COVID-19 : Israël est à court de Remdesivir
Les stocks du pays diminuent ; au moins deux hôpitaux ne peuvent en obtenir ; à Haïfa, un patient dans un état grave a vu son traitement interrompu
Alors que le nombre de cas de COVID-19 augmente, un médicament qui apparaît comme la nouvelle arme d’Israël contre le virus s’épuise, et au moins deux hôpitaux ne parviennent pas à s’en procurer.
Le remdesivir, développé aux États-Unis et livré à Israël avant une grande partie du reste du monde, a impressionné de nombreux médecins ces dernières semaines par sa capacité à réduire l’impact du COVID-19 chez les patients graves.
Ce médicament est « assez étonnant », tout comme un autre médicament de plus en plus populaire, la dexaméthasone, a déclaré Michael Halberthal, directeur général du Rambam Health Care Campus à Haïfa, ajoutant que les deux aident les médecins à mieux gérer la deuxième vague de coronavirus que la première.
La société américaine qui a développé le Remdesivir, Gilead Sciences, a annoncé vendredi que les derniers résultats des essais cliniques en cours suggèrent que les patients à qui l’on administre le médicament ont une réduction de 62 % du risque de mortalité par rapport aux autres. Gilead a également conclu que ceux qui se rétablissent le font plus rapidement.
Mais le stock de Remdesivir d’Israël s’épuise, au point qu’un patient de Rambam qui était en plein traitement a vu son traitement interrompu.
Le porte-parole de Rambam, David Ratner, a déclaré au Times of Israel : « Nous avons un patient dans un état grave qui est sous respirateur et il a bénéficié du traitement pendant quelques jours. Quand Rambam a demandé un second médicament pour lui, on nous a dit qu’il n’y avait plus de remdesivir en Israël ».
Le ministère de la Santé gère les stocks de remdesivir et les transfère aux hôpitaux en fonction des besoins.
Asher Shalmon, responsable des relations internationales du ministère, a déclaré au Times of Israel : « Je ne sais pas si nous sommes à court, mais il y a une pénurie. »
Il a déclaré que le gouvernement « négocie avec la société » et essaie également d’utiliser des « relations diplomatiques » pour se procurer le médicament.
Cette évolution survient alors qu’Israël est en plein milieu d’une deuxième vague de COVID-19.
Certains hôpitaux en ressentent les effets avant d’autres.
Eyal Leshem, médecin-chef du centre médical Sheba à Ramat Gan, a déclaré que son hôpital n’est pas en mesure de se procurer du Remdesivir. Cependant, une porte-parole du centre médical Shaare Zedek à Jérusalem a déclaré que son établissement n’a pas eu de demandes rejetées.
Les approvisionnements en Remdesivir sont globalement très limités, mais il y a un mois, le gouvernement israélien a accepté un envoi de Gilead Sciences, et a décrit le transfert d’une quantité inconnue de ce médicament comme un « don ».
La semaine dernière, le Remdesivir est devenu le premier médicament autorisé par l’Union européenne à traiter le COVID-19, deux mois après avoir reçu une autorisation d’utilisation d’urgence aux États-Unis. Les données de test de Gilead publiées vendredi suggèrent que 74,4 % des patients traités au Remdesivir se sont rétablis au 14e jour, contre 59 % des patients qui n’ont pas reçu le médicament.
Parallèlement, les médecins s’intéressent de plus en plus à la dexaméthasone, un médicament très répandu qui est généralement utilisé pour réduire l’inflammation dans les cas d’arthrite et d’autres maladies. Le mois dernier, une étude non évaluée par des pairs a suggéré que ce médicament, administré aux patients les plus gravement malades du COVID-19 dans les hôpitaux, réduit le taux de mortalité d’environ un tiers.
L’abondance de dexaméthasone ne compense cependant pas les pénuries de Remdesivir, car les deux médicaments sont utilisés différemment dans le traitement du COVID-19, et sont parfois administrés ensemble.
Les médecins israéliens affirment que ces médicaments contribuent à expliquer pourquoi, malgré la forte augmentation des hospitalisations et des cas graves, les patients sont mieux traités que lors de la première vague.
M. Halberthal et M. Leshem ont tous deux déclaré que les hôpitaux récoltent les bénéfices de ces médicaments, ainsi qu’une plus grande expérience du personnel dans le traitement du coronavirus et un âge moyen inférieur des patients atteints de virus.
Leshem a dit au sujet des médicaments : « Nous les utilisons sur nos patients qui sont classés comme modérés à sévères, donc environ un tiers à la moitié des patients hospitalisés ». Les médicaments « raccourcissent la phase sévère », a-t-il indiqué.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.