Allemagne : plus de 40 tombes juives profanées dans l’est du pays
Ces dernières années, l'Allemagne connaît une résurgence des actes antisémites qui font écho aux heures sombres du national-socialisme
Des inconnus ont profané plus de 40 tombes anciennes juives dans le cimetière d’une ville située dans l’est de l’Allemagne, a indiqué mercredi la police qui n’a pas fait état d’interpellations.
Plus d’une quarantaine de tombes juives ont été vandalisées à Köthen, « principalement en renversant des pierres tombales », a indiqué la police de Dessau-Rosslau.
La police estime que les profanations ont été commises entre vendredi et mardi dans la partie juive de ce cimetière.
Elle évalue les dégâts causés à ces anciennes tombes à plus de 20 000 euros.
Les autorités recherchent « toute personne susceptible de fournir des informations sur d’éventuels suspects ».
Ancienne capitale de la principauté d’Anhalt-Köthen, Köthen est notamment connue pour avoir accueilli le compositeur Jean-Sébastien Bach au XVIIIe siècle.
Ces dernières années, l’Allemagne connaît une résurgence des actes antisémites qui font écho aux heures sombres du national-socialisme.
L’AfD est un parti d’extrême-droite qui s’oppose à l’immigration, notamment musulmane, monte de plus en plus dans les sondages et dans les urnes. Il nie tolérer l’antisémitisme, mais certains de ses membres ont été impliqués dans des manifestations de haine des Juifs. Le président honoraire du parti, Alexander Gauland, avait déclaré en 2017 que les Allemands ne devraient pas être « tenus pour responsables » du nazisme.
Le parti, créé il y a dix ans, obtenait dernièrement entre 18 % et 20 % dans les sondages nationaux.
Sa montée en puissance coïncide avec la prolifération des agressions antisémites commises à la fois par des activistes d’extrême-droite et des personnes issues de l’immigration en provenance de pays musulmans, qui ciblent généralement les Juifs en lien avec Israël.
Un organisme allemand de surveillance de l’antisémitisme a recensé 2 480 incidents dans tout le pays en 2022, ce qui représente une baisse de 9 % par rapport aux statistiques de 2021, qui était une année record en termes d’incidents antisémites enregistrés.
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En 2019, Stephan Balliet, un adepte des idéologies d’extrême droite et complotistes avait tenté de pénétrer dans la synagogue de Halle, situé dans le même Land de Saxe-Anhalt, pour y commettre un carnage le jour de la fête juive de Yom Kippour.
Il n’était finalement pas parvenu à entrer dans le lieu de culte, où se trouvaient ce jour-là de nombreux fidèles pour marquer le jour solennel. Mais il avait tué une passante et un homme réfugié dans un snack, avant d’être interpellé.
Après cet attentat et un autre à caractère raciste à Hanau, près de Francfort, en 2020, qui avait fait neuf morts, l’Allemagne a érigé au premier rang des menaces le terrorisme d’extrême droite.
Mardi, le gouvernement a interdit le groupuscule « Hammerskins Germany » qui propage une « théorie raciale basée sur l’idéologie nazie », lors d’une opération coup de filet de grande ampleur à travers tout le pays.