Israël en guerre - Jour 596

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Amos Gilad : Israël échoue à empêcher l’Iran de s’implanter en Syrie

Le général à la retraite prévient que si les liens avec les Russie sont cruciaux, ils ne sont pas fondamentaux pour lutter contre la République islamique

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Amos Gilad, ancien haut responsable de la Défense, s'exprime à une conférence au Centre interdisciplinaire à Herzliya, le 12 février 2019. (Capture d'écran : IDC)
Amos Gilad, ancien haut responsable de la Défense, s'exprime à une conférence au Centre interdisciplinaire à Herzliya, le 12 février 2019. (Capture d'écran : IDC)

Mardi, un ancien stratège israélien de la Défense a prévenu que l’État juif ne parvenait pas à forcer l’Iran à abandonner ses projets d’établir une présence militaire permanente en Syrie, malgré le succès des frappes menées par Israël dans le pays.

« D’un point de vue tactique et opérationnel, les frappes sur les Iraniens sont puissantes. Mais d’un point de vue stratégique, nous ne réussissons pas, a déclaré Amos Gilad, un ancien général de Tsahal et influent chef du bureau des affaires politiques du ministère de la Défense.

Gilad a effectué ses commentaires au Centre interdisciplianire à Herzliya dans une conférence sur l’implication de la Russie au Moyen-Orient. La conférence était organisée par l’Institut de Politique et de Stratégie de l’université et par l’Institut Kennan basé à Washington.

Ses remarques sont intervenues quelques heures après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a confirmé que Tsahal avait mené des frappes en Syrie lundi soir.

Images satellites diffusées par l’armée israélienne de ce qu’elle dit être des installations iraniennes à l’intérieur d’une base militaire syrienne près de Damas, lesquelles ont été détruites par une attaque aérienne israélienne le 21 janvier 2019. (Crédit : armée israélienne)

Israël accuse Téhéran depuis des années d’essayer d’établir une présence militaire permanente en Syrie d’où la République islamique pourrait menacer l’État juif, de la même manière qu’elle le fait depuis le Liban avec son allié sur place, le groupe terroriste du Hezbollah.

Afin d’empêcher une telle présence, Israël a mené des centaines de frappes contre des cibles iraniennes en Syrie au cours des dernières années. Jusqu’à récemment, Israël avait refusé de reconnaître publiquement ses activités en Syrie, maintenant une politique officielle d’ambiguïté, sans confirmer ni démentir son implication dans ces raids. Pourtant, ces deux derniers mois, des officiels israéliens ont de plus en plus reconnu des activités militaires en Syrie.

Nombreuses de ses confirmations publiques sont venus sous la forme de remarques concernant les succès militaires israéliens contre l’Iran, à la fois par Netanyahu et l’ancien chef de Tsahal Gadi Eisenkot, qui a fait ses commentaire dans des entretiens à l’approche de son départ à la retraite.

Selon Netanyahu et Eisenkot, mais aussi d’autres officiels, l’armée israélienne aurait largement entravé les efforts de l’Iran à établir une présence militaire permanente en Syrie, maintenant à distance le contingent de 100 000 soldats que Téhéran avait l’intention de placer à la frontière avec Israël.

Photo publiée par les médias iraniens montrant la base aérienne T-4 dans le centre de la Syrie après un tir de missiles lundi 9 avril 2018 (médias iraniens)

Pourtant, Gilad a dit que si la campagne israélienne avait pu engranger quelques réussites tactiques spécifiques, elle n’avait pas conduit à une victoire plus large qui verrait l’Iran abandonner ses projets d’établir un front en Syrie d’où il pourrait attaquer Israël.

« Tsahal, avec l’aide énorme des Renseignements militaires et d’autres services de renseignement, a réussi à porter des coups très dur à la présence iranienne dans le plateau du Golan. Ce sont des frappes et des réussites importantes », a-t-il dit.

Mais Gilad a ajouté : « Nous ne parvenons pas à convaincre les Iraniens de cesser d’investir leurs ressources dans l’implantation sur le plateau du Golan ».

L’ancien officier du renseignement n’a pas formulé de recommandations sur comment il était possible de persuader ou de forcer l’Iran à quitter la Syrie. Il a cependant battu en brèche l’idée que la solution reposait sur la Russie, le partenaire de Téhéran pour soutenir le régime du dictateur syrien Bashar Assad.

« Il existe un conte de fée qui vous explique que les Russes sont capables de faire partir les Iraniens de Syrie. Je me permettrai de dire, en tant que personne avec des dizaines d’années d’expérience, que ce n’est pas vrai », a-t-il déclaré.

Illustration : le président russe Vladimir Poutine s’entretient avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avant des déclarations communes au terme d’une réunion et d’un déjeuner dans la résidence du dirigeant israélien à Jérusalem, le 25 juin 2012. (Crédit : AP Photo/Jim Hollander, Pool)

S’il ne perçoit pas la Russie comme l’espoir de l’État juif de faire partir l’Iran de Syrie – ni même un partenaire stratégique dans ce sens – Gilad, qui dirige l’Institut de Politique et de Stratégie
du Centre interdisciplianire à Herzliya depuis 2017, a dit qu’Israël devrait travailler pour maintenir une relation positive avec Moscou afin d’éviter un conflit alors que chaque pays opère en Syrie.

Selon Gilad, la Russie n’a pas les capacités nécessaires en Syrie pour faire partir l’Iran du pays, même si elle est préoccupée par l’idée que les activités de la République islamique puissent menacer la stabilité à long terme du régime d’Assad, allié de Moscou.

Il est également peu probable que la Russie mène des actions contre l’Iran puisque les deux pays travaillent actuellement ensemble pour aider Assad à reprendre totalement contrôle de la Syrie.

Ainsi, pour Israël, le meilleur scénario est celui dans lequel la Russie ferme les yeux sur les frappes de Tsahal.

« Officiellement, les Russes dénonceront les actions israéliennes. Mais, en réalité, je pense que les Russes sont assez tolérants vis-à-vis des activités de Tsahal tant qu’elles ne sont pas trop publiques et qu’elles ne nuisent pas aux soldats russes », a-t-il dit.

Les délégations militaires israéliennes et russes se réunissent à Moscou le 12 décembre 2018 (Crédit : Unité du porte-parole de Tsahal)

Malgré quelques tensions, c’est l’état actuel de la situation avec les armées israéliennes et russes en contact régulier afin d’éviter une confrontation par erreur en Syrie, selon Gilad.

« Maintenant, nous sommes dans une situation confortable [avec la Russie], a-t-il dit. Mais la situation peut se retourner ».

Si la Russie venait à se retourner contre Israël, il serait assez facile pour Moscou de commencer à limiter les opérations de Tsahal en Syrie, en commençant par des menaces verbales et en « agitant » les systèmes de défense, et cela serait suivi par « je n’ai pas besoin de donner des détails », a déclaré Gilad.

En exemple, il a cité les tensions continues avec Moscou après l’abattage d’un avion d’espionnage russe et ses 15 membres d’équipage par des défenses aériennes syriennes à la suite d’une frappe aérienne israélienne en septembre. Le ministère russe de la Défense a accusé les pilotes israéliens d’être responsables de l’incident, affirmant qu’ils avaient utilisé l’avion russe comme un bouclier – ce qu’Israël a nié à de nombreuses reprises.

« Tout d’un coup, un avion est abattu. Qui est responsable ? Les Juifs. Ce n’est pas quelque chose de nouveau dans l’histoire », a déclaré Gilad avec un sourire ironique.

Après l’abattage de l’avion d’espionnage, la Russie a fourni à la Syrie le puissant système de défense S-300, ce qu’elle n’avait auparavant pas fait à la demande d’Israël. La batterie de système de défense avancé, qui a été livrée en octobre, devrait certainement bientôt être opérationnelle, selon des analyses d’images satellites.

Les relations entre Israël et la Russie sont restées tendues pendant les cinq mois suivants. La semaine dernière, l’assistant du ministre des Affaires étrangères a déclaré que l’incident n’était pas « derrière nous », et il a appelé Israël à mettre un terme aux frappes aériennes en Syrie, dont il a dit qu’elles étaient « illégales ».

Plus tard ce mois, Netanyahu se rendra à Moscou pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine dans le cadre d’efforts continus pour réparer les relations entre les deux pays.

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