Eli Cohen se rendra au Royaume-Uni avant Netanyahu, puis en Pologne
Le ministre des Affaires étrangères rencontrera son homologue britannique pour discuter du commerce et de l'Iran puis à Varsovie pour signer un accord sur les voyages scolaires
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen se rendra au Royaume-Uni et en Pologne cette semaine, a annoncé le ministère des Affaires étrangères samedi soir.
Le plus haut diplomate israélien devrait s’envoler lundi pour Londres, où il rencontrera son homologue britannique, James Cleverly. Les deux hommes signeront une feuille de route visant à approfondir la coopération en matière de technologie et de santé au cours des dix prochaines années, selon le ministère.
Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne (UE) en janvier 2020 et trace sa propre route en matière de politique étrangère. Londres et Jérusalem sont en train de négocier un accord de libre-échange post-Brexit.
Cohen et Cleverly discuteront également des moyens d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, a indiqué Israël.
Le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, fait partie du « E3 », les puissances européennes signataires de l’accord nucléaire JCPOA de 2015, aux côtés des États-Unis, de la Russie et de la Chine. L’accord s’est effondré après le retrait des États-Unis en 2018 sous l’égide de l’ancien président Donald Trump, et les négociations visant à le relancer sont depuis lors au point mort.
Des dirigeants de la communauté FinTech israélienne se joindront également à Cohen afin de faire progresser les liens commerciaux entre les deux pays. Cohen rencontrera également des dirigeants de la communauté juive.
Cleverly devait se rendre en Israël à la fin du mois dernier, mais il a reporté son voyage pour une durée indéterminée. Des sources diplomatiques ont déclaré au Times of Israel que ce report était dû à des problèmes d’emploi du temps et qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un signe de désapprobation de la part de Londres à l’égard de la politique israélienne actuelle.
Le mois dernier, Cleverly avait cependant écrit dans une lettre que le gouvernement britannique n’avait pas l’intention de travailler avec le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir. Mais il avait également écrit que le Royaume-Uni se réjouissait de travailler avec le gouvernement Netanyahu pour « renforcer [leurs] excellents liens bilatéraux ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’envolera pour Londres jeudi pour une visite de fin de semaine qui comprendra, entre autres, une rencontre avec le Premier ministre britannique Rishi Sunak.
Les projets avec la Pologne
Après sa visite à Londres, Cohen s’envolera pour la Pologne afin de signer avec le ministre polonais des Affaires étrangères, Zbigniew Rau, un accord mettant fin aux désaccords sur le contenu et le protocole de sécurité des voyages scolaires en Pologne conçus pour enseigner la Shoah aux jeunes Israéliens.
Les deux pays sont en conflit depuis plusieurs années à propos de ces voyages. Le ministère des Affaires étrangères avait précédemment déclaré que le gouvernement polonais tentait de prendre la main sur le programme d’études sur la Shoah destiné aux jeunes Israéliens.
L’accord a été finalisé jeudi dernier, après qu’une délégation dirigée par le directeur-général du ministère des Affaires étrangères, Ronen Levi, s’est rendue à Varsovie pour rencontrer ses homologues polonais. Le groupe comprenait des fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères et de l’éducation, ainsi que de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet.
La nouvelle de l’accord a été annoncée au début du mois de mars. Netanyahu s’est réjoui de cet accord, affirmant que « l’on peut apprendre la Shoah de plusieurs façons, mais que rien ne remplace sa propre expérience, sur place ».
Le gouvernement polonais tente en effet depuis un certain temps de minimiser la responsabilité de la Pologne dans la persécution des Juifs sur son territoire au temps de la Shoah, alors même que les chercheurs affirment que beaucoup de Polonais ont coopéré de manière significative avec les nazis.
Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, Pawel Jablonski, s’était plaint, en 2022, que « la formule actuelle des voyages en Pologne destinés aux jeunes Israéliens requière des changements en raison de problèmes conduisant au renforcement de faux stéréotypes, avec un impact négatif sur les relations polono-israéliennes ».
Les jeunes Israéliens juifs se rendent traditionnellement en Pologne, en été, entre la classe de Première et la Terminale, pour visiter d’anciens camps nazis, s’informer sur la Shoah et rendre hommage aux personnes assassinées.
Ce voyage est considéré comme un rite de passage dans l’enseignement israélien et, avant la pandémie de COVID-19, 40 000 jeunes Israéliens y prenaient part chaque année.
Les deux anciens alliés sont également en conflit diplomatique depuis juillet 2021, date à laquelle le Parlement polonais a adopté une loi interdisant toute restitution future aux héritiers des biens saisis par les nazis pendant la Shoah.
Israël avait rappelé son envoyé à Varsovie pour des consultations le mois suivant. Yaïr Lapid avait alors conseillé à l’ambassadeur de Pologne en Israël de rester en vacances dans son pays, et au nouvel ambassadeur d’Israël en Pologne, Yaakov Livne, de rester en Israël.
Depuis lors, les deux parties ont lentement désamorcé les tensions. Livne a repris ses fonctions à Varsovie en février 2022 afin de coordonner les efforts israéliens visant à extraire les citoyens d’Ukraine et à fournir de l’aide à Kiev. Deux législateurs polonais ont visité la Knesset en juin, les premiers à le faire depuis 2017.
Malgré les promesses faites en juillet par le président polonais Andrzej Duda de renvoyer son envoyé en Israël, il ne l’a pas encore fait.