Eliyahu Revivo menace de ne plus voter avec la coalition
L'élu du Likud veut que le Shin Bet soit impliqué dans la lutte contre la criminalité arabe ; son frère Yaïr, maire de Lod, menace de faire tomber le gouvernement
Un député du Likud a menacé jeudi de ne plus voter avec la coalition si le gouvernement ne faisait pas avancer un projet de loi qu’il a présenté pour que l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet soit impliquée dans la lutte contre la criminalité au sein de la communauté arabe.
Le nouveau député Eliyahu Revivo a déclaré qu’il ne se sentirait plus tenu de voter avec la coalition tant que le projet de loi ne serait pas adopté.
« Je suis venu à la Knesset dans le but de rétablir la sécurité des citoyens d’Israël et, pour ce faire, j’ai présenté ce projet de loi, ainsi que plusieurs autres propositions liées à la loi et à l’ordre, afin d’impliquer le Shin Bet dans la lutte contre la grande criminalité. Mais à ma grande tristesse, ce gouvernement ne fait pas avancer les choses malgré tous mes efforts pour parler aux décideurs », a écrit Revivo sur Twitter.
Son projet de loi a été rejeté par la commission des Lois en raison de l’opposition de la procureure générale Gali Baharav-Miara et du Shin Bet.
Plusieurs membres de la coalition, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ont fait pression pour que le Shin Bet s’implique dans la lutte contre la criminalité, en particulier dans les communautés arabes où la violence meurtrière a fait de nombreuses victimes ces dernières années.
Le Shin Bet n’est généralement chargé que de la lutte contre la criminalité à motivation nationaliste et de nombreux dirigeants arabes s’opposent à l’implication de l’agence de sécurité intérieure dans des questions non liées au terrorisme.
De hauts responsables du Shin Bet seraient également farouchement opposés à l’implication de l’agence dans la lutte contre les organisations criminelles, craignant qu’il ne soit même pas légal d’utiliser les outils qu’elle utilise dans la lutte contre le terrorisme palestinien sur des civils et que cela puisse être préjudiciable.
Eliyahu Revivo est le frère du maire de Lod, Yaïr Revivo. En 2021, la ville mixte a été le théâtre des pires violences ethniques entre citoyens israéliens arabes et juifs depuis des dizaines d’années.
De nombreux résidents arabes israéliens de Lod méprisent Yaïr Revivo, un ancien chef de campagne électorale du Likud qui, selon eux, poursuit des politiques qui cherchent à les expulser de la ville.
Le maire de Lod a indiqué qu’il était à l’origine des menaces de son frère et a semblé proférer sa propre menace.
« Préparez-vous à une coalition de 63 ; j’ai recruté une voix et j’en aurai bientôt quatre de plus », a-t-il écrit mercredi.
Le gouvernement actuel dispose d’une majorité de 64 députés sur les 120 sièges que compte le Parlement.
Le Likud a réagi avec colère à la déclaration d’Eliyahu Revivo, l’avertissant qu’il pourrait perdre ses autres postes à la Knesset – en tant que coordinateur de la coalition au ministère des Finances et président de la commission sur les Travailleurs étrangers.
« Celui qui se considère comme exempte de toute responsabilité envers la coalition devrait également se considérer comme libre de tout rôle au sein de la coalition », a écrit le président de la coalition, Ofir Katz (Likud).
La menace lancée par Revivo est la dernière en date à ébranler la coalition de droite, d’extrême-droite et religieuse du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a récemment été confrontée au boycott du parti de Ben Gvir et aux menaces des factions ultra-orthodoxes en raison de différends budgétaires.
Les efforts visant à impliquer le Shin Bet sont les derniers d’une série de mesures proposées pour lutter contre la hausse de la criminalité au sein de la communauté arabe. Lundi, Ben Gvir a annoncé qu’il nommerait un coordinateur pour aider à lutter contre l’effusion de sang endémique.
Le ministre de la Sécurité nationale a également proposé des plans controversés pour la création d’une garde nationale – une force civile volontaire armée qui pourrait être utilisée pour contrôler les émeutes pendant les périodes de tensions accrues entre Juifs et Arabes, bien que les critiques l’aient accusé d’essayer d’établir une milice privée.
Selon The Abraham Initiatives, un groupe qui suit depuis plusieurs années l’augmentation de la criminalité dans la communauté arabe, 92 Arabes ont été tués dans des circonstances violentes depuis le début de l’année, ce qui représente un bond important par rapport aux 34 homicides enregistrés à la même date en 2022. La police, les hommes politiques et les responsables locaux se sont efforcés ces dernières années d’endiguer les activités criminelles à l’origine de la recrudescence de la violence, qui semble s’être accélérée ces derniers mois.
Selon les analystes, les meurtres sont le fruit de la violence de la pègre, alimentée par des gangs puissants qui se livrent à l’extorsion, au prêt usuraire, au racket de protection et à d’autres activités criminelles. De nombreuses fusillades sont soupçonnées de s’inscrire dans le cadre de guerres de territoire entre les syndicats rivaux.
Les dirigeants de la communauté accusent, depuis plusieurs années, le gouvernement de négligence et la police de ne pas enquêter correctement sur les incidents criminels, comme c’est le cas dans les villes juives.
Néanmoins, ils se sont opposés à l’approche musclée de Ben Gvir, un disciple de feu le rabbin extrémiste Meïr Kahane, qui a un long passé de rhétorique anti-arabe.