Danon à l’ONU : Erdogan fait de la Turquie un « centre du terrorisme »
L'envoyé israélien accuse le président turc de persécuter les Kurdes et d'envoyer des troupes "pour massacrer le peuple kurde en Syrie également"
L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies a dénoncé lundi l’invasion de la Syrie par la Turquie et accusé Ankara de promouvoir l’antisémitisme et le nettoyage ethnique des Kurdes.
Danny Danon a déclaré lors de la réunion mensuelle du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient que le président turc Recep Tayyip Erdogan « a déstabilisé la région par la violence et le soutien aux organisations terroristes », ajoutant que l’incursion « choquante » de la Turquie en Syrie n’était pas surprenante.
Les relations autrefois chaleureuses entre Israël et la Turquie se sont considérablement détériorées depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdogan. Le dirigeant islamiste est un détracteur virulent de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens, en particulier à Gaza. Il entretient par ailleurs de bonnes relations avec les dirigeants terroristes du Hamas dans ce territoire.
« Erdogan a fait de la Turquie un havre de paix pour les terroristes du Hamas et un centre financier pour canaliser de l’argent afin de subventionner les attaques terroristes », a déclaré M. Danon. « La Turquie d’Erdogan ne montre aucune retenue morale ou humaine envers le peuple kurde. Erdogan a fait de la Turquie un centre régional du terrorisme. »
Danny Danon a accusé le dirigeant turc d’entraîner son pays sur une « voie impérialiste. Il menace les journalistes, persécute les minorités religieuses et promeut l’antisémitisme. »
L’envoyé israélien a ajouté qu’Erdogan ne persécutait pas seulement les Kurdes en Turquie, mais qu’il envoyait aussi des troupes « pour massacrer le peuple kurde en Syrie ».
La semaine dernière, un responsable des forces démocratiques syriennes dirigées par des Kurdes, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a appelé Israël à prendre des mesures contre l’incursion militaire de la Turquie dans le nord de la Syrie et s’est dit convaincu que le peuple juif ne négligerait pas le sort des Kurdes du nord du pays, invoquant son histoire de persécutions.
Le 10 octobre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dénoncé l’invasion par la Turquie des zones sous contrôle kurde du nord-est de la Syrie et a déclaré qu’Israël était prêt à offrir une aide humanitaire aux Kurdes dans ce pays.
La séance du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient est presque toujours axée sur le conflit israélo-palestinien, une question que la plupart des orateurs ont choisi d’aborder lundi.
Danny Danon a parlé de « honte » que le conseil se soit concentré sur Israël « alors qu’Erdogan étend sa campagne de terreur à la Syrie ».
L’ambassadeur de Turquie à l’ONU Feridun Sinirlioglu a rejeté le discours de son homologue israélien comme une « dose quotidienne de mensonges » du « représentant d’un gouvernement terroriste ».
« Ceux qui veulent faire avancer leur carrière politique sur les cadavres d’enfants ne peuvent pas nous faire la leçon sur le droit international et les droits de l’Homme », a-t-il déclaré.
Sinirlioglu a suggéré que le point de l’ordre du jour de la réunion du Conseil soit changé de « la situation au Moyen-Orient, dont la question de la Palestine » à « la situation au Moyen-Orient, dont les crimes contre l’humanité commis par Israël ».
Il a accusé Israël de violer « les droits fondamentaux des Palestiniens au quotidien », a cité un rapport de la Commission d’enquête de l’ONU datant du début de l’année, selon lequel des soldats israéliens auraient tiré intentionnellement sur des civils et auraient commis des crimes contre l’humanité lors d’une série de répressions contre des manifestants palestiniens à Gaza l’an dernier. L’envoyé a souligné qu’une solution à deux États qui établirait une Palestine indépendante avec Jérusalem-Est comme capitale était le seul moyen d’instaurer la paix.
Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré lundi que l’armée de son pays attaquera tout combattant kurde syrien qui resterait le long de la zone frontalière dans le nord-est de la Syrie après l’expiration du délai fixé par la Turquie pour leur départ.
Mevlut Cavusoglu a déclaré aux journalistes que des responsables russes et syriens avaient fourni des informations selon lesquelles certains combattants kurdes s’étaient retirés de la zone frontalière, mais pas tous. Le retrait kurde est conforme à un accord russo-turc conclu la semaine dernière.
Les combattants kurdes syriens ont jusqu’à 15 heures GMT mardi pour se replier sur des positions situées à une trentaine de kilomètres de la frontière turque. La Turquie et la Russie effectueront des patrouilles conjointes le long de la zone frontalière une fois que les forces kurdes seront parties. Cavusoglu a déclaré qu’une délégation militaire russe devait arriver en Turquie pour discuter des patrouilles conjointes prévues.
La Turquie doit garder le contrôle exclusif d’une grande partie du centre de la frontière, qu’elle a pour la plupart capturée lors de son invasion débutée le 9 octobre. Ankara voulait chasser les forces kurdes alliées aux Etats-Unis d’une « zone de sécurité » le long de la frontière, après que le président américain Donald Trump a retiré les troupes américaines de la région. Les forces kurdes syriennes se sont tournées vers la Russie et le gouvernement syrien à Damas pour se protéger.
Les troupes américaines étaient alliées aux combattants kurdes pendant cinq ans dans la longue et sanglante campagne qui a fait tomber le groupe terroriste de l’Etat islamique en Syrie.
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