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Face aux violences, la parole d’Abbas résonne dans le vide

Le président de l'AP renvoie la balle dans le camp de la communauté internationale ; 65 % des Palestiniens veulent sa démission ; 57 % soutiennent une nouvelle intifada

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas attend de prendre la parole à l'Assemblée générale des Nations unies le 30 septembre 2015 New York City (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas attend de prendre la parole à l'Assemblée générale des Nations unies le 30 septembre 2015 New York City (Andrew Burton / Getty Images / AFP)

Abbas est sorti mercredi soir de deux semaines de silence auprès du public face aux évènements qui réveillent le spectre d’une nouvelle intifada. Il a choisi la télévision officielle qui, depuis quelques jours, a arrêté de diffuser en direct les affrontements et les interviews de manifestants s’en prenant ouvertement à l’Autorité palestinienne.

Abbas, qui avait jusqu’alors réservé ses commentaires à des cercles restreints de responsables de la sécurité ou d’hommes d’affaires, a appelé à une « résistance populaire pacifique ». « Nous ne demeurerons pas les otages d’accords qu’Israël ne respecte pas », a-t-il menacé.

Mais le message semble ne trouver aucun écho auprès de la jeunesse révoltée, mais aussi des générations antérieures.

C’est Abbas qui, en 1993, signait au nom de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) les accords d’Oslo jetant les fondements d’un futur Etat palestinien. Abbas était aussi l’un des premiers à dénoncer le recours à la violence quand éclatait la deuxième Intifada.

Affranchis

Selon un récent sondage, 65 % des Palestiniens souhaitent la démission du bureaucrate de 80 ans qui succèda à Yasser Arafat et qui détient tous les pouvoirs en Cisjordanie où 57 % soutiennent une nouvelle intifada.

Dans les manifestations, les jeunes du Fatah, le parti d’Abbas, disent vouloir mener la troisième intifada.

Mohammad Dahlane en 2006 (Crédit photo : Michal Fattal/Flash90)
Mohammad Dahlane en 2006 (Crédit photo : Michal Fattal/Flash90)

Abbas continue, lui, de prôner, comme fin septembre à l’ONU, un mouvement « populaire », non-violent et des actions diplomatiques ou devant la Cour pénale internationale (CPI).

Au sein même de son parti, ses principaux rivaux, Mohammed Dahlane en exil et Marwan Barghouthi, emprisonné en Israwél, font entendre leur différence.

Le premier pour prévenir que « le peuple n’acceptera aucune erreur » et que « des prises de positions minimales ne seront pas acceptées ». Le second pour appeler, dans une tribune envoyée à la presse, à « agir maintenant pour précipiter (…) le dernier jour de l’occupation qui sera le premier jour de paix ».

L'adolescent palestinien, Ahmed Manasra, 13 ans, hospitalisé à l'hôpital Hassadah de Keren Eim (Crédit : YouTube)
L’adolescent palestinien, Ahmed Manasra, 13 ans, hospitalisé à l’hôpital Hassadah de Keren Eim (Crédit : YouTube)

Abbas doit aussi composer avec les Israéliens qui accusent l’Autorité palestinienne d’attiser les haines. En effet, le président de l’AP a accusé Israël de tuer des enfants palestiniens « de sang-froid ». Il faisait référence à Ahmed Manasra, un enfant terroriste de 13 ans, soi-disant abattu, qui a poignardé deux Israéliens dont un enfant de son âge qui roulait en vélo. L’enfant terroriste est actuellement soigné à l’hôpital israélien d’Hadassah.

Génération post-Oslo

« Dans les villages, ce sont des comités locaux qui mènent les manifestations contre la colonisation ou le mur de séparation. Les grèves de la faim des prisonniers ne sont ni ordonnées ni contrôlées par la direction palestinienne. Les Palestiniens qui mènent des attaques semblent apparemment isolés et les événements dans la bande de Gaza échappent totalement au contrôle de l’Autorité », note le chercheur Nathan Thrall.

Malgré les drapeaux déployés et glissés dans les mains des manifestants, malgré les efforts pour prendre la vague, les partis sont tous en retrait des manifestations, observent les experts.

Quant aux rumeurs colportées sur le statu quo en vigueur au mont du Temple, c’est essentiellement le Mouvement islamique de Raëd Saleh, qui est à la manœuvre.

Abbas a de nouveau appelé mercredi à une « protection internationale », renvoyant la balle dans le camp d’une communauté internationale dont les préoccupations sont ailleurs et dont les tentatives de médiation échouent depuis des années.

Le discours risque de ne pas accrocher les jeunes qui, chaque jour depuis deux semaines, lancent pierres et cocktails Molotov sur les soldats israéliens à travers la Cisjordanie. Sans parler des attaques au couteau, à la voiture-bélier et des tueries dans les bus à Jérusalem.

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