Des rassemblements dans tout le pays alors que Netanyahu s’envole aux États-Unis
Les manifestants ont brandi la Déclaration d'Indépendance à Tel Aviv ; des protestataires ont accueilli le Premier ministre qui se préparait à embarquer
Ce sont des milliers d’Israéliens qui se sont rassemblés, dans tout le pays, pour dénoncer le plan de refonte radicale du système judiciaire qui est avancé par le gouvernement, et ce, pour la 37e semaine de contestation d’affilée. Une manifestation a notamment été organisée à l’aéroport alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu partait pour un déplacement aux États-Unis.
Les opposants, à Tel Aviv, ont lancé la soirée avec « une marche de la victoire de la démocratie », selon ses organisateurs – un défilé qui a relié le bâtiment de l’Independence Hall situé sur le boulevard Rothschild, là où l’indépendance de l’État d’Israël avait été proclamée, et le site principal du mouvement de protestation, rue Kaplan. Un grand nombre de personnes étaient vêtues de blanc à l’occasion de la fête de Rosh HaShana et certains transportaient une large bannière où l’on pouvait lire : « La Dictature va s’effondrer ».
« C’est un devoir de nous battre contre ceux qui méprisent la Déclaration d’Indépendance et qui transforment Israël en dictature », a fait savoir le groupe Kaplan Force, l’un des organisateurs du mouvement d’opposition, dans un communiqué.
En plus du principal rassemblement à Tel Aviv, des manifestations de taille plus modeste ont eu lieu dans des dizaines de villes de tout le territoire et notamment à Jérusalem, Haïfa, Rehovot, Eilat, Karkur, Kiryat Tevon et ailleurs.
Les protestataires se sont ensuite réunis à l’aéroport Ben Gurion où Netanyahu devait prendre son avion pour les États-Unis, avant un déplacement qui durera une semaine. Il devrait y rencontrer des leaders du monde entier à l’Assemblée générale des Nations unies et s’entretenir avec le président Joe Biden au cours d’un échange très attendu.
Vers 23 heures, plusieurs centaines de manifestants se trouvaient aux abords du terminal 3 de l’aéroport, un grand nombre d’entre eux brandissant le drapeau bleu et blanc. Certains ont entonné le slogan : « Pars et ne reviens pas ». D’autres ont mis l’accent sur le fait qu’il n’avait pas été invité à la Maison Blanche.
נתב"ג. מול אולם היוצאים, לקראת טיסת הנאשם לארה"ב.
קרדיט: ברק דור @barakdor pic.twitter.com/2GWghHYBxv— ש????ולי ????️????️???? Sh????uLi (@Shaulirena) September 17, 2023
D’autres encore ont promis de suivre Netanyahu dans son déplacement à l’étranger et ils devraient le traquer au cours de ses réunions prévues à San Francisco d’abord et à New York ensuite.
Les activistes expatriés ont prouvé leur capacité à perturber, à bousculer les déplacements des ministres du gouvernement et des membres de la Knesset à New York et dans les autres villes des États-Unis, ayant appris à exploiter un réseau de sympathisants qui traquent les responsables israéliens partout où ils peuvent se rendre, garantissant ainsi qu’ils ne trouveront à l’étranger aucun lieu sûr leur permettant de fuir le climat de discorde tendue qui règne actuellement au sein de l’État juif.
Les activistes ont d’ailleurs lancé leur mouvement de protestation dès le début de la semaine dernière en projetant un message adressé à Netanyahu sur le bâtiment qui héberge l’ONU pendant trente minutes, un message qui disait : « Ne croyez pas le ministre du Crime, Netanyahu. Protégez la démocratie israélienne ».
« Le slogan qui a été projeté sur le quartier-général des Nations unies n’est qu’un avant-goût de ce qui attend l’accusé Netanyahu, actuellement traduit devant les juges, lors de sa visite à New York City. Le combat pour la démocratie israélienne est mondial, ont indiqué les protestataires, à New York, dans un communiqué.
« Nous serons là pour le saluer, partout où il ira. Le monde entier saura que Netanyahu est un menteur. Nous ne le laisserons pas déshonorer Israël et tromper les dirigeants du monde entier à l’aide de ses discours ».
Le mouvement de protestation hebdomadaire a habituellement lieu le samedi mais il a été repoussé à dimanche, cette semaine, en raison de la fête de Rosh HaShana.
Les références à la déclaration d’Indépendance ont été nombreuses lors du mouvement de protestation, cette semaine, après l’indignation suscitée par un avocat représentant le gouvernement de Netanyahu devant la Haute-cour de justice, qui avait affirmé devant les juges que ce document fondateur d’Israël avait été formulé « de manière précipitée » et qu’il avait été signé par des non-élus alors qu’il tentait de démontrer qu’il ne pouvait pas être la source d’une quelconque autorité juridique.
Ilan Bombach avait tenu ces propos pendant une audience de premier plan qui était consacrée aux requêtes soumises contre la première loi majeure adoptée dans le cadre du plan de refonte radicale du système de la justice – un texte qui interdit aux juges de rejeter des décisions du cabinet ou ministérielles sur la base de leur « caractère raisonnable ».
Lors de l’audience, plusieurs juges avaient estimé que l’autorité de la Knesset à légiférer provenait de la Déclaration d’Indépendance, en 1948, qui définit Israël comme État juif et démocratique. Affirmant que la Knesset n’est pas en droit de formuler des lois – même des Lois fondamentales – qui portent atteinte au caractère juif et démocratique du pays, les magistrats avaient indiqué que la Cour avait toute autorité pour faire en sorte que les garde-fous soient respectés.
Mais Bombach, qui représentait le gouvernement devant la Haute-cour dans la mesure où la procureure-générale Gali Baharav-Miara avait refusé de le faire, avait répondu que les signataires de ce document fondateur n’avaient pas été élus et qu’il est « impensable » de dire que la Déclaration « exercera des contraintes sur toutes les futures générations ».
Un panel sans précédent de 15 juges – soit tous les magistrats siégeant au sein de l’instance judiciaire la plus importante de l’État juif – avait présidé cette longue session de 13 heures. Un verdict sera rendu ultérieurement.
Cette loi est la seule composante du plan de refonte du système de la justice qui est avancé par le gouvernement à avoir été adoptée par la Knesset, jusqu’à présent. Comme d’autres éléments de cette enveloppe de réformes radicales et très controversées, elle a suscité la colère des groupes organisateurs des manifestations et des partis de l’opposition.