Haniyeh : les “héros” du Hamas creusent inlassablement des tunnels à Gaza
L’ancien Premier ministre du groupe terroriste s’est vanté que les tunnels et les roquettes soient prêts pour “la libération du territoire” ; le Hamas fait allusion à un échange de prisonniers
Les « héros » du Hamas creusent inlassablement dans la bande de Gaza des tunnels conçus pour être utilisés pour des attaques contre Israël, a déclaré vendredi un haut fonctionnaire, alors que le groupe terroriste enterrait sept ouvriers tués cette semaine quand le tunnel dans lequel ils travaillaient s’est effondré à cause des fortes pluies et des inondations.
Des milliers de personnes ont assisté aux funérailles à Gaza, dirigée par le Hamas, a annoncé la radio militaire, où Haniyeh a également juré que le groupe devenait plus fort, et utiliserait tous les moyens à sa disposition pour préparer sa prochaine confrontation avec Israël.
« Certains pensent que le calme, quand le bruit des canons s’éteint, est fait pour durer. Mais les brigades [Izz ad-Din] al-Qassam continuent leur campagne de préparation et d’entraînement », a déclaré Haniyeh, faisant référence à la branche militaire du Hamas. La résistance, a-t-il déclaré, est en permanence un état de préparation continue.
« A l’est de Gaza ville, des héros creusent dans la pierre et construisent des tunnels, et à l’ouest ils testent des roquettes chaque jour. La résistance continue sur son chemin vers la libération du pays », a déclaré Haniyeh pendant les funérailles à la grande mosquée Omari de Gaza ville.
Le Hamas s’est également dit prêt à toute nouvelle guerre, affirmant creuser de nouveaux tunnels. Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répondu : « si nous sommes attaqués via des tunnels depuis la bande de Gaza, nous réagirons avec force contre le Hamas, avec une force bien plus considérable que celle déployée » lors de la guerre de 2014, a-t-il menacé.
Enveloppés dans les drapeaux verts du Hamas, les sept corps ont été portés jusqu’à la mosquée pendant que la foule chantait des slogans appelant à la violence contre Israël.
De façon inhabituelle, plusieurs dirigeants du Hamas se sont rendus au cimetière situé près de la frontière avec Israël pour déposer des fleurs sur les tombes des sept combattants.
Les sept ouvriers du Hamas ont été tués quand leur tunnel s’est effondré mardi dans la région de Jabalia, au nord de l’enclave palestinienne, après plusieurs jours de pluie, a déclaré, à condition de rester anonyme, une source sécuritaire de la région.
« Le tunnel de la résistance s’est effondré la nuit dernière à cause du temps et des inondations », a déclaré la source, ajoutant que le tunnel appartenait au Hamas.
Les brigades Izz ad-Din al-Qassam ont ensuite confirmé dans un communiqué que l’un de ses tunnels s’était effondré.
Cela intervient à un moment de renouvellement de l’attention sur les tunnels de Gaza, Israël accusant le Hamas de les reconstruire suite à la guerre de 2014 pendant laquelle beaucoup avaient été détruits.
Israël déclare que les tunnels peuvent être utilisés pour mener de nouvelles attaques contre le pays.
De tels effondrements se sont déjà produits dans la bande de Gaza, qui est sous blocus maritime israélien et égyptien et a connu trois guerres contre l’Etat juif depuis 2008.
A la fin 2014, l’Egypte a commencé la construction d’une zone tampon dans le nord de la péninsule du Sinaï, à la frontière avec Gaza, incluant la destruction de centaines de tunnels dont elle affirme qu’ils étaient utilisés pour la contrebande d’armes.
Le blocus israélien restreint sévèrement la circulation des personnes et des biens à l’entrée et à la sortie de l’enclave.
La seule frontière de l’Egypte avec Gaza est également restée fermée la majorité du temps à la suite du renversement en 2013 du président du pays, Mohamed Morsi, des Frères musulmans.
Gaza est restée en général calme depuis qu’une vague d’attaques palestiniennes au couteau, à main armée et à la voiture bélier a commencé en octobre en Cisjordanie, à Jérusalem et dans tout Israël, bien qu’un certain nombre de personnes a été tué par les forces israéliennes pendant de violentes manifestations le long de la frontière de Gaza.
Un possible échange de prisonniers
Le Hamas a évoqué dimanche un nouvel échange de prisonniers avec Israël, affirmant avoir des « cartes » pour obtenir leur libération.
Depuis le l’opération Bordure protectrice à l’été 2014, le Hamas entretient l’ambiguïté sur le sort du sergent israélien Oron Shaul, dont Israël n’a pas récupéré la dépouille, tout comme celle du sous-lieutenant Hadar Goldin.
Mort ou vivant, un soldat israélien est une monnaie d’échange précieuse. Israël a procédé par le passé avec des organisations ennemies (dont le Hamas) à des échanges de prisonniers ou de corps pour ramener des Israéliens au pays.
S’adressant aux prisonniers palestiniens détenus par Israël, Abou Obeida, le porte-parole de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, leur a assuré dimanche que « la résistance a […] main les cartes qui obligeront l’ennemi à vous libérer ».
Vendredi déjà, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas à Gaza, affirmait lors des funérailles de sept combattants des Qassam dans l’effondrement d’un tunnel que c’était « depuis ces tunnels que les combattants ont fait prisonniers Oron Shaul », affirmant que ces galeries souterraines avaient déjà permis la libération de prisonniers palestiniens en échange du [soldat franco-israélien Gilad] Shalit en 2011.
Dimanche, Khalil al-Haya, un haut cadre du Hamas, enfonçait le clou : « le tunnel où nos sept martyrs ont péri est celui-là même où les Qassam ont capturé le soldat Oron Shaul ».
En décembre, la mère de ce dernier avait exhorté le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, à donner plus d’informations sur son fils alors que des informations faisaient état d’une lettre d’Oron Shaul qu’auraient reçue ses proches. Les services de sécurité israéliens ont dit soupçonné un faux.
Le Hamas affirme entretenir des « contacts indirects » avec Israël pour parvenir à une trêve de longue durée en échange d’un allègement du blocus imposé par Israël depuis la capture du soldat Shalit en 2006.
Israël a annoncé en juillet que deux autres Israéliens, des civils, étaient retenus à Gaza.