résolutions condamnant Israël.
Son homologue Malcolm Turnbull a marqué la première visite de l’histoire en Australie d’un Premier ministre israélien en exercice en publiant mercredi un éditorial dans The Australian qui soutenait les critiques faites par Netanyahu aux Nations unies.
« Mon gouvernement ne soutiendra pas de résolutions biaisées critiquant Israël, comme celle récemment adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies, et nous déplorons les campagnes de boycott conçues pour délégitimer l’Etat juif », a écrit Turnbull, faisant référence à la résolution 2334 adoptée le 23 décembre pour condamner le peuplement juif en Cisjordanie et à Jérusalem Est, une « violation flagrante » du droit international.
Les Etats-Unis s’étaient abstenus pendant le vote et l’Australie, qui n’est pas membre du Conseil de sécurité, a été l’un des rares pays à soutenir publiquement la position israélienne.
Pendant une conférence de presse avec Turnbull, Netanyahu a déclaré avoir été ravi de lire l’article au début de sa visite officielle de quatre jours en Australie.
« L’Australie a courageusement voulu pointer l’hypocrisie des Nations unies une fois encore, notamment cette absurde résolution qui affirme que le mur Occidental, le lieu le plus sacré du peuple juif depuis des milliers d’années, des milliers d’années avant même la naissance de l’islam, est un territoire palestinien occupé », a-t-il déclaré aux journalistes.
« Donc les Nations unies sont capables de bien des absurdités, et je pense qu’il est important d’avoir des pays directs et lucides comme l’Australie, qui les ramènent souvent sur Terre », a déclaré Netanyahu.
Turnbull a décrit l’Australie comme un ami engagé et constant d’Israël, et salué les « valeurs partagées, la démocratie, la liberté, l’état de droit » des deux pays, décrivant Israël comme un « pays réellement miraculeux ».
Il a également réitéré son soutien à une solution à deux états pour résoudre le conflit israélo-palestinien. « Je suis d’accord avec vous, les circonstances de l’époque dans votre région […] semblent créer l’opportunité où les lunes s’aligneront peut-être pour que ce soit le bon moment pour revenir à la table [des négociations] et conclure un accord, mais bien sûr, comme pour tout accord, il faut être deux pour danser le tango », a dit Turnbull à Netanyahu.
La semaine dernière, Julie Bishop, la ministre australienne des Affaires étrangères, avait déclaré que Canberra pourrait accepter une solution à un état si les parties étaient d’accord, rejoignant ainsi la ligne évoquée par le président américain Donald Trump.
« Israël et les Palestiniens doivent parvenir à un accord et nous soutenons une solution à deux états directement négociée pour que les Palestiniens aient leur propre état et que le peuple d’Israël soit en sécurité au sein de frontières reconnues », a écrit Turnbull dans son éditorial, alors que certains suggèrent que le dirigeant israélien pourrait ne plus soutenir la solution à deux états.
Pendant la conférence de presse, Netanyahu a rejeté les appels des détracteurs des implantations israéliennes en Cisjordanie, dont les anciens Premiers ministres australiens Kevin Rudd et Bob Hawke, pour que l’Australie reconnaisse la Palestine en tant qu’état.
« Je pose aux deux anciens Premiers ministres une question simple : quel genre d’état sera celui qu’ils défendent ? Un état qui appelle à la destruction d’Israël ? Un état dont le territoire sera immédiatement utilisé par l’islam radical ? », a demandé Netanyahu.
Il a également répété son opposition à une solution à un état, disant des Palestiniens de Cisjordanie que « je veux qu’ils aient toutes les libertés pour se gouverner eux-mêmes, mais aucun des pouvoirs pour nous menacer. Laissons-les se gouverneur eux-mêmes, mais sans puissance militaire et physique pour menacer l’Etat d’Israël. »
Netanyahu et Turnbull ont signé de nouveaux accords de technologie et des services aériens, et discuté d’une extension de la coopération bilatérale dans les domaines de la cyber-sécurité, de l’innovation et de la science.
Netanyahu restera à Sidney jusqu’à dimanche pour rencontrer des responsables gouvernementaux et des dirigeants de la communauté juive.
Le Premier ministre devrait participer mercredi à une conférence économique avec des hommes d’affaires israéliens et australiens, et à un évènement à la grande synagogue de Sydney.
Bill Shorten, le chef de l’opposition australienne, qui préside le parti travailliste du pays, a précisé qu’il aborderait la question des implantations avec Netanyahu.
« Nous soutenons le droit des Palestiniens et des Israéliens à vivre dans des frontières sécurisées, a déclaré Shorten mardi. Je préciserai à Netanyahu que la construction dans les implantations est un obstacle à la solution à deux états, elle doit être arrêtée. »
Pendant sa conférence de presse avec Turnbull, Netanyahu a balayé les questions sur sa relation avec le milliardaire australien James Packer, dont le nom a été cité dans les affaires de corruption entourant le Premier ministre. « Je pense que rien n’en sortira parce qu’il n’y a rien à part de l’amitié », a-t-il affirmé.
A son arrivée à Sydney après une visite de deux jours à Singapour, Netanyahu a été accueilli par la ministre australienne du Développement international et du Pacifique, Concetta Fierravanti-Wells.
Après l’atterrissage, Netanyahu a salué « 100 ans d’amitié » entre Israël et l’Australie, faisait référence à la libération de la ville de Beer Sheva, à présent israélienne, de l’Empire ottoman. Il a déclaré qu’ils « ont combattu aux côtés des Juifs pendant la Première Guerre mondiale pour sauver Israël de l’invasion nazie. »
« Ils sont loin, mais ils sont proches, a-t-il déclaré. Et nous sommes très heureux de renforcer cette proximité pendant cette visite. »
Netanyahu devrait faire face à plusieurs manifestations pendant sa visite d’Etat en Australie cette semaine.
Plus de 60 Australiens célèbres ont signé une lettre ouverte s’opposant à la visite d’Etat de Netanyahu en raison des politiques du gouvernement israélien à l’égard des Palestiniens, et des manifestations sont prévues à Melbourne, Sydney et Canberra.
« Il est temps que la souffrance du peuple palestinien cesse et que l’Australie joue un rôle plus équilibré dans le soutien de l’application du droit international et ne soutienne pas M. Netanyahu et ses politiques », ont écrit les signataires, dont d’anciens politiciens, des professionnels du droit et des membres du clergé.
« Les politiques de M. Netanyahu visent sans cesse à provoquer, intimider et oppresser la population palestinienne, ce qui accroit le déséquilibre [des pouvoirs], et éloigne ainsi irrémédiablement Israël de la paix », ont-ils ajouté. Beaucoup des signataires semblent être des militants pro-palestiniens et la lettre a été publiée par Australia Palestine Advocacy Network.
Des agences ont contribué à cet article.