Attaques des Houthis : des navires reviennent dans la mer Rouge
De nombreux navires avaient commencé à emprunter le Cap de Bonne-Espérance, tout au sud de l'Afrique, se lançant dans un long et coûteux détour
Des bâtiments de l’armateur CMA-CGM sont revenus en mer Rouge après les attaques perpétrées par des Houthis du Yémen pro-Iran, et ceux de Maersk vont faire de même, en restant sur leurs gardes.
Les Houthis, qui se disent solidaires du Hamas palestinien dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza, ont prévenu qu’ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen ayant des liens avec Israël.
« Certains navires ont transité par la Mer Rouge » et « nous envisageons d’augmenter de façon progressive le transit de nos navires par le Canal de Suez » – qui relie la Méditerranée à la mer Rouge – a indiqué le groupe français CMA-CGM dans un message à ses clients, et transmis mercredi à l’AFP.
L’armateur n’a pas donné plus de précisions « pour des raisons de sécurité ».
Maersk se prépare de son côté à « reprendre la navigation dans la mer Rouge vers l’est comme vers l’ouest », a indiqué le transporteur danois dimanche dans un communiqué, et les premiers cargos emprunteront le canal « le plus vite possible ».
Plusieurs géants du transport maritime mondial avaient annoncé à la mi-décembre suspendre le passage de leurs navires en mer Rouge, une route commerciale majeure, après des attaques perpétrées par les Houthis.
De nombreux navires ont commencé à emprunter le Cap de Bonne-Espérance, tout au sud de l’Afrique, se lançant dans un long et coûteux détour.
Avec 12% du commerce mondial qui y transite selon la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), la mer Rouge est une « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l’océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie. Environ 20 000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, porte d’entrée et de sortie des navires passant par cette zone.
« Ajuster les plans »
Ces dernières semaines, les yéménites, proches de l’Iran, ont multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, qui sépare la péninsule Arabique de l’Afrique.
Ces attaques, qui menacent de perturber les flux du commerce maritime mondial, ont poussé les Etats-Unis à mettre en place une force multinationale de protection maritime en mer Rouge.
Cette opération appelée « Prosperity Guardian » (gardien de la prospérité) est une « bonne nouvelle pour tout le secteur », permettant la reprise du trafic, a souligné Maersk. Cependant, « le risque global dans la zone n’a pas été éliminé à ce stade », précise le géant danois.
« Nous suivons la situation en permanence et nous nous tenons prêts à réévaluer et à ajuster nos plans si nécessaire », a souligné de son côté CMA-CGM.
L’armateur allemand Hapag-Lloyd a confirmé mercredi que ses navires continuaient à emprunter le Cap de Bonne-Espérance.
« Nous estimons toujours que la situation est trop dangereuse pour passer par la mer Rouge et allons continuer à emprunter à la place la route du Cap de Bonne-Espérance », a expliqué un porte-parole de l’entreprise, en précisant qu’une nouvelle évaluation était prévue vendredi.
L’armée américaine a encore annoncé mardi avoir intercepté dans le sud de la mer Rouge de nombreux drones et missiles tirés par les Houthis.
L’United VIII, un porte-conteneurs de l’armateur suisse MSC, a été attaqué mardi alors qu’il était dans la mer Rouge, reliant le port du Roi Abdallah (province de La Mecque, ouest de l’Arabie Saoudite) à Karachi, au Pakistan.
Aucun membre d’équipage n’a été blessé, et le navire devait être inspecté, a indiqué dans un communiqué MSC, qui continue aussi à éviter la zone.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a dit mercredi que Madrid s’opposait à ce que la petite mission européenne anti-piraterie Atalante, qui ne dispose que d’une frégate, puisse participer à la coalition internationale en mer Rouge.
Le gouvernement espagnol est cependant « disposé et ouvert » à la création par l’UE d’une autre mission, dont le rôle serait de prévenir les attaques des rebelles Houthis du Yémen contre les cargos qui empruntent cette voie majeure, selon M. Sánchez.