Le tout premier observatoire solaire d’Israël ouvre ses portes dans une ville druze du nord
Solaris a ouvert ses portes à Isfiya dans le cadre d'un programme public destiné à dynamiser la recherche spatiale au sein de la communauté arabe israélienne

Depuis les locaux de Solaris, tout premier observatoire solaire d’Israël, une dizaine d’élèves de physique de Première observent une éruption solaire qui se produit à 150 millions de kilomètres de là.
Sur un écran connecté à l’un des télescopes de l’observatoire, les éruptions solaires sont apparues comme de petites taches à la surface du soleil et la directrice de Solaris, Anat Hetz-Golan, expliquait aux lycéens que 2025 marquait la fin d’un cycle solaire actif long de 11 ans, avec davantage de taches et d’éruptions solaires et davantage d’explosions de d’énergie.
« Il y a tellement de choses que nous ne comprenons toujours pas », nous confiait Noa Smaja, une élève, lors de la venue de cette classe, le 5 mars dernier, deux semaines avant l’équinoxe du 20 mars, jour où le soleil se trouve à l’aplomb de l’équateur. « Peut-être que dans 1 000 ans, nous verrons que ce que nous pensons maintenant était totalement faux. »
L’observatoire, qui a ouvert ses portes le 30 janvier dernier, fait partie d’une initiative du ministère de l’Innovation, de la Science et de la Technologie et de l’Agence spatiale israélienne destinée à améliorer l’enseignement de l’astronomie au sein des communautés arabes, en particulier dans la périphérie. C’est en partie la raison pour laquelle ces nouvelles installations se trouvent à Isfiya – village druze du nord d’Israël plus connu pour son knafeh et autres spécialités druzes que pour la recherche spatiale.
Le fait que les programmes éducatifs de l’observatoire soient en arabe et en hébreu ouvre « de nouveaux horizons pour les enfants, de la maternelle à la Terminale », explique au Times of Israel par téléphone Aya Kheredin, directrice du département de l’éducation druze et circassienne au ministère de l’Éducation.
« Les enfants pourront y faire des recherches, enquêter et découvrir de nouvelles manières de pensée », poursuit Kheredin.

Promotion des activités spatiales
A l’occasion d’une interview dans son bureau ensoleillé de Solaris, la Dre Marina Hetz explique que lorsque son mari et elle, le Dr Guy Hetz (un parent d’Anat Hetz-Golan), ont entendu parler de l’appel d’offres du ministère de l’Innovation, de la Science et de la Technologie et de l’Agence spatiale israélienne pour promouvoir des activités en astronomie au sein des communautés arabes, en 2022, ils y ont répondu en proposant de créer un observatoire solaire. Il y avait en effet déjà plusieurs observatoires spatiaux en Israël, mais aucun dans une communauté druze et aucun spécifiquement dédié au soleil.
Tous deux diplômés du Laboratoire de télédétection et d’imagerie planétaire de l’Université Ben Gurion, ils sont les cofondateurs de Space Valley, société qui exploite un centre spatial et un planétarium, V-Planet, à Nof HaGalil, à 49 kilomètres d’Isfiya.
Leur entreprise, qui a remporté l’appel d’offres en décembre 2022, avait deux ans pour construire son observatoire. C’était sans compter, 10 mois plus tard, sur l’attaque du 7 octobre 2023 au cours de laquelle des milliers de terroristes dirigés par le Hamas se sont introduits par la force en Israël pour y massacrer plus de 1 200 personnes et faire 251 otages, avec une extrême brutalité et d’innombrables agressions sexuelles.
Dès le lendemain, en signe de solidarité avec le Hamas, l’organisation terroriste du Hezbollah, soutenue par l’Iran, commençait à tirer des centaines de roquettes, missiles et drones depuis le Liban sur le nord d’Israël, y compris sur Isfiya.

« Les gens ne voulaient pas travailler sous les tirs de roquettes, avec les éclats d’obus qui tombaient partout », rappelle Hetz. « Et nous n’avons pas pu faire venir d’Italie l’équipement dont nous avions besoin parce que les Houthis bombardaient la mer Rouge. »
Malgré les difficultés, Solaris a finalement ouvert ses portes dans cette ville druze située au sommet du mont Carmel, à 550 mètres au-dessus du niveau de la mer. Niché dans une rue résidentielle calme, l’observatoire offre une vue imprenable sur les champs en contrebas et le ciel au-dessus.
« Israël est toujours en crise », poursuit Hetz. « Nous avons vécu la guerre, les évacuations, les sirènes et les roquettes, mais même au milieu de cette réalité atroce, nous ne pouvons pas arrêter d’explorer l’espace. »

Un nouveau lieu pour étudier un « tout nouveau monde »
Près de 13 000 personnes vivent à Isfiya, dont le symbole de la ville n’est autre que le soleil.
La plupart des habitants sont druzes et font partie d’une branche mystique qui s’est séparée de l’islam chiite au XIe siècle. Bien qu’ils parlent l’arabe, les Druzes sont distincts des communautés arabes musulmanes et chrétiennes traditionnelles, de par leur histoire, leur culture et leur religion.
C’est la mairie d’Isfiya qui a fourni le bâtiment qui abrite l’observatoire. Par téléphone, le maire d’Isfiya, Monib Saba, fait part de son enthousiasme au Times of Israel.
« Ce centre offre une toute nouvelle manière d’étudier un tout nouveau monde aux étudiants », explique-t-il.

Le ministère de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie a alloué 1,15 million de shekels à sa construction et l’Agence spatiale israélienne 600 000 shekels de plus pour des opérations, ces trois prochaines années. Space Valley a également investi ses propres fonds.
L’observatoire dispose de quatre télescopes à même de fournir des données précieuses sur la dynamique solaire et les émissions d’énergie. Il y a aussi des expositions sur les premiers astronomes et un planétarium.
Hetz explique que figurent parmi les objectifs de recherche de l’observatoire l’amélioration des modèles de prédiction du rayonnement solaire et de son impact sur la santé humaine, l’intégration des données solaires dans la recherche sur le climat et l’environnement, et le développement du domaine de l’énergie solaire.
Pour les jeunes élèves, il y a aussi un large éventail de sujets, ajoute-t-elle, y compris l’étude des lois potentielles relatives à l’espace extra-atmosphérique, les effets psychologiques de l’éloignement sur les astronautes loin de la Terre pendant des mois, et « même la conception de tenues pour astronautes ».

En outre, les recherches des élèves pourront se faire en arabe, en hébreu et en anglais, ce qui leur permettra de nouer des liens « avec des pairs un peu partout dans le monde, y compris dans des pays arabes amis », souligne Hetz.
Itay Levy, chef de projet de l’Agence spatiale israélienne, qui fait partie du ministère de l’Innovation, de la Science et de la Technologie, a déclaré au Times of Israel qu’il considérait Solaris comme un moyen de rendre « la recherche spatiale et astronomique accessible – et amusante – à tous les enfants de tout Israël ».
« Nous voulons qu’ils aient la possibilité d’étudier, progresser dans ce domaine et pourquoi pas faire carrière dans l’astronomie ensuite », explique M. Levy, ajoutant que le ministère prévoyait également d’ouvrir un observatoire spatial dans la ville bédouine de Hura, dans le Neguev, qui devrait être achevé en 2026.
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