Elazar Stern : « Emprisonner » les haredim dans des yeshivot est « contraire au judaïsme »
"Tout le monde doit servir", dit l'ancien chef des ressources humaines de Tsahal, qui préconise un système d’exemptions limité aux meilleurs érudits talmudiques

Le éputé Elazar Stern (Yesh Atid) a déclaré mercredi que la plupart des ultra-orthodoxes en Israël restent fermement opposés à tout compromis sur la conscription, et seule une pression économique permettrait à l’armée d’enrôler les dizaines de milliers d’étudiants de yeshivot jusque-là exemptés et désormais éligibles au service.
S’adressant auprès du Times of Israel depuis son bureau à la Knesset, l’ancien chef des effectifs de Tsahal a rejeté le plan proposé par le ministre de la Défense Israel Katz, qui vise à augmenter progressivement le taux d’enrôlement des haredim jusqu’à atteindre 50 % de la cohorte annuelle admissible d’ici 2032. Stern a estimé que le maintien d’une large population d’étudiants du Talmud à temps plein était en réalité « contraire au judaïsme ».
Et Stern maîtrise le sujet. Il a été chef de la direction des ressources humaines de Tsahal et est membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, actuellement en plein débat sur un projet de loi controversé sur la conscription. L’adoption de ce texte est une exigence clé des alliés ultra-orthodoxes du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Les critiques affirment que le projet de loi rétablirait en grande partie les exemptions ultra-orthodoxes dont bénéficiaient les haredim avant leur invalidation par la Haute Cour de justice l’été dernier. Son avancement a, par ailleurs, longtemps été freiné par le président de la commission, Yuli Edelstein (Likud), qui a déclaré qu’il « ne soutiendrait qu’une véritable loi sur la conscription, permettant d’élargir de manière significative la base d’enrôlement de Tsahal ».
L’armée a récemment indiqué à la commission qu’à partir de 2026, et sous réserve de disposer des ressources nécessaires, elle serait en mesure d’intégrer les haredim « sans aucune restriction ». Cependant, le ministre de la Défense, Katz, et le secrétaire du cabinet, Yossi Fuchs, ont tous deux affirmé que la conscription des ultra-orthodoxes reste impossible sans parvenir à un « consensus » avec les dirigeants haredim – dont beaucoup ont déjà exclu tout compromis sur la question.
« La vérité, c’est qu’ils ne sont pas prêts à coopérer avec nous », a soutenu Elazar Stern, soulignant que le seul législateur haredi à avoir participé à la récente visite des membres de la commission à la base d’entraînement de la Brigade hasmonéenne, récemment créée pour les ultra-orthodoxes, était Yinon Azoulay (Shas).

« Aucun d’entre eux n’a jugé utile de venir constater par eux-mêmes si les conditions mises en place par Tsahal leur convenaient, car ils refusent d’être associés à cette question », a-t-il déclaré.
Malgré les déclarations de Katz en faveur de la préservation du « monde de la Torah » – ce réseau de yeshivot à plein temps qui forme l’épine dorsale de la société ultra-orthodoxe –, Stern estime qu’aucun compromis avec les dirigeants de cette communauté n’est envisageable.
« Alors pourquoi perdre notre temps ? » a-t-il lancé.
« Ils veulent que nous transformions les yeshivot des prisons, et que nous en soyons les gardiens », a-t-il poursuivi, fustigeant un projet de loi qu’il juge inutile. Selon lui, la législation actuelle suffirait, à condition d’y ajouter des sanctions économiques suffisamment dissuasives pour provoquer un réel changement à long terme.
« Je pense que la seule solution est de couper les financements », a déclaré Stern.
« Nous ne pouvons pas procéder à autant d’arrestations. Nous n’avons pas assez de prisons pour les accueillir tous, ni même la moitié d’entre eux. »
Lorsqu’on lui a demandé quel type de sanctions serait efficace, Stern a répondu que toutes les subventions destinées aux haredim, en dehors des allocations familiales, devraient être supprimées. Cela inclurait les garderies et tous les fonds publics finançant les yeshivot.
Il a également proposé d’exclure les collèges et lycées ultra-orthodoxes des subventions étatiques, affirmant que ces institutions « encouragent ou enseignent à leurs élèves à ne pas prendre part à la vie de l’État » et ne devraient donc pas bénéficier de fonds publics.
Stern, qui se définit comme un « fier sioniste religieux », estime que « tout le monde devrait être soldat ». Toutefois, s’il pouvait définir unilatéralement la politique nationale de conscription, il mettrait en place un système de quotas, permettant à un nombre limité de haredim d’étudier à plein temps, tandis que les autres seraient obligés d’effectuer leur service militaire.
Stern a proposé d’imposer aux yeshivot de « me fournir chaque année les noms de 2 000 prodiges du Talmud », qui bénéficieraient d’exemptions et d’avantages accrus, tandis que tous les autres seraient tenus d’effectuer leur service militaire.

« En l’espace de deux ans, des milliers de jeunes rejoindraient les rangs de l’armée », a-t-il affirmé, ajoutant que cela provoquerait un effet boule de neige, rendant la conscription plus acceptable au sein de la communauté ultra-orthodoxe. Selon lui, ce changement aurait des répercussions profondes sur une société orthodoxe encore largement coupée de l’expérience du reste d’Israël en temps de guerre.
« Ils peuvent invoquer l’excuse de l’étude de la Torah, mais en réalité, leur crainte est que l’armée transforme leurs enfants. Ils disent vouloir qu’ils reviennent haredim. Mais avant tout, nous voulons que nos enfants reviennent, tout court », a-t-il déclaré.
À mesure que le nombre de soldats orthodoxes augmentera, Stern estime que cela modifiera en profondeur la perception de l’armée dans ces cercles. « Ils verront de plus en plus d’hommes différents en uniforme au sein de leur communauté. Leur niveau de vie s’améliorera. Il leur sera alors très difficile de faire marche arrière. Peut-être qu’un jour, ils auront leurs propres médecins », comme c’est déjà le cas dans les communautés ultra-orthodoxes de la diaspora.
Pour lui, la seule différence entre les haredim en Israël et à l’étranger est qu’en Israël, ils cherchent à éviter l’armée.
« Cela les enferme dans un cercle vicieux où ils ne travaillent pas, n’étudient pas et ne suivent aucun programme scolaire de base », a-t-il conclu.
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