Elections : Le président de la Knesset refuse l’aide d’observateurs étrangers
Malgré les risques de manipulation des électeurs, Edelstein qualifie la demande de surveillance des élections de l'organe parlementaire international "d'arrogance sans précédent”
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a rejeté l’appel lancé par une organisation interparlementaire pour que des observateurs internationaux viennent en Israël afin de surveiller les élections nationales dans le but de réduire les fraudes, sur fond d’avertissements selon lesquels des agents locaux et étrangers ont l’intention d’influencer les élections d’avril à travers la Toile.
« Nous n’avons jamais accepté la présence d’observateurs extérieurs dans notre processus démocratique, et l’idée que nous puissions jamais le faire est inconcevable », a écrit Eran Sidis, chef de cabinet d’Edelstein, dans une lettre au nom du président de la Knesset à l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, que le Times of Israel a pu consulter.
Dans sa première demande de ce type concernant les élections israéliennes, le forum international, qui réunit 26 Parlements d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen Orient, dont celui d’Israël, a souhaité envoyer « une délégation d’observateurs » pour contrôler le déroulement du scrutin.
Edelstein a « rejeté cette demande comme une expression d’arrogance sans précédent », a déclaré Sidis dans la lettre envoyée dimanche au bureau du secrétaire général du forum régional, qui a le statut d’observateur auprès des Nations unies.
Selon la division des affaires internationales de la Knesset, l’adhésion d’Israël à l’APM vise à « soutenir le dialogue politique entre les Etats membres, à créer la stabilité sécuritaire, à promouvoir la paix dans la région et à formuler des initiatives et des recommandations en son nom à divers gouvernements, Parlements et forums ». Les députés participent régulièrement aux réunions du forum et les délégations de l’organisation visitent souvent le Parlement israélien, mais Edelstein a déclaré qu’en aucun cas Israël n’accepterait que l’APM surveille son processus électoral.
« Depuis son accession à l’indépendance, il y a plus de soixante-dix ans, l’État-nation du peuple juif a été un phare de la démocratie qui illumine sa région. Elle veille à ce que tous ses citoyens bénéficient de la liberté de réunion et de la liberté de la presse, protège les droits de l’homme et effectue les changements de gouvernement de manière ordonnée grâce à un processus équitable qui est entièrement et indépendamment supervisé par les autorités compétentes », poursuit la lettre.
Le rejet catégorique de la demande par Edelstein intervient alors que son parti, le Likud, cherche activement à bloquer les mesures proposées pour empêcher la manipulation des électeurs par des pays étrangers ou des internautes israéliens via Facebook et d’autres plateformes de réseaux sociaux.
En réponse à un appel lancé plus tôt ce mois-ci par Hanan Melcer, président de la Commission électorale centrale et juge à la Cour suprême, le Likud a repoussé tous les efforts visant à appliquer des normes fondamentales de transparence aux campagnes en ligne. Ce rejet, dénoncé par un expert israélien de la législation sur Internet et de la manipulation électorale, semble indiquer que le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu a l’intention de recourir à des méthodes douteuses qui ont pris de l’importance lors des élections présidentielles américaines de 2016.
Facebook a été pris au dépourvu par l’annonce des élections israéliennes en avril, mais annoncera bientôt des stratégies pour protéger la plate-forme et ses utilisateurs contre la manipulation et les abus en ligne, a appris The Times of Israel. Toutefois, à ce jour, aucun vérificateur des faits n’a été employé pour signaler spécifiquement le contenu problématique à l’approche du scrutin national – comme ils l’ont été, par milliers, pour des élections ailleurs dans le monde.
Le géant des réseaux sociaux a été largement discrédité pour avoir échoué à empêcher l’ingérence russe dans les élections présidentielles américaines de 2016 et pour avoir permis à la firme britannique Cambridge Analytica d’acquérir des données de dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook, sur la base desquelles Cambridge Analytica a développé des algorithmes pour microcibler les électeurs avec des messages politiques personnalisés.