Grand rabbin de Belgique : « L’islam, ce n’est pas les poseurs de bombes »
"Les individus, en travaillant ensemble, se rapprochent. 'L'étranger' devient ainsi un partenaire", a affirmé Albert Guigui

Samedi dernier, le grand rabbin de Belgique était l’invité du Grand oral – Le soir, sur la première chaîne belge.
Albert Guigui, accompagné d’une délégation inter-religieuse, avait début avril déposé une gerbe de fleurs place de la Bourse.
Cette délégation constituée d’une vingtaine de personnes dont Salah Echallaoui, le président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique, avait observé une minute de silence et fait une courte prière en mémoire des victimes des attentats et en hommage aux blessés.
Lors du Grand oral, Albert Guigui a déclaré que durant ce rassemblement inter-religieux il avait ressenti une sorte de consolation grâce à l’unité qui régnait entre les différents participants.
« Tout le peuple belge, par-delà les différences et le fait d’être à côté de mon ami Salah Echallaoui, me permettait de me conforter dans mon idée que c’est un devoir de ne pas faire d’amalgames entre les Musulmans de Belgique et les terroristes, entre l’islam et les terroristes », a souligné le grand rabbin. « L’islam ce n’est pas les poseurs de bombes.»
Pour le grand rabbin, les terroristes instrumentalisent la religion pour leur propres intérêts. Ainsi Albert Guigui appelle-t-il à une union démocratique par-delà les différences.
« Les terroristes s’attaquent à notre mode de vie, à nos valeurs humaines, » rappelle le rabbin.
Le grand rabbin souligne que c’est le rôle de l’Etat que de lutter contre l’existence d’extrémistes dans la société belge et ce n’est pas de la responsabilité de la seule communauté musulmane. « Nous tous nous devons favoriser cet islam modéré en lui donnant la possibilité de s’exprimer pour véhiculer son message ».
Pour Albert Guigui, « c’est une erreur de prôner le vivre ensemble ». « Je prône le construire ensemble c’est-à-dire avoir des projets communs ». « Les individus, en travaillant ensemble, se rapprochent. ‘L’étranger’ devient ainsi un partenaire ».
« Le gouvernement doit être imaginatif » en développant des projets communs pour rapprocher les peuples, explique le rabbin.
« De ‘l’autre’ nous ne connaissons que les préjugés », a dénoncé Albert Guigui et c’est selon lui cette méconnaissance de l’autre qui conduit à la violence.
Il propose une rencontre entre les représentants des communautés religieuses et les représentants du gouvernement pour favoriser la connaissance de l’autre.
« Il faut qu’il y ait une vision d’ensemble » motivée par le gouvernement. Il faut des initiatives publiques et non plus seulement des initiatives privées.