Des ex-commandos de Tsahal organisent une marche de 3 jours contre la refonte judiciaire
D'anciens membres des unités d'élite rejoignent à leurs tours tous ceux qui ont fait part de leur opposition au plan du gouvernement
Un groupe formé d’anciens membres de l’unité Sayeret Matkal, une unité d’élite de l’armée israélienne, prévoit une marche de trois jours vers Jérusalem pour protester contre le plan radical de refonte du système judiciaire, selon un reportage diffusé mercredi par la Douzième chaîne.
Ces anciens commandos devraient lancer un appel à leurs camarades et aux Israéliens ayant servi, dans le passé, dans les unités d’élite pour qu’ils rejoignent ce mouvement de protestation, qui partira de l’ancienne base de Sayeret Matkal, située dans le centre d’Israël, en direction de la résidence du Premier ministre à Jérusalem.
Le message qui devrait être envoyé dans les prochains jours déclare que la manifestation sera « la marche la plus importante de notre existence dans le cadre du combat en faveur de la démocratie et contre la destruction de notre système judiciaire ».
« Nous devons tous nous unir et manifester au nom de l’avenir de la démocratie israélienne », ajoute le message.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait servi au sein de l’unité Sayeret Matkal pendant son service militaire.
Le mouvement de protestation prévu suit celui des avocats, des étudiants, du monde de la culture et des économistes. Des manifestations citoyennes gigantesques ont par ailleurs eu lieu contre le projet de refonte de la justice qui, selon les critiques, sapera sévèrement le système judiciaire et la démocratie.
Les soutiens de la réforme judiciaire ont évoqué, pour leur part, la nécessité de rééquilibrer les pouvoirs des autorités publiques face à une Cour suprême qu’ils considèrent comme activiste.
Telles qu’elles ont été présentées par le ministre de la Justice Yariv Levin, les propositions de la coalition restreindraient de manière importante la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui autoriserait la Knesset à réadopter une loi écartée par la Haute-cour avec une majorité simple de 61 députés. Ces propositions prévoient aussi de donner au gouvernement le contrôle total de la sélection des juges ; de faire disparaître la notion juridique du « caractère raisonnable » du code pénal israélien, une notion sur laquelle s’appuient les magistrats pour juger une législation ou une décision prise par la coalition et elles prévoient également que les ministres seront autorisés à nommer leurs propres conseillers juridiques au lieu de devoir faire appel à ceux qui opèrent sous les auspices du ministère de la Justice.
Les récentes controverses se sont focalisées sur les effets potentiels du plan sur l’économie, un plan qui pourrait effrayer les investisseurs, porter atteinte à la notation d’Israël et entraîner potentiellement une « fuite des cerveaux ».
Mercredi, des centaines d’économistes israéliens ont publié une « lettre d’urgence », avertissant que le projet de refonte radicale du système judiciaire actuellement avancé par le nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pourrait avoir de graves implications pour l’économie, évoquant une possible « paralysie » de cette dernière.
Un avertissement survenu au lendemain de mises en garde du gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, à Netanyahu. Yaron se serait inquiété auprès du Premier ministre des conséquences potentielles du plan de réforme du système judiciaire et il aurait relayé les avertissements transmis par des personnalités et hauts-responsables des agences de notation lors de rencontres récentes ayant eu lieu au cours du Forum économique mondial de Davos.
Netanyahu a balayé ces inquiétudes lors d’une conférence de presse qui a eu lieu mercredi soir, estimant que ces critiques étaient des propos alarmistes « irresponsables » et affirmant que le plan visant à transférer les pouvoirs en les faisant passer des juges aux politiciens renforcerait l’économie.