Des élus ont rendu plus de 200 visites à des terroristes palestiniens en prison
Entre 2010 et 2016, plusieurs députés juifs ont rendu visite à Marwan Barghouthi à plusieurs reprises, tandis que des députés arabes ont rencontré des cerveaux d'attentats
Des députés israéliens ont rendu visite à des terroristes palestiniens incarcérés, notamment à des cerveaux d’attaques suicide, plus de 200 fois entre 2010 et 2016, période où de telles visites étaient interdites, a rapporté La Douzième chaîne mardi.
Le reportage détaille 228 visites connues ; les députés concernés ont néanmoins indiqué que la liste ne représentait qu’une petite fraction de toutes les visites réalisées.
La plupart d’entre elles étaient du fait de députés arabes israéliens, mais plusieurs parlementaires juifs, dont le dirigeant actuel du Parti travailliste Amir Peretz, ont également rencontré le leader insurrectionnel Marwan Barghouthi du Fatah emprisonné pour terrorisme.
Ce dernier, qui purge actuellement cinq peines de prison à vie pour son rôle dans des attentats contre des Israéliens lors de la Seconde intifada, est très populaire chez les Palestiniens. Il est perçu par certains comme un successeur possible du président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas.
Barghouthi a ainsi reçu plusieurs visites de Haïm Oron, l’ancien président du parti Meretz.
« Il est considéré par beaucoup comme l’une des figures importantes de la société palestinienne », a indiqué le député. « Je trouvais important qu’il soit en contact avec un Israélien, alors nous sommes restés en contact constant lors de dizaines de rencontres, en plus de celles de la liste », a-t-il expliqué à La Douzième chaîne.
Plusieurs parlementaires arabes israéliens lui ont également rendu visite. Amir Peretz a assuré que toutes les rencontres avaient été coordonnées avec le gouvernement israélien.
Des élus arabes ont rencontré plusieurs prisonniers condamnés pour leur rôle dans la planification de certains des pires attentats suicides, dont les terroristes du Hamas Hassan Salameh, à l’origine de deux attaques en 1996 dans des bus de Jérusalem ayant tué 46 personnes, et Abbas A-Sayed, purgeant 35 peines de prison à vie pour la préparation de l’attentat de 2002 à la veille de Pessah au Park Hotel et pour plusieurs autres actes de terrorisme.
L’ancien député Jamal Zahalka du parti Balad, parmi les parlementaires ayant rencontré Salameh, a expliqué qu’il s’était entretenu avec ceux perçus comme des leaders parmi les prisonniers et s’exprimant au nom de tous les détenus.
D’autres ont défendu leurs visites en expliquant qu’ils voulaient suivre les conditions de détention et le traitement des prisonniers sécuritaires dans les geôles israéliennes.
Ces rencontres étaient interdites par le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan en 2016 dans une volonté de limiter les avantages dont pourraient bénéficier ce type de détenus, surtout alors que le Hamas retient plusieurs Israéliens à Gaza.
Après le reportage de La Douzième chaîne, plusieurs responsables politiques de droite, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont condamné les députés et dénoncé un exemple de la « voie vicieuse et dangereuse suivie par la gauche ».
Netanyahu a souligné que ces visites étaient prohibées en 2016 sous le gouvernement Likud. « Voici la différence entre une droite forte et une gauche faible », a fustigé le Premier ministre, également à ce poste pendant la période de ces rencontres.
Peretz a rétorqué en rappelant que, sous Netanyahu, Israël a négocié à plusieurs reprises avec le Hamas à Gaza, même si le pays ne le reconnaît pas officiellement.
« Un Premier ministre qui négocie avec un groupe terroriste et que le Hamas fait chanter pour obtenir des valises remplies de millions de dollars ne devrait pas oser donner de leçons sur la moralité de visites réalisées pour la sécurité de l’État sur des questions que je ne peux pas divulguer », a houspillé Amir Peretz au micro de La Douzième chaîne.