GB : Corbyn rejette l’appel à dénoncer le Hamas et le Hezbollah
Alors que les membres importants du parti préfèrent la démission plutôt que la querelle sur l’antisémitisme, leur chef affirme qu’il continuera à soutenir les groupes palestiniens et déclare que le Labour est fermement opposé à l’antisémitisme
Dimanche, le chef du parti Travailliste britannique Jeremy Corbyn a refusé de dénoncer ses contacts au sein des groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah, tout en maintenant que son parti est contre l’antisémitisme, alors que ce dernier se trouve au milieu d’un fâcheux scandale accusant les travaillistes de sentiments anti-juifs et anti-israéliens.
Lors du meeting de la journée du 1er mai, Corbyn en a profité pour rappeler que le parti Travailliste britannique « s’oppose fermement à toute forme d’antisémitisme », après une semaine tumultueuse qui a attiré l’attention sur le comportement du parti envers les juifs au lieu de placer ses efforts de campagne dans la course à la mairie de Londres.
Mais alors que le parti fait tout pour éviter l’étiquette antisémite, les anciens contacts de Corbyn avec le Hamas et le Hezbollah ont refait surface, tous deux jurant la destruction d’Israël.
Le porte-parole de Corbyn a récemment déclaré que celui-ci continuerait à s’engager auprès de ces groupes, tout en niant que cela équivalait à une approbation.
« Jeremy Corbyn soutient depuis longtemps la cause des droits palestiniens et la recherche de la justice au Moyen Orient via le dialogue et la négociation », selon son communiqué, cité par The Telegraph.
« Il a rencontré de nombreuses personnes avec qui il a de profonds désaccords pour promouvoir la paix et le processus de réconciliation, notamment en Afrique du sud, en Amérique latine, en Irlande, et au Moyen Orient. Il pense qu’il est essentiel de parler aux personnes avec qui il existe des désaccords, particulièrement lorsqu’ils ont un soutien à grande échelle ou des mandats démocratiques. »
Plus tôt dans la journée, le nouvel ambassadeur d’Israël au Royaume-Uni, Mark Regev, a critiqué un grand nombre de politiciens de Grande-Bretagne autoproclamés progressistes qui ont « embrassé le Hamas ». Corbyn a lui-même parlé du Hezbollah comme de ses « amis » et a encouragé le dialogue avec le Hamas.
« Il y a trop de personnes du coté progressiste de la politique qui ont embrassé le Hamas et le Hezbollah », a déclaré Regev au journaliste de la BBC Andrew Marr.
« Il s’agit de deux organisations antisémites ; vous n’avez qu’à lire la charte du Hamas et c’est comme lire des chapitres directement extrait des ‘Protocoles des Sages de Sion’. Pourtant, certains politiciens progressistes ont embrassé le Hamas ».
« Maintenant, je vous pose la question suivante : si vous êtes progressiste, et que vous soutenez une organisation qui est homophobe, qui est misogyne, qui est ouvertement antisémite. En quoi est-ce progressiste ? »
Le parti est également critiqué à cause des anciennes relations qu’entretenait Corbyn avec Interpal, une organisation caritative britannique controversée qui soutiendrait selon les autorités américaines des causes extrémistes.
En avril, Interpal a aidé à parrainer un festival à Gaza dans lequel les élèves ont présenté une pièce qui montrait un jeune palestinien poignardant deux soldats israéliens.
Un député conservateur, Eric Pickles, envoyé spécial de la Grande-Bretagne pour les questions post-Holocauste, a déclaré au Daily Mail que Corbyn n’a pas réussi à renoncer au groupe « répugnant ».
Le bureau de Corbyn a publié dimanche un communiqué défendant son implication dans ce groupe qui, dit-il, a été reconnu par l’Office de secours des Nations unies (UNRWA) et la Commission des organismes de bienfaisance britannique.
La déclaration affirme que Corbyn a soutenu le travail humanitaire d’Interpal et qu’en 2013 il aurait visité Gaza lors d’un voyage humanitaire « de soutien » dans lequel étaient présents un conservateur et un législateur démocrate libéral.
La question de l’antisémitisme au sein du parti Travailliste britannique a éclaté la semaine dernière lorsque le législateur du parti Travailliste Naz Shah a été suspendu après avoir posté des messages anti-Israël avant d’avoir été élue au Parlement. Cela a incité l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone à la défendre en disant que le dirigeant nazi Adolf Hitler avait été un sioniste au début de sa carrière politique.
Livingstone a été rapidement suspendu de son rôle au sein du conseil exécutif du parti, mais ses commentaires provocateurs ont conduit Corbyn à soumettre son parti à un examen minutieux de toute forme d’antisémitisme et de racisme, qui a été solidement détruit point par point aux élections générales de l’an dernier par le Premier ministre conservateur David Cameron.
Cette histoire a fait boule de neige et a donné naissance à une véritable crise au sein du parti, remettant en question le leadership de Corbyn.
Le Times a rapporté dimanche soir que certains politiciens haut placés du Parti travailliste ont envisagé de démissionner dans les prochaines semaines en signe de protestation face à la gestion de la crise de l’antisémitisme de Corbyn.
Mais la députée travailliste Diane Abbott, alliée proche de Corbyn, a déclaré dimanche que le parti est injustement attaqué par ses ennemis politiques.
« C’est de la diffamation de dire que le Parti travailliste a un problème avec l’antisémitisme. C’est injuste pour les membres ordinaires du Parti travailliste », a déclaré Abbott à Andrew Marr de la BBC.
« Deux cent mille personnes ont rejoint le Parti travailliste. Vous dites que parce qu’il y a eu 12 incidents signalés de discours haineux en ligne, le parti travailliste est en quelque sorte intrinsèquement antisémite ? »
Abbott, qui participe à la définition des politiques internationales de développement du parti, s’est exprimée sur le débat en se demandant si la critique fréquente de la politique gouvernementale israélienne des membres du parti travailliste se serait transformée en accusations d’antisémitisme juste avant l’élection du maire de Londres, prévue jeudi.
Le candidat à la mairie du parti travailliste, Sadiq Khan, qui est en tête des sondages contre le candidat juif conservateur Zac Goldsmith, a déclaré que les commentaires de Livingstone ont rendu son chemin vers la victoire plus difficile.
« Je reconnais que les déclarations de Ken Livingstone ont rendu plus difficile aux Londoniens de confession juive de se sentir accueillis au Parti travailliste, » a-t-il déclaré à The Observer.