Israël en guerre - Jour 478

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Reportage

Dans le bastion sud du Likud, les jeunes Éthiopiens ne veulent plus du statu quo

Alors que leurs parents ont longtemps voté pour le parti de Netanyahu, la jeune génération, blasée par des années de discrimination, exige davantage des députés de tous les partis

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Pnina Tamano Shata, députée Kakhol lavan, prend une photo avec des partisans devant un bureau de vote à Kiryat Malachi le 2 mars 2020. (Jacob Magid/Times of Israel)
Pnina Tamano Shata, députée Kakhol lavan, prend une photo avec des partisans devant un bureau de vote à Kiryat Malachi le 2 mars 2020. (Jacob Magid/Times of Israel)

KIRYAT MALACHI – Des militants de presque tous les partis ont planté des tentes devant l’école Amit dans la ville de Kiryat Malachi, dans le sud du pays, pour l’élection de lundi, mais les habitants qui arrivent lentement pour voter ont clairement indiqué que les résultats dans leur communauté ne seraient guère une compétition.

« Seulement Bibi ! », a crié Ruti Mana, 71 ans, bénévole du Likud, à presque tous les électeurs qui sont passés par là. La plupart d’entre eux lui ont levé le pouce ou ont répondu « seulement Bibi », bien que de façon léthargique – soit à cause de l’heure matinale, soit parce qu’ils ont perdu leur enthousiasme après deux premières élections au cours en un an.

Pourtant, les personnes interrogées se sont empressées de déclarer que Kiryat Malachi était un bastion du Likud. Lors du scrutin de septembre dernier, 41 % des 11 547 enveloppes décomptées ici contenaient des bulletins du Likud. Le deuxième parti en importance – Shas – n’a remporté que 19 % des voix, suivi de Kakhol lavan à 12 %.

La ville de la périphérie sud, qui compte 23 000 habitants, se vante également d’avoir le pourcentage le plus élevé d’Israéliens éthiopiens du pays – 16 % – qui, selon les habitants, votent depuis longtemps de la même manière que leurs voisins.

Les militants du Likud Ruti (à gauche) et Chaim devant un bureau de vote à Kiryat Malachi, le 2 mars 2020. (Jacob Magid/Times of Israel)

Cependant, ces dernières années ont vu un changement opérer au sein de la jeune génération, désillusionnée par ce qu’elle dit être une discrimination de longue date de la part des forces de l’ordre et une négligence de la part des autres services gouvernementaux. La frustration a atteint son paroxysme l’été dernier, lorsqu’un policier qui n’était pas en service a tué par balle Solomon Tekah, 19 ans, sans arme, déclenchant ainsi des manifestations de masse dans tout le pays.

« La vieille génération votera Likud jusqu’au jour de sa mort, mais parmi la jeune génération, il y a beaucoup moins d’envie de continuer à soutenir Bibi [Netanyahu] », commente Karen, une partisane de Kakhol lavan devant l’école Amit.

La députée Pnina Tamano-Shata à la Knesset, le 12 juillet 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Nous voulons un parti qui nous représente vraiment. Pnina est venue à chacune de nos manifestations, donc pour moi ce parti est Kakhol lavan », ajoute Karen, en référence à la députée Pnina Tamano-Shata de l’alliance centriste.

Le mois dernier, la députée a rejoint des dizaines de manifestants devant le poste de police de Kiryat Malachi après qu’un reportage télévisé a révélé que des officiers de ce poste s’étaient moqués et avaient dénigré de façon très méprisante des personnes d’origine éthiopienne dans un groupe de discussion WhatsApp réunissant des policiers de ce commissariat. Juste avant midi le jour des élections, le commandant du commissariat, Shai Mizrachi, a été démis de ses fonctions.

Des Éthiopiens-Israéliens et leurs partisans protestent contre la violence policière et la discrimination à Tel-Aviv, le 8 juillet 2019. (Tomer Neuberg/Flash90)

Michal Avera-Samuel, qui dirige l’Association Fidel pour l’éducation et l’intégration sociale des Juifs éthiopiens en Israël, a précisé que s’il existe un sentiment d’insatisfaction chez les jeunes, cela ne signifie pas qu’ils votent tous pour le même parti le jour des élections.

« Il y a beaucoup de désaccords et de diversité d’opinions parmi les jeunes et les efforts des grands partis pour que nous les suivions telle une seule entité ne fonctionneront pas », soutient-elle, dans une critique visible de Kakhol lavan et du Likud.

Les partis de tout l’éventail politique cherchent à obtenir le soutien de la communauté israélo-éthiopienne – qui compte aujourd’hui 150 000 personnes – dont certains tendent la main pour la première fois. Le Shas et Yahadout HaTorah, deux partis ultra-orthodoxes, ont organisé des salons ciblant ses membres, et le parti à majorité arabe de la Liste arabe unie a lancé sa propre campagne contre les brutalités policières, en installant des panneaux en amharique dans tout le pays.

La communauté a été deux fois sous les projecteurs de la campagne du Likud : d’abord en janvier, lorsque Netanyahu a convaincu le député Kakhol lavan Gadi Yevarkan de faire défection en échange d’une place plus élevée sur sa liste électorale, dirigée par le Premier ministre, ainsi que de promesses de faire avancer les questions concernant la communauté éthiopienne, et la semaine dernière, 43 membres de la communauté Falash Mura d’Addis-Abeba ont été conduits par avion en Israël dans le cadre d’une opération parrainée par le gouvernement, accélérée par Netanyahu pour avoir lieu avant le vote de lundi.

Le député du Likud, Gadi Yevarkan (à gauche), serre la main du Premier ministre Benjamin Netanyahu après sa défection du parti Kakhol lavan, le 15 janvier 2020. (Parti Likud)

Avera-Samuel s’est abstenu de critiquer directement l’une ou l’autre de ces mesures, mais a déclaré que le cabinet avait déjà pris une décision en 2015 pour faire venir les 8 000 Juifs éthiopiens restants en Israël et que la question avait été largement oubliée jusqu’aux récentes élections.

Quant au passage de M. Yevarkan au Likud, elle a déclaré qu’il démontre une fois de plus une division parmi les jeunes du secteur, qui aurait pu être moins marquée lors des dernières élections, lorsque les deux seuls députés éthiopiens-israéliens de la Knesset faisaient partie de Kakhol lavan.

Chaim Tekaleh, un sympathisant du Likud de 31 ans et résident de Kyriat Malachi, a déclaré que la plupart de ses amis n’étaient pas satisfaits de la décision prise par Evakan de quitter l’alliance centriste. « C’était clairement intéressé. D’un autre côté, la droite est plus susceptible de pouvoir former un gouvernement, donc s’il veut exercer une influence, le Likud lui donne une meilleure opportunité de le faire ».

La députée Pnina Tamano Shata (à gauche) discute avec une électrice devant un bureau de vote à Kiryat Malachi, le 2 mars 2020. (Jacob Magid/Times of Israel)

« Je comprends la tendance de mes amis qui réclament l’éviction de Netanyahu, mais les problèmes pour lesquels notre communauté a besoin de réponses vont bien au-delà de la rue Balfour », estime M. Tekaleh, en référence à l’emplacement de la résidence officielle du Premier ministre.

« La fin de la surveillance policière excessive, la fin de l’écart entre les fonds accordés à nos communautés et ceux du centre [du pays] – ce ne sont pas des objectifs que l’on peut atteindre simplement en changeant de gouvernement », a poursuivi M. Tekaleh. « Bibi et la droite sont les mieux placés pour répondre à ces demandes ».

Alors qu’il finissait de parler, le visage du jeune homme s’est illuminé lorsqu’il a remarqué l’arrivée de Pnina Tamano-Shata. « Pnina, bienvenue », lui a-t-il dit en la saluant avec une tape de la main et une accolade, bien qu’il porte encore son tee-shirt du Likud.

La députée de 39 ans a reçu des salutations similaires de la part des autres Israéliens d’origine éthiopienne présents sur le lieu du scrutin, quelle que soit leur affiliation politique.

« Les seuls qui ne votent pas pour le Likud ici sont les Éthiopiens », a-t-elle chuchoté au Times of Israel entre deux embrassades.

Panneaux Kakhol lavan représentant le président Benny Gantz et la députée Pnina Tamano Shata devant un bureau de vote à Kyriat Malachi, le 2 mars 2020. (Jacob Magid/Times of Israel)

Pnina Tamano-Shata a pris une poignée de tracts Kakhol lavan dans le stand de son parti et a commencé à essayer de les distribuer aux électeurs.

« Seulement Bibi », a objecté un homme plus âgé, qui a respectueusement refusé.

« Bibi, Bibi, mais toi et moi savons que c’est moi que tu appelleras en premier si tu veux que quelque chose soit fait », a répondu la candidate en souriant.

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