Guerre Israël-Iran : Les 28 victimes tuées lors des attaques de missiles iraniens
D'une survivante de la Shoah âgée de 95 ans à une enfant ukrainienne de 7 ans atteinte d'un cancer, voici les personnes qui ont perdu la vie dans certaines des 36 frappes de missiles balistiques

Vingt-huit personnes ont été tuées en Israël par des tirs de missiles iraniens au cours du conflit de douze jours entre Jérusalem et Téhéran. La plus âgée était une survivante de la Shoah âgée de 95 ans, et la plus jeune était une enfant ukrainienne âgée de 7 ans atteinte d’un cancer.
Dans la nuit 12 au 13 juin, Israël a lancé une attaque préventive contre des installations nucléaires et balistiques iraniennes ainsi que contre des cibles stratégiques, afin de contrer la menace de destruction de l’État juif déclarée par la République islamique. En réponse, le régime iranien a tiré environ 550 missiles balistiques et un millier de drones sur Israël. La plupart des missiles ont été interceptés, mais 36 impacts de missiles balistiques ont été signalés dans des zones peuplées, notamment sur plusieurs immeubles, ainsi que sur des sites d’infrastructures fondamentales, comme une centrale électrique dans le sud du pays et une raffinerie de pétrole à Haïfa.
Le ministère de la Santé a déclaré que 3 238 personnes avaient été prises en charge dans des hôpitaux à travers le pays pour des blessures subies lors des attaques iraniennes. Environ 240 bâtiments ont été gravement endommagés, privant plus de 13 000 Israéliens de leur logement. Parmi les personnes tuées, 27 étaient des civils et une était un soldat qui se trouvait chez lui avec sa famille pendant son temps de permission.
Le 13 juin, à Ramat Gan
Au premier jour de la guerre, Eti Cohen Angel, âgée de 74 ans, a été tuée lorsqu’un missile balistique a frappé un immeuble à Ramat Gan. Son compagnon a été grièvement blessé dans l’attaque, mais il a survécu.
Pédicure-podologue de profession, elle laisse derrière elle quatre filles. Dans une interview accordée au magazine La’Isha en 2011, Cohen Angel évoquait son enfance à Tel Aviv, notamment sa rencontre avec Frank Sinatra lors de la visite de ce dernier en Israël. Ce n’est que plus tard dans sa vie, après son divorce, qu’elle a appris à redécouvrir l’enfant qui sommeillait en elle, « à se sentir enjouée, joyeuse, à savoir comment se sortir de situations compliquées et aborder tout avec humour ».
Le 14 juin, à Rishon Lezion
Tôt samedi matin, Yisrael Aloni, 73 ans, et Yevgenia Blinder, 74 ans, ont été tués après qu’un missile a frappé un immeuble à Rishon Lezion.
Aloni était barbier depuis plus de 50 ans et laisse derrière lui trois enfants, Eran, Ricki et Uri, ainsi que onze petits-enfants, selon sa famille.
Son fils, Eran, a déclaré à la chaîne publique Kan que son père « était une personne merveilleuse… tout le monde à Rishon le connaissait, il aimait aider tout le monde, on ne pouvait rien dire de mauvais à son sujet ».

Blinder avait quitté l’Ukraine pour Israël en 1992 et s’était installée à Rishon Lezion, selon la municipalité. Chirurgienne de formation, elle a continué à exercer la médecine en Israël après son alyah, a déclaré le maire de la ville, notamment en tant que gériatre dans une maison de retraite à Tel Aviv, jusqu’à son départ à la retraite. Sa nièce, Yulia, l’a décrite comme une « tante parfaite ».
Le 14 juin, à Tamra
Tard samedi soir, quatre femmes d’une même famille ont été tuées lorsqu’un missile a frappé leur maison familiale dans la ville de Tamra, dans le nord du pays. Il s’agit de Manar Al-Heija Khatib, 45 ans, de ses filles Shada, 20 ans, et Hala, 13 ans, ainsi que de Manar Diab Khatib, la belle-sœur de Manar Al-Heija Khatib.
Manar Al-Heija Khatib et Manar Diab Khatib étaient toutes deux enseignantes, selon leurs familles.

Raja Khatib, qui a perdu son épouse et deux de ses filles, ainsi que sa belle-sœur, a déclaré à Ynet : « J’ai perdu les plus belles fleurs de ma vie. » Son épouse était « une enseignante, une femme merveilleuse et accomplie qui a élevé nos enfants de la meilleure façon possible », a-t-il ajouté.
Ihab, le veuf de Manar Diab Khatib, a déclaré que son épouse était « une éducatrice professionnelle et honnête, que tout le monde aimait. J’ai toujours entendu des commentaires positifs et joyeux à son sujet ».
Le 15 juin, à Bat Yam
Quelques heures plus tard, un missile iranien a frappé un immeuble à Bat Yam, tuant neuf civils, soit l’attaque la plus meurtrière de ces douze jours de conflit.

Parmi les neuf victimes figuraient cinq ressortissants ukrainiens qui s’étaient installés en Israël en 2022 afin de faire soigner Anastasia Buryk, âgée de 7 ans. Elle a été tuée avec sa mère, Mariia (Masha) Pieshkurova, 30 ans, sa grand-mère, Olena Pieshkurova, 54 ans, et deux cousins, Illia Pieshkurov, 14 ans, et Kostiantyn Tutevich, 10 ans.
Artem Buryk, le père d’Anastasia, est resté en Ukraine pour lutter contre l’invasion russe. Il a déclaré au Daily Mail que sa fille « était comme un petit ange. Certains enfants sont capricieux, font des crises, pleurent de manière hystérique quand on leur enlève quelque chose, mais pas elle. Elle était très calme. Elle avait le même caractère que ma mère : elle était douce et tranquille. Elle n’était pas du genre à pleurer ou à se plaindre. »
Khrystyna Chanysheva, une amie de la famille, a déclaré que Mariia « faisait tout pour sa petite fille… Elle lui avait consacré sa vie, avait déménagé en Israël pour qu’elle puisse bénéficier d’un traitement complet ».
Hanna Pieshkurova, la mère de Kostiantyn et Illia, a déclaré au New York Times qu’elle avait laissé ses enfants partir en Israël pour échapper à la guerre en Ukraine : « À cause des bombardements, mes enfants pleuraient et j’ai décidé de les laisser partir. »

Un représentant de Chance4Life, l’organisation qui a aidé la famille à venir en Israël, a déclaré à Haaretz : « Kosta, le plus jeune, jouait toujours dans le groupe d’enfants que nos bénévoles avaient initié pour libérer un peu de temps aux parents, mais Illia venait toujours à nos événements pour adultes. Il était très intelligent et aimait beaucoup parler aux adultes. Il aimait raconter toutes sortes de choses intéressantes. »
Efrat Saranga, 44 ans, Michael (Miki) Nahum, 61 ans, Meïr (Miron) Vaknin, 56 ans, et Belina (Bella) Ashkenazi, 94 ans, ont également été tués à Bat Yam.
L’époux de Belina, Haïm Ashkenazi, âgé de 100 ans, a survécu à l’attaque. Le couple avait fait son alyah depuis la Bulgarie lorsqu’ils étaient jeunes, après avoir survécu à la Shoah, et s’était rencontré en Israël, partageant finalement environ 75 ans de leur vie ensemble. Selon sa famille, Belina a travaillé comme mannequin et couturière. La fille du couple, Ahuva, a déclaré au journal Haaretz : « Ils ont vécu un amour comme au cinéma. Il l’aimait tant. »
Vaknin laisse derrière lui son épouse, Keren, et leurs trois enfants, qui étaient tous à la maison lors de l’attaque, mais ont réussi à s’en échapper. Vaknin était un grand fan de l’équipe de football Hapoel Tel Aviv et travaillait dans la maintenance.

Son voisin, Tomer, a déclaré au site d’information Mako que « Miro était un bon voisin, un homme qui souriait à tout le monde et respectait tout le monde. C’était un type formidable… il avait de bons enfants, bien éduqués, il veillait à ce qu’ils ne manquent de rien ». Nahum, qui tenait un magasin de vêtements à Ashdod, était revenu vivre dans la maison de son enfance à Bat Yam après son divorce. Il laisse derrière lui quatre enfants.
Son ami proche, Gil Karni, a déclaré à Israel Hayom : « Miki était avant tout un père très, très dévoué à ses enfants. Il travaillait sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille. C’était sa priorité absolue. Ce n’était pas un hédoniste, il ne pensait pas à lui-même. »
Saranga, originaire de Beer Sheva, laisse derrière elle son époux, Ofir. Elle était diplômée en art du Sapir Academic College de Sderot. Son amie, Galit, a déclaré au journal Haaretz : « Elle était tellement belle à l’extérieur – la photo ne lui rend pas justice. Elle était comme un ange rayonnant. Sa beauté intérieure était à la hauteur de sa beauté extérieure. Elle riait tout le temps et plaisantait sur la vie. »
Le 16 juin, à Petah Tikva et à Bnei Brak
Au petit matin du 16 juin, quatrième jour des combats, un missile a frappé un immeuble à Petah Tikva, tuant quatre personnes : Daisy Yitzhaki, 85 ans, Ivette Shmilovitz, 95 ans, ainsi que le couple Hadassah et Yaakov Belo, tous deux âgés de 77 ans.
Yitzhaki avait immigré d’Irak lorsqu’elle était jeune. Sa famille a déclaré qu’elle ne voulait pas dormir dans la pièce renforcée, car c’est là que son mari avait rendu son dernier souffle deux mois plus tôt. Lorsque la sirène d’alerte a retenti, Yitzhaki n’a pas pu se rendre à temps dans l’abri anti-missile et son aide-soignante a également été gravement blessée. Sa fille, Ronit, a déclaré à la chaîne publique Kan que sa mère « était une femme calme, qui ne cherchait rien de spécial, si ce n’est élever sa famille avec amour et joie. Elle était une grand-mère merveilleuse pour tous ses petits-enfants ».
Shmilovitz, originaire de Roumanie et survivante de la Shoah, s’était installée en Israël en 1973, d’après sa famille. Ces dernières années, elle avait perdu son époux et sa fille unique, et laisse derrière elle trois petites-filles et quatre arrière-petits-enfants. Sa petite-fille, Shirly Master Hout, a écrit sur Facebook que sa grand-mère était « une femme de fer ».
« Elle a eu une vie très difficile ; elle a perdu tous ses proches, sa fille. Elle a survécu aux guerres mondiales et aux guerres en Israël. Et elle a toujours gardé la tête haute… Elle était toujours au cœur de l’action, ne renonçant jamais à ses talons hauts, à se teindre les cheveux et à son espresso avec de la glace, et papotait avec ses amies sur WhatsApp. »

Dans la même salve de missiles, lundi matin, Avraham Cohen, âgé de 75 ans, a été tué par un tir direct à Bnei Brak. Sa voisine, Ruti, a déclaré à Kan qu’il avait déjà perdu son fils. « Il venait s’asseoir avec nous ici chaque jour, nous apportait à manger, nous mangions et buvions ensemble. C’était quelqu’un de bien, il disait toujours que tout irait bien. »
Le 16 juin, à Haifa
Quelques heures plus tard, trois employés de la raffinerie de pétrole Bazan ont été tués lorsque des missiles ont visé la baie de Haïfa. Il s’agit d’Igor Fradkin, âgé de 50 ans, Uri Levy, âgé de 58 ans, et Daniel Avraham, âgé de 59 ans. Ils se trouvaient dans un abri anti-missile, mais ont été piégés par l’incendie qui a suivi et sont morts asphyxiés par la fumée.
Originaire de Kiryat Ata, Igor Fradkin avait quitté le Kazakhstan dans les années 1990 pour s’installer en Israël, où il avait rencontré son épouse, Ludmila. Le couple avait six enfants et venait d’accueillir leur premier petit-enfant l’an dernier. Igor Fradkin travaillait pour Bazan depuis dix-sept ans, a déclaré son frère, Konstantin, à Ynet, et il était très dévoué à son travail.

Originaire de Kiryat Motzkin, Avraham laisse derrière lui son épouse, Iris, et leurs deux enfants. Il travaillait dans le secteur de l’énergie depuis trente ans, a déclaré sa famille. Le maire de Kiryat Motzkin, Tziki Avisar, a déclaré qu’il s’agissait « d’un homme de famille dans tous les sens du terme. C’était un homme optimiste et humble, qui avait toujours le sourire et était toujours prêt à aider les autres ».
Levy, originaire de Haïfa, laisse derrière lui son épouse, Sigal, ses enfants Gal, Roï et Ido, ainsi qu’un petit-fils, Ari. Sa famille a déclaré à Ynet qu’il « avait consacré sa vie à sa famille et qu’il les aimait infiniment. Uri aimait la vie, même dans les moments difficiles, et savait toujours voir le bon côté des choses ».
Le 24 juin, à Beer Sheva
Au cours de la semaine suivante, les frappes iraniennes en Israël n’ont fait aucune victime, jusqu’au matin du 24 juin, quelques heures avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, lorsqu’un missile a frappé un immeuble à Beer Sheva, tuant quatre personnes : Naomi Shaanan, âgée de 73 ans, Michal Zacks, âgée de 50 ans, son fils Eitan Zacks, âgé de 18 ans, soldat en permission et seul non-civil tué en Israël, ainsi que Noa Boguslavsky, la petite amie d’Eitan et également âgée de 18 ans, ont trouvé la mort.
Igor, le mari de Michal et le père d’Eitan, qui se trouvait ailleurs dans la maison, a été blessé dans l’attaque mais a survécu. L’autre enfant du couple, Eliana, n’était pas à la maison au moment des faits.
Eitan venait de s’engager dans l’armée israélienne et suivait encore une formation pour rejoindre l’unité d’élite multi-domaine 888, également appelée « Refaïm » (fantôme en hébreu). Avant de s’engager, il avait été mannequin pour l’école de stylisme du Shenkar College et aimait beaucoup jouer au basket. Originaire de la ville méridionale d’Arad, Noa terminait sa dernière année de lycée.
Eliana a déclaré à Kan que sa mère « disait toujours qu’elle vivait pour nous et que nous étions toute sa vie. C’était une mère guerrière qui, tout comme mon frère, surmontait tous les obstacles pour atteindre ses objectifs, pour nous gâter et prendre soin de nous, même quand ce n’était pas nécessaire. Elle cherchait toujours des moyens d’être plus heureuse ».
Son frère, a-t-elle déclaré, « avait un cœur en or, il pensait toujours aux autres avant de penser à lui-même… il s’était battu pour s’engager dans l’unité qu’il voulait par amour pour son pays ». Noa et lui étaient, a-t-elle ajouté, « des âmes sœurs – ils voyageaient partout ensemble et adoraient cuisiner et faire de la pâtisserie ensemble ».

Une amie proche de Noa, Or, a déclaré à un site d’information local qu’elle « avait l’air très douce et calme, mais quand on apprenait à la connaître, on découvrait à quel point elle était drôle, une personne merveilleuse, qui n’avait jamais fait de mal à personne ».
Naomi Shaanan, née à Haïfa, a travaillé pendant des années comme bibliothécaire à l’université Ben Gurion avant de prendre sa retraite.
Militante de longue date pour la paix, ses proches se souviennent d’elle pour ses vingt mois d’activisme inébranlable en faveur du retour des otages à Gaza, y compris quelques heures avant sa mort. Selon Israel Hayom, elle laisse derrière elle deux frères et sœurs ainsi que cinq neveux et nièces.
« Elle savait écouter, on pouvait lui parler de tout, c’était une militante sociale », a déclaré son amie proche, Sarit, au micro de la radio de l’armée.
« Elle était tout pour moi. »
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