Grands travaux à la synagogue de Lille
L’édifice devrait retrouver sa beauté d’antan, 130 ans après sa construction – des travaux en partie financés par la municipalité et pour lesquels un appel aux dons sera lancé
La synagogue de Lille, de rite ashkénaze, s’est lancée « à la reconquête de son faste d’antan », a rapporté hier le journal local La Voix du Nord.
Actuellement en grande rénovation, l’édifice devrait retrouver sa beauté d’origine, 130 ans après sa construction.
Interrogé par le quotidien local, Guy Bensoussan, président de la communauté juive de Lille, explique l’ampleur des travaux : « Ce bâtiment correspond à toute l’histoire de la communauté juive de Lille (500 familles). Nous voulons, pour les 130 ans de la synagogue, qui est inscrite aux Monuments historiques depuis 1984, aller plus loin qu’une simple remise en état. Nous lançons une restauration complète afin de retrouver les couleurs originelles, l’intérieur, la toiture, le dôme disparu, le mobilier… C’est également un bâtiment remarquable de type Eiffel, avec ses douze piliers qui représentent les douze tribus juives. »
Les vitraux cassés, les peintures écaillés et le sol seront également remis en état. Selon l’homme, la restauration vise également à répondre à l’antisémitisme et à « l’ignorance ».
Le montant des travaux s’élève à 1,5 million d’euros. Ils devraient s’achever en 2020. La mairie de Lille, propriétaire des lieux, en financera une large partie.
Afin de compléter, une campagne de dons sera également lancée du 20 au 22 septembre sur le site charidy.com/patrimoine dans le cadre des Journées européennes du patrimoine.
« Nous avons voulu, par des travaux de rénovation, témoigner de notre reconnaissance à l’égard du dynamisme actuel de la communauté juive lilloise qui rayonne bien au-delà des frontières des croyants, grâce à une vie culturelle intense, incarnée entre autres par des cycles de conférences qui attirent un large public », a déclaré Martine Aubry, maire de Lille.
« Cette synagogue a la particularité d’être établie au cœur de la Cité, non loin d’un temple protestant et d’une église catholique, explique Haïm Korsia, grand rabbin de France. Elle s’incarne dans un édifice singulier, inscrit à l’inventaire des monuments historiques. Le bâtiment est reconnaissable de loin grâce à la superbe étoile de David qui orne sa façade et accueille régulièrement en son sein des conférences ouvertes à un large public… » 3 000 personnes non juives auraient ainsi visité l’édifice, notamment grâce à un cycle de conférences qui a démarré en 2014.
À l’occasion de la restauration, Danielle Delmaire, professeur émérite de l’université de Lille, s’est attelée, sous la direction de Guy Bensoussan, à la rédaction d’un ouvrage intitulé La synagogue de Lille d’hier et de demain. Dans son livre, l’auteure explique avoir eu lors de ses travaux pour « souci constant de transmettre aux générations futures l’histoire de la communauté juive à Lille en offrant une vision approfondie et vivante de son histoire ».
« La synagogue consistoriale de rite ashkénaze, la ‘shoul’ de Lille, fut la première construite dans le Nord, peu après l’importante immigration de Juifs originaires d’Alsace fuyant l’annexion de leur région par l’Allemagne en 1871, lit-on sur la page Facebook Patrimoine et culture du judaïsme. Construite en style romano-byzantin et inaugurée en 1891, elle fut utilisée par les nazis pour stocker du matériel au cours de la Shoah. Elle est l’une des rares synagogues de France à avoir gardé son mobilier d’origine, malgré la guerre, et fut de ce fait, très tôt, inscrite à l’inventaire des monuments historiques. »
En novembre dernier, elle s’était transformée en bar à mojitos et y avait accueilli le temps d’une journée un mixologiste à l’occasion de ses journées portes ouvertes. L’évènement avait pour but de mieux faire connaître la synagogue et de « récolter des fonds afin de financer des animations culturelles et des travaux dans ce lieu emblématique de Lille », avait expliqué le rabbin Elie Dahan.
Aujourd’hui, la communauté de Lille et de sa région compte environ 3 000 Juifs.