Australie : une exploitation bovine fournissant Israël accusée de maltraitance
Des images filmées en caméra cachée montrent les employés battre, électrocuter ou tirer sur les animaux pour s'amuser, refusant les soins vétérinaires pour économiser de l'argent
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des images atroces de violences commises sur des animaux, dans un élevage de bétail qui envoie à l’engraissement et à l’abattage des bovins en Israël, ont fait surface dans la journée de lundi.
L’Australie est considérée comme l’un des fournisseurs de bétail les plus éclairés pour l’industrie de la viande.
Mais la séquence diffusée par Kan (en hébreu), qui a été tournée en caméra cachée par deux Israéliens qui ont travaillé dans plusieurs élevages de l’ouest de l’Australie, ont présenté un responsable de la protection animale, au sein de l’exploitation, donnant des coups de poing et de pied à un bovin ; des employés grimpant sur les animaux, les électrocutant ou ouvrant même le feu sur eux « pour s’amuser » ; des bêtes abandonnées à une mort lente lorsque les balles manquent pour les achever et – dans un exemple – une vache encore vivante, couchée au sol, après qu’un homme qui n’avait jamais manipulé d’arme de sa vie lui a tiré dessus à quatre reprises.
Les matinées commencent par la collecte des animaux morts, qui sont jetés dans des trous ouverts – une pratique qui, selon le docteur Mohammad Abed al-Halek, ancien chef vétérinaire dans un abattoir israélien, pollue les nappes phréatiques et risque d’empoisonner les espèces carnivores locales. Il souligne le manque d’hygiène de l’élevage.

On peut également voir des veaux mourir de soif, privés également de lait maternel. Les animaux malades ne sont pas soignés, l’écornage – une pratique douloureuse consistant à enlever les cornes de l’animal de manière à ce qu’ils ne se blessent pas entre eux et à ce qu’ils ne blessent pas les hommes – est réalisé sans anesthésie préalable. La venue d’un vétérinaire est plus coûteuse que ce que valent les bêtes, explique un employé, qui ajoute que « c’est le jeu des chiffres ».

Ronen Bar, fondateur de l’organisation Sentient, qui est l’un des deux Israéliens à avoir réalisé la séquence consacrée à ces violences, a indiqué que « j’étais pratiquement la seule personne, là-bas, à estimer que ce qui était en train de se passer était dingue ».
Les propriétaires de l’exploitation se trouvent souvent à grande distance de l’élevage : les employés sont libres de faire ce qu’ils veulent, et l’application des lois sur la protection animale y est donc ‘une plaisanterie' », a-t-il ajouté.

Malgré la réputation de Tel Aviv comme capitale végan, Israël est le quatrième plus gros consommateur de bœufs et de veaux des pays de l’OCDE, après le Brésil, les États-Unis et l’Argentine, avec une consommation de bœuf par tête qui s’élevait en 2018 à 20,5 kilos. Le pays importe environ 90 % de ses bovins, dont un quart depuis l’Australie, selon Greenpeace.
Au mois de novembre dernier, quelques semaines avant la dissolution de la Knesset, les députés avaient donné le feu vert en lecture préliminaire à un projet de loi visant à mettre un terme au transport d’animaux vivants – ce sont des centaines de milliers de moutons et de veaux qui viennent en Israël, chaque année, pour y être engraissés et abattus depuis l’Australie et l’Europe.
La proposition législative – qui n’a pu avancer davantage au Parlement dans la mesure où Israël n’a pas, depuis lors, de gouvernement fonctionnant pleinement – cherchait à réduire petit à petit le nombre d’animaux vivants importés en Israël, prévoyant de le réduire à zéro dans les trois ans en se tournant entièrement vers l’importation de viandes réfrigérées.

Selon des chiffres des Nations unies, environ 18 % des gaz à effet de serre sont causés par l’industrie bovine – bien au-delà des 14 % résultant de toutes les formes de transport dans le monde. Cela étant, la consommation du bœuf devrait être multipliée par deux au cours des 30 prochaines années.
Selon le reportage de Kan, les environnementalistes en Hollande ont calculé que 75 % des terres agricoles de la planète – l’équivalent des États-Unis, de la Chine, de l’Union européenne et de l’Australie combinés – pourraient être utilisées pour nourrir le monde correctement si l’humanité se tournait vers un régime basé totalement sur les végétaux.