Barak : Netanyahu se fait mener « comme un chiot » par Trump
L'ancien Premier ministre a critiqué le manque de "courage" du gouvernement pour dialoguer avec les Républicains et les Démocrates
Samedi, l’ancien Premier ministre Ehud Barak a accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu de ne pas avoir répondu au président américain Donald Trump après ses critiques visant les Démocrates au sujet d’Israël. Barak a dit qu’il était dans l’intérêt stratégique israélien vital de maintenir un soutien bipartite au Etats-Unis.
« Netanyahu a capitulé devant Trump comme un chiot, il ne s’est pas comporté comme un chef d’Etat », a déclaré Barak lors d’un événement culturel dans la ville de Shoham au centre du pays.
Ses commentaires sont intervenus alors que Trump a accusé les élus démocrates de ne pas soutenir Israël et qu’il a critiqué les nouvelles élues Ilhan Omar (Démocrate du Minnesota) et Rashida Tlaib (Démocrate du Michigan).
La semaine dernière, Israël a interdit à Tlaib et à Omar d’entrer dans le pays à cause de leur soutien au mouvement BDS. Cette interdiction serait intervenue après des pressions de la part de Trump.
La décision d’interdire l’entrée d’Omar et de Tlaib a été très critiquée par des Démocrates et des groupes juifs américains de premier plan, alors qu’Israël avait donné l’impression, dans un premier temps, qu’il autoriserait les deux élues à entrer dans le pays. Donald Trump avait accusé les Juifs américains qui votent pour les Démocrates de faire preuve « soit d’un manque total de connaissance soit d’une grande déloyauté ».
Des officiels israéliens n’ont pas commenté publiquement les propos, même si le président Reuven Rivlin a souligné, lors d’un appel téléphonique, avec la Présidente de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi (une Démocrate de Californie) mercredi que les liens entre les Etats-Unis et Israël étaient indépendants de tout parti.
« Je pense que c’est une déclaration inutile et nuisible », a déclaré Barak au sujet des propos de Trump.
Barak, qui se présente aux prochaines élections israéliennes avec le parti de gauche du Camp démocratique, s’est plaint de ce qu’il a qualifié de soutien « automatique » du gouvernement pour tous les commentaires de Trump. Ehud Barak a également critiqué le manque de « courage [du gouvernement israélien] pour dire que nos relations sont avec toutes les parties de la société américaine, avec les deux partis ».
Il a également noté que le pouvoir allait changer de mains entre Républicains et Démocrates.
« Là-bas, ils changent de président tous les huit ans, a déclaré Barak. Le pouvoir passe d’un parti à l’autre. Même Trump ne sera pas en place pour toujours ».
Dans sa conversation avec Pelosi, Rivlin n’a pas directement abordé les propos de Trump, mais il a déclaré qu’il avait passé cet appel « dans le contexte des événements récents », selon son bureau.
« La relation entre l’Etat d’Israël et les Etats-Unis est un lien entre peuples, qui repose sur des liens historiques, des amitiés profondes et fortes et des valeurs communes qui ne dépendent de la relation d’aucun parti particulier », a déclaré le président selon une citation.
Des critiques ont accusé Trump d’employer des clichés antisémites de la double loyauté et, mercredi, le président américain a semblé clarifier envers qui les Juifs étaient « déloyaux » quand ils votaient Démocrates.
« Si vous votez pour un Démocrate, vous êtes déloyaux envers le peuple juif et vous êtes déloyaux envers Israël », aurait déclaré Trump, cité par des journalistes à la Maison Blanche.
Trump a exprimé, à plusieurs reprises, sa frustration au sujet de son manque de popularité parmi les Juifs américains, malgré son soutien ferme à l’égard d’Israël et sa décision de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade américaine.
De fait, plus de 75 % des Juifs américains ont voté pour les Démocrates aux élections de mi-mandat de 2018, selon les sondages à la sortie des urnes. Cela marquait une hausse de 4 % par rapport aux électeurs juifs (71 %) qui avaient voté pour Hillary Clinton en 2016.