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Ben Gvir se dispute avec Bella Hadid sur ses déclarations sur les Juifs et les Arabes

Le ministre invite la top-model, qui hait Israël, à visiter son implantation pour voir comment "les Juifs sont tués" ; des diplomates israéliens : Ben Gvir cause de graves dégâts

Photo composite montrant le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (G) à la Knesset le 14 juin 2023 et le mannequin américain Bella Hadid présentant une création pour Givenchy lors du défilé de mode printemps-été 2023 dans le cadre de la Semaine de la mode féminine à Paris, à Paris, le 2 octobre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90 & Julien De Rosa/AFP)
Photo composite montrant le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (G) à la Knesset le 14 juin 2023 et le mannequin américain Bella Hadid présentant une création pour Givenchy lors du défilé de mode printemps-été 2023 dans le cadre de la Semaine de la mode féminine à Paris, à Paris, le 2 octobre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90 & Julien De Rosa/AFP)

Le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, s’en est pris vendredi au mannequin et activiste Bella Hadid, réaffirmant ses propos sur le droit des Juifs à se déplacer et à vivre en sécurité en Cisjordanie, ses droits étant plus importants que la liberté de circulation des Arabes.

Ben Gvir s’en est pris à la top-modèle sur X, la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter, après la publication par Hadid sur Instagram d’un extrait de ses propos avec la légende suivante : « En aucun lieu, à aucun moment, et encore moins en 2023, une vie ne devrait avoir plus de valeur qu’une autre, pour le simple motif de son appartenance ethnique, de sa culture ou de sa haine pure et simple. »

« À Bella Hadid, qui déteste Israël, bonjour », a écrit Ben Gvir dans une publication en hébreu.  » J’ai vu hier que vous aviez pris un extrait d’une interview et que vous l’aviez distribué au monde entier afin de me faire passer pour un raciste et un inculte. »

« Je vous invite à venir chez moi à Kiryat Arba pour voir comment nous vivons ici, comment des Juifs qui n’ont jamais fait de mal à qui que ce soit de leur vie sont assassinés ici quotidiennement, pour voir les menaces que ma femme, mes enfants et moi-même recevons chaque jour de la part des terroristes qui vivent à proximité », a-t-il ajouté en faisant référence à sa maison située dans l’implantation de Cisjordanie qui jouxte Hébron.

« Alors oui, c’est mon droit et celui de mes compatriotes juifs d’aller et de venir en paix sur les routes de Judée et de Samarie, et ce droit l’emporte sur celui des terroristes qui nous jettent des pierres et nous tuent », a-t-il ajouté. « Je ne m’excuse pas et je ne me rétracte pas. Je les répéterai encore mille fois ».

Hadid, qui est née aux États-Unis d’un père palestinien, ainsi que sa sœur Gigi, toutes deux célèbres top-modèles et influenceuses sur Instagram, sont connues pour être largement critiques à l’égard d’Israël.

Mercredi, alors qu’il expliquait pourquoi il était favorable à un renforcement des restrictions imposées aux Palestiniens pour faire face à la vague de terrorisme, Ben Gvir avait déclaré à la Douzième chaîne : « Mon droit, le droit de mon épouse et de mes enfants de se déplacer sur les routes de la Judée-Samarie, sont plus importants que la liberté de déplacement des Arabes », se référant à la Cisjordanie par son nom biblique.

« Désolé Mohammad », avait-il lancé au journaliste de la Douzième chaîne Mohammad Magadli, avec qui il s’était disputé pendant l’interview. « Mais c’est la réalité. C’est la vérité. Mon droit à la vie passe avant leur droit de circuler ».

Ses commentaires ont été largement condamnés en Israël et à l’étranger.

Un haut responsable diplomatique a déclaré vendredi au site d’information Ynet que les propos de Ben Gvir étaient « une attaque grave contre la diplomatie publique d’Israël qui montre le vrai visage du gouvernement. »

« Les dommages sont immenses », a déclaré la source anonyme, ajoutant que les propos de Ben Gvir ont fourni aux détracteurs d’Israël des « preuves en or » pour étayer leurs affirmations selon lesquelles Israël est un État raciste et un État d’apartheid. »

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, près du lieu où une personne est décédée et d’autres ont été blessées lors d’un éboulement dans la réserve naturelle d’Ein Gedi, près de la mer Morte, le 24 août 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Ils ont également noté que ni le Premier ministre Benjamin Netanyahu ni aucun autre ministre influent de la coalition n’avait publiquement réfuté les déclarations de Ben Gvir, ce qui rend l’idée que ces propos ne reflètent pas une politique gouvernementale officielle difficilement soutenable.

Le site d’information Walla a cité un haut responsable anonyme qui a déclaré que « Ben Gvir a réussi là où le mouvement BDS a échoué pendant des années », en référence au mouvement pro-palestinien Boycott, Désinvestissement et Sanction.

« Il est ingérable et se comporte comme un enfant fou à qui l’on a donné un jouet pour l’amuser », a déclaré le fonctionnaire. « Le problème, c’est que le jouet ici, c’est l’État d’Israël. »

Les propos de Ben Gvir ont également été vivement condamnés par l’administration Biden.

Dans un rare cas où le nom du chef du parti Otzma Yehudit a été cité dans un communiqué, un porte-parole du département d’État américain a condamné les propos de Ben Gvir en les qualifiant « d’incendiaires » et de « racistes » – des propos d’autant plus dangereux en raison du poste occupé par le ministre d’extrême-droite, selon lui.

Les États-Unis « condamnent fermement les propos incendiaires du ministre Ben-Gvir sur la liberté de mouvement des résidents palestiniens de Cisjordanie », a déclaré le porte-parole au Times of Israel jeudi soir.

Si les États-Unis ont déjà fait des déclarations condamnant Ben Gvir par le passé, notamment lorsqu’il avait assisté à une cérémonie à la mémoire du rabbin extrémiste Meir Kahane peu avant d’entrer au gouvernement en décembre – ainsi qu’après les deux visites qu’il a effectuées cette année au mont du Temple à Jérusalem en tant que ministre – il semble bien que ce soit la première fois que le département d’État le mentionne nommément dans son blâme.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, visitant le mont du Temple, le 3 janvier 2023. (Crédit : Minelet Har Habayit)

Le porte-parole a déclaré que le département d’État « condamne toute rhétorique raciste », mais il n’a pas explicitement qualifié les propos de Ben Gvir de « racistes ».

« De tels propos sont particulièrement préjudiciables lorsqu’ils sont amplifiés par des personnes occupant des postes à responsabilité et ils vont à l’encontre de la promotion du respect des droits de l’homme pour tous », a ajouté la déclaration.

« Le président [américain] Joe Biden et le secrétaire [d’État Antony] Blinken ont clairement indiqué que les Israéliens et les Palestiniens ont le droit de jouir de mesures de liberté et de sécurité égales », a ajouté le porte-parole.

Outre le département d’État, plusieurs groupes juifs américains ont publié des déclarations condamnant Ben Gvir.

L’organisation centriste Democratic Majority for Israel (DMFI) a déclaré avoir prévenu depuis longtemps que Ben Gvir n’avait pas sa place à la Knesset ou au sein du gouvernement israélien.

« Ses derniers propos racistes sont la preuve la plus récente que Ben Gvir ne devrait pas faire partie du gouvernement ou du parlement d’Israël. Israël sera plus fort sans lui à un poste d’autorité », a ajouté le DMFI, se joignant ainsi aux appels de plus en plus nombreux en faveur de l’éviction du ministre de la Sécurité nationale.

L’Israel Policy Forum (IPF), plus à gauche, a déclaré qu’il « condamnait fermement » les propos de Ben Gvir, ajoutant qu’ « une telle rhétorique est ouvertement raciste et inacceptable ».

« La rhétorique constamment haineuse de Ben Gvir nuit à la position d’Israël dans le monde et a un impact sur la stabilité de ses citoyens », a ajouté le groupe.

Suite au tollé général suscité par ces propos, dont certaines parties ont été traduites, Ben Gvir a publié un tweet jeudi soir pour souligner que ses détracteurs avaient supprimé la dernière phrase concernant son « droit à la vie » dans les vidéos qui ont largement été diffusées. Il a insisté sur le fait qu’il ne donnait pas la priorité à la liberté de circulation des Juifs par rapport à celle des Arabes, mais plutôt au droit de vivre des Juifs par rapport à la liberté de circulation des Arabes.

« C’est ainsi que se répandent les « fake news » (fausses nouvelles) : J’ai dit hier à la télévision que le droit à la vie des Juifs et leur droit de ne pas être assassinés dans des attaques terroristes priment sur le droit des Arabes de Judée et de Samarie de circuler sans restriction de sécurité sur les routes. C’est pourquoi des points de contrôle devraient être placés sur les routes où des actes de terrorisme et des fusillades sont régulièrement perpétrés par des djihadistes contre des Juifs », a-t-il écrit sur X, la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter.

« Mais la gauche radicale israélienne a sciemment coupé une partie de mes propos, les a délibérément déformés et a supprimé le contexte afin de me salir et de me faire passer pour quelqu’un qui a tenu des propos racistes et qui a affirmé que les Juifs méritent plus de droits fondamentaux que les Arabes », a-t-il poursuivi.

Des soldats israéliens tiennent un checkpoint à l’entrée de Jéricho, en Cisjordanie, le 28 février 2023. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Ben Gvir fait depuis longtemps l’objet d’accusations de racisme en raison de ses nombreuses déclarations incendiaires contre les Arabes et les Palestiniens et de son identification en tant que disciple de Kahane.

Comme feu Kahane, Ben Gvir a été condamné pour activités anti-arabes dans le cadre d’une affaire de terrorisme. Il insiste sur le fait qu’il est devenu plus modéré ces dernières années et qu’il ne partage pas toutes les opinions de son mentor, notamment l’appel de Kahane à expulser tous les Arabes. Ben Gvir a déclaré qu’il ne soutenait que l’expulsion des Arabes « déloyaux ».

Il convient de noter que le président du parti d’extrême droite Otzma Yehudit continue néanmoins à prendre la parole lors des cérémonies annuelles organisées à la mémoire de Kahane.

Jacob Magid a contribué à cet article.

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