Canada : « Pas un sou » pour « subventionner l’antisémitisme » dans les facs – Poilievre
L'explosion de l'antisémitisme sur les campus depuis le 7 octobre 2023 a poussé le leader conservateur à adopter une approche similaire à celle de l'administration Trump

La promesse de campagne de Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada (PCC), fait parler.
Alors que les élections fédérales canadiennes approchent — il s’agit d’élections anticipées qui font suite à la démission du gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau en janvier dernier — Pierre Poilievre a répondu à la question d’un journaliste alors qu’il était en campagne à Surrey, en Colombie-Britannique dimanche 20 avril, d’après le journal L’Actualité.
Le journaliste l’a interrogé sur la prise de position de Neil Oberman, candidat du PCC dans la circonscription de Mont-Royal, à Montréal, qui avait affirmé une semaine plus tôt que les universités du pays devraient faire le « ménage » avant d’obtenir « un sou » du gouvernement dans le cas d’une victoire des conservateurs. Il faisant référence aux accusations d’antisémitisme sur les campus universitaires canadiens.
« On ne devrait jamais donner notre argent pour subventionner l’antisémitisme, je trouve ça aberrant que des universités ont gardé en place pour longtemps des profs antisémites », a répondu le chef conservateur, estimant même que les « programmes font la promotion de la haine contre les Juifs ».
« Donc je peux vous assurer qu’il ne va pas y avoir un sou de mon gouvernement pour subventionner l’antisémitisme », a-t-il précisé.
Se disant « dégoûté » par « l’extrémisme qu’on voit dans nos rues, le harcèlement des Juifs canadiens, les attaques terroristes contre les synagogues », Poilievre a ajouté : « On peut avoir des opinions différentes par rapport aux affaires étrangères, mais la violence et la haine contre les autres Canadiens, ce n’est pas acceptable. Laissez la violence et les conflits à la porte si vous venez au Canada, c’est ça la vie, c’est ça le Canada. »

Depuis le 7 octobre 2023, le Canada comme l’Europe et les États-Unis connaît une importante recrudescence de l’antisémitisme, notamment dans les universités où la mobilisation pro-palestinienne est importante.
En octobre dernier, des groupes d’étudiants indépendants précédemment affiliés aux universités McGill et Concordia avaient, par exemple, suscité l’indignation avec leur projet de « déluge » sur le campus à l’occasion du premier anniversaire de l’attaque terroriste du 7 octobre dans le sud d’Israël, baptisée par le Hamas « Déluge d’Al-Aqsa ».
Auparavant, des centaines de manifestants anti-israéliens avaient été contraints d’enlever les tentes et les bâches d’une zone herbeuse clôturée sur le campus de l’Université de Toronto, où ils avaient tenu un campement pendant deux mois pour protester contre les partenariats qui lient l’université avec des institutions israéliennes.
La position de Poilievre et de son candidat Oberman a été confirmée par le PCC lundi 21 avril, lorsque le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a rendu public un document détaillant les promesses des conservateurs à la communauté juive. Ce document inclut la fin des financements publics attribués aux universités canadiennes qui « n’en font pas assez pour combattre l’antisémitisme », d’après une information de Radio-Canada.
« Les écoles qui permettent le harcèlement des étudiants juifs ou échouent à les protéger devront faire face aux conséquences », promettent les conservateurs.
Semblant s’aligner sur la stratégie controversée de l’administration Trump aux États-Unis, qui entend expulser les participants aux manifestations étudiantes anti-Israël qui n’ont pas la nationalité américaine, le PCC indique que « ceux qui commettent un crime haineux ou qui font de la violence dans nos rues seront emprisonnés ou expulsés, pas d’exception ».

La semaine dernière, Poilievre a eu une autre occasion de clarifier ses positions sur la guerre en cours entre le Hamas et Israël à Gaza lorsque, le 16 avril dernier, les chefs de file des partis en compétition étaient réunis pour un débat organisé à la Maison de Radio-Canada, à Montréal.
À cette occasion, Pierre Poilievre a répondu à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il « donnait la permission de critiquer Israël ».
« On a certainement la permission de critiquer Israël […] mais n’oublions pas que le Hamas a attaqué Israël sans provocation avec la mission de violer et tuer un nombre maximum de civils », a répondu le candidat.
« Malheureusement, il y a beaucoup de souffrance parmi les Palestiniens. Le blâme reste [du côté du] Hamas », a-t-il estimé. « Le Hamas vise à maximiser le malheur parmi les Palestiniens pour prolonger le conflit. »