« Et s’il s’agissait de vos enfants ? » : Les familles demandent au cabinet de négocier du Caire
Lors d'un mouvement de protestation, Ruby Chen, ressortissant israélo-américain et père d'otage, a dit qu'il avait le sentiment que "les États-Unis veulent davantage un accord que le gouvernement d'Israël ne le souhaite"

Les membres des familles d’otages détenus à Gaza et leurs alliés ont organisé une manifestation bruyante aux abords du siège du ministère de la Défense à Tel Aviv, jeudi dans la soirée. Mercredi, le gouvernement avait semblé prendre ses distances face aux négociations qui sont actuellement en cours au Caire, des pourparlers dont l’objectif est de conclure un accord de trêve qui permettrait la remise en liberté de tous les otages.
Des centaines de personnes sont rassemblées à un carrefour majeur, aux abords des tours Azrieli, sous la pluie. Certaines ont bloqué le boulevard Begin, appelant le cabinet à conclure un accord qui permettrait aux 130 otages qui se trouvent encore à Gaza d’être relâchés et d’être rapatriés en Israël.
Mercredi, Netanyahu avait donné pour instruction à une délégation israélienne de ne pas retourner au Caire à l’occasion d’une deuxième journée de pourparlers, cette semaine. Une première journée de discussions avait permis aux membres de la délégation, au début de la semaine, de s’entretenir avec des responsables qataris, américains et égyptiens, mardi, dans le cadre d’une tentative visant à conclure un accord avec le Hamas. Netanyahu a dit que le Hamas devait d’abord renoncer à ses demandes « délirantes ».
S’exprimant aux médias aux abords du bâtiment, Moran Stela Yanai, une otage libérée, a indiqué que « je suis venue ici avec toute ma douleur, toutes mes cassures, avec l’âme brisée, pour vous livrer un message clair : Ce sont nos enfants. Ce sont nos parents. Ils sont toutes nos vies. Aujourd’hui, c’est nous – demain, cela pourrait être n’importe lequel d’entre vous ».
« J’étais là ; je me souviens encore de l’odeur, de la peur, de la terreur qui me paralysait et qui continue à s’abattre sur moi tous les jours, toutes les nuits – 54 jours de captivité du Hamas, c’est cinq ans passés en enfer. 54 jours en captivité du Hamas, ce n’est pas vivre, c’est l’enfer. J’ai traversé l’enfer et aujourd’hui, c’est ce qu’ils sont en train de traverser, eux aussi – nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos parents », a-t-elle continué, notant le manque de produits alimentaires et d’eau, les violences physiques, les abus sexuels et les tortures psychologiques alors qu’elle se trouvait à Gaza.
« Ils n’ont plus le temps », a-t-elle déclaré. « C’est un moment déterminant pour vous, vous, les membres du cabinet et pour vous, le Premier ministre. Vous ne pouvez pas manquer le cadre du Caire, cette possibilité de les faire relâcher. Je vous le demande : S’il s’agissait de vos enfants ? S’il s’agissait de vos parents ? Que feriez-vous alors ? »

Un certain nombre de manifestants se sont attachés les mains au portail, selon le site d’information Walla.
Des mouvements de protestation distincts ont également eu lieu devant les habitations de responsables du gouvernement. Ils ont été organisés par les groupes d’opposition au gouvernement qui avaient pris la tête des rassemblements massifs dénonçant le plan de refonte radicale du système judiciaire israélien qui avait été avancé par la coalition, des manifestations qui avaient fait trembler le pays pendant une grande partie de l’année 2023.

A Tel Aviv, Ruby Chen, le père de l’otage américano-israélien Itay Chen, a également appelé le gouvernement à renvoyer une délégation au Caire.
« Vous devez être là ; vous devez parler les uns avec les autres jusqu’à trouver le moment où un accord pourra être signé », a dit Chen, un ressortissant israélo-américain. « Parfois, j’ai le sentiment en tant que citoyen américain que les États-Unis sont davantage intéressés par un accord que le cas du gouvernement d’Israël, plus que le gouvernement d’Israël ne le souhaite… J’en appelle au cabinet – prouvez-moi que j’ai tort ».

« Nous savons que les demandes du Hamas sont exagérées mais ce n’est que le début et vous ne pouvez pas faire de négociations par télépathie – la seule considération qui doit être prise en compte, c’est sauver la vie des otages », a ajouté Chen.
Netanyahu a indiqué dans une déclaration par vidéo, mercredi, qu’aucune avancée ne pouvait être faite dans les négociations sur les otages tant que le Hamas ne reviendrait pas sur ses demandes « délirantes ».
Le Forum des Familles d’otages et de portés-disparus a réagi avec dureté à la nouvelle, disant que cette décision s’apparentait à « la peine de mort » pour les captifs encore en détention à Gaza.

Jeudi, Netanyahu a rencontré à Tel Aviv le directeur de la CIA, William Burns, le chef du Mossad, David Barnea, le directeur du Shin Bet, Ronen Bar, le Conseiller à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi et le secrétaire militaire Avi Gil pour évoquer les pourparlers en cours pour la libération des otages.
Les responsables du Mossad et du Shin Bet, ainsi que le conseiller diplomatique de Netanyahu étaient au Caire, mardi, à l’occasion des négociations. Une source proche du Bureau du Premier ministre a indiqué au Times of Israel qu’ils étaient venus pour écouter les pourparlers et rien de plus. Les discussions n’ont entraîné aucune avancée.
L’AFP a contribué à cet article.