Des opposants au gouvernement se disent victimes de discriminations
On aurait refusé de servir une manifestante dans un restaurant et une autre se serait vue interdire de monter à bord d'un train avec un sweat-shirt au logo de l'organisation Kumi Israel

Deux femmes qui ont pris part à la manifestation contre le gouvernement à Tel Aviv, samedi dernier, disent avoir été victimes de discriminations en raison de leurs opinions politiques.
Des manifestants s’étaient rassemblés sur la place Habima, samedi soir, pour protester contre le projet de réforme du système judiciaire du gouvernement Netanyahu, ainsi que contre les accords de coalition, annonciateurs de lois permettant aux fournisseurs de services de refuser des clients en raison de leurs croyances religieuses. Cette perspective est considérée par par certains comme une manière de légaliser les discriminations envers les membres des communautés LGBTQ, les Arabes et les femmes.
Après avoir participé à la manifestation, Tami Guy s’est assise avec des amis à la terrasse du Café Landwer, place Habima.
Guy a écrit, dans un message sur Facebook, que lorsqu’elle était entrée dans le café pour utiliser les toilettes, le responsable lui a bloqué la route, lui disant qu’elle ne serait pas servie « parce qu’ici, c’est Bibi, et Bibi seulement », slogan de campagne de Netanyahu par le passé, utilisant son surnom.
Guy a fait savoir que ses amis et elle s’étaient levés et avaient quitté le café.
Selon Guy, le député Avoda, Gilad Kariv, qui avait également pris part à la manifestation, se trouvait au café et avait décidé de partir après avoir été informé de l’incident.
« Nous ne soutiendrons pas ceux qui pensent que les discriminations sont acceptables », a écrit Guy dans un message abondamment relayé.

Le PDG de Café Landwer, Ofer Koren, a déclaré à la Douzième chaine que si l’incident était avéré, « il serait en totale contradiction avec l’éthique de la marque ».
Koren a déclaré avoir présenté ses excuses aux personnes incommodées par cet incident, précisant que « 20 000 manifestants avaient voulu utiliser les toilettes du café ».
Il a ajouté que le café était dirigé par une équipe inexpérimentée « qui a pu se sentir menacée » par le grand nombre de personnes, et que « la politique n’était pas son terrain de jeu ».
Par ailleurs, une autre manifestante, portant le sweat-shirt d’une organisation communautaire, dit avoir été arrêtée par des gardes, dans une gare de Tel Aviv, au motif qu’elle avait des vêtements « provocateurs ».
L’incident, partagé en ligne par la manifestante, Tali Ostrowsky, a suscité de nombreuses condamnations et des accusations de discrimination politique.

Ostrowsky portait un sweat-shirt rose rehaussé du logo de l’organisation Kumi Israel (« Lève-toi, Israël »), qui a joué un rôle de tout premier plan dans l’organisation des manifestations Balfour 2020-2021 contre Netanyahu.
Elle entrait dans la gare Hashalom pour prendre le dernier train et rentrer chez elle samedi, lorsqu’elle a été arrêtée par des gardes de sécurité.
Selon Ostrowsky, le garde lui aurait demandé : « Tu viens de la manifestation ? », suivi de : « Tu as quelque chose d’autre à te mettre ? »
Lorsqu’elle lui a demandé une explication, Ostrowsky s’est entendu dire que son sweat-shirt « était provocateur» et qu’elle devait attendre avant de monter dans son train.
« Le rose représente l’espoir, ‘Kumi Israel’ est une invitation à se réveiller et protéger notre démocratie », a déclaré Ostrowsky au garde, en vain.
Dans une vidéo de l’incident publiée par Ostrowsky, on l’entend demander au garde: « Si c’était un sweat-shirt disant « Bibi est le roi, serait-il toujours provocateur ? », ce à quoi le garde a répondu: « Oui, tout autant », en essayant de joindre son chef par téléphone.
תחנת השלום,כמעט עשר וחצי בלילה. רכבת אחרונה עומדת לצאתמאבטחת- את באה מההפגנה ?אני-כןמאבטחת-ומה זו החולצה הזו? אני -…
Posted by Tali Ostrowsky on Monday, January 9, 2023
« Où est-il dit quel sweat-shirt je peux ou ne peux pas porter ? » a alors demandé Ostrowsky, déçue.
Le deuxième garde a répondu : « Le règlement dispose que l’ordre public doit être maintenu. »
Ostrowsky a finalement pu entrer, toujours vêtue de son sweat-shirt, après l’intervention du chef de gare.
« Aujourd’hui, c’est moi, du haut de mes 59 ans, capable de m’exprimer et de payer un taxi si je ne peux pas entrer. Demain, ce pourrait être une personne qui n’est pas de la bonne couleur ou de la mauvaise nationalité, selon l’analyse des gardes », a-t-elle écrit dans son message en ligne.

Rakevet Israël, l’entreprise publique qui exploite les chemins de fer israéliens, a nié toute forme de discrimination et déclaré que, conformément au règlement, il était interdit aux passagers de manifester à bord des trains.
« Rakevet Israël est responsables du transport de millions de passagers chaque année, dont ils assurent la sécurité sans aucun parti-pris politique. Des gardes de sécurité sont déployés dans les gares pour assurer le maintien de l’ordre. Les passagers ne sont pas autorisés à manifester ni à entrer dans les gares avec des objets utilisés dans les manifestations (panneaux, drapeaux, etc.). Cette passagère a été invitée à attendre, le temps que le problème soit pris en charge par le directeur de la gare, qui l’a ensuite laissée entrer », a déclaré la compagnie dans un communiqué.
« Cet incident est en contravention avec nos règlements et les consignes données aux gardes de sécurité », a reconnu Rakevet Israël.
Dans une interview accordée à la Douzième chaine mardi, Ostrowsky a fait remarquer que les manifestants devaient utiliser les transports en commun pour se rendre aux manifestations.
« Le garde en question a peut-être commis une erreur de jugement, mais il n’était pas seul sur place et aucun n’a bougé », a-t-elle conclu.