HaShomer HaChadash met en lien agriculteurs et bénévoles via l’appli SunDo
À l’aube de la fête des récoltes de Chavouot, l'organisation à but non lucratif HaShomer HaChadash aide à renforcer le lien entre les Israéliens et la terre par l'agriculture
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Chaque Shavouot, ceux qui fréquentent les synagogues lisent l’histoire biblique de Ruth qui a nourri sa belle-mère, Naomi, des glanages de la récolte du blé laissés aux pauvres.
Les cultures et les récoltes sont toujours d’actualité en Israël, où quelque 17 000 exploitations agricoles continuent de fournir une grande partie des produits, de la viande, du poulet et du lait du pays, selon un recensement de 2020 effectué par le Bureau central des statistiques.
Mais de nombreux agriculteurs ont du mal à joindre les deux bouts, à trouver des travailleurs et à commercialiser leurs produits.
« Il est très difficile de cultiver la terre d’Israël », a déclaré le fermier Tomer Moerman. « Mais il y a quelque chose d’inexplicable dans l’agriculture, c’est que malgré la chaleur de 40°C, les serpents et les bestioles effrayantes, il y a de la magie dans la nature. »
Depuis un an, Moerman travaille avec HaShomer HaChadash, une initiative agricole sioniste qui cherche à établir un lien plus fort entre les Israéliens et la terre, principalement à travers l’agriculture.
L’initiative aide les agriculteurs de plusieurs façons, de leur mise en relation avec des volontaires à la gestion du don de fruits « moches » – des produits imparfaits et abîmés, impropres à la vente.
HaShomer HaChadash publie des photos des fruits abîmés de chaque ferme sur les réseaux sociaux, jusqu’à ce qu’une organisation alimentaire réclame les produits, puis envoie un volontaire apporter les produits à une banque alimentaire.
SunDo est l’une des dernières initiatives de HaShomer HaChadash : c’est une application qui met en relation les agriculteurs avec des bénévoles qui souhaitent aider les fermes locales.
« Nous avons remarqué qu’il y a un fort intérêt du public pour apprendre l’agriculture, toucher la terre, comprendre sa valeur, savoir où pousse la tomate, et avoir un lien avec tout ça », explique Yoel Zilberman, cofondateur de HaShomer HaChadash.
En se fondant sur le marché de l’agro-tourisme, HaShomer HaChadash a créé l’application et la plateforme SunDo, qui connecte agriculteurs et bénévoles.
« Cela aide vraiment », a déclaré Moerman, qui a accueilli 50 personnes pour l’aider à la ferme pendant la pandémie de COVID-19.
Moerman, 49 ans, est le deuxième de sa famille à diriger l’entreprise de production de fruits et vente en gros que son père, Amiram, aujourd’hui âgé de 85 ans et toujours en activité, a créée à la fin des années 1950. La famille cultive des fruits de saison – nèfles orange et pêches duveteuses, pommes croquantes et kakis brillants – mais de nos jours, il est presque impossible d’engager des ouvriers agricoles pour les cueillir.
« Les volontaires sont venus, des jeunes et des médecins, des infirmières, des avocats, des juges et des gens de tous les âges, et ils ont participé au désherbage et à la cueillette », a-t-il dit. « Je ne pouvais pas imaginer comment cela fonctionnerait, mais ils viennent, heureux de donner de leur temps et de leur personne. »
Eden Barash, 22 ans, a récemment passé une semaine avec un ami dans une petite ferme du nord, aidant un agriculteur qui doit travailler à l’extérieur de sa petite ferme de 20 dunam pour joindre les deux bouts.
« Nous étions là pour lui fournir des bras supplémentaires », a déclaré Barash, qui a désherbé les légumes et les herbes aromatiques cultivés en serre.
Avner Jerasi, 63 ans, retraite de son travail à la Banque Leumi, fait du bénévolat toutes les semaines dans une ferme biologique à Emek Hefer depuis qu’il a vu une annonce pour des agriculteurs qui ont besoin d’aide.
À présent, lui et six de ses amis font du bénévolat chaque semaine, effectuant tout ce dont leur agriculteur a besoin, qu’il s’agisse de garnir les étagères du petit magasin de la ferme, semer, cueillir ou désherber. Ils sont à la ferme du petit matin à midi, et partagent une pause petit-déjeuner avec les propriétaires.
Financée par plusieurs ministères du gouvernement ainsi que par des fondations, HaShomer HaChadash est une organisation à but non lucratif, mais a transformé l’application SunDo en une entreprise à but lucratif dans l’espoir d’exporter l’idée à d’autres pays, dont les États-Unis.
« Le plus étonnant, ce sont les communautés autour des agriculteurs », a déclaré Zilberman. « C’est une communauté de gens qui aiment la terre et d’agriculteurs qui aiment les gens, et qui créent un lien entre eux. »
Selon le ministère de l’Agriculture d’Israël, la pandémie de COVID-19 a provoqué une augmentation majeure du nombre de volontaires, avec 13 500 bénévoles dans 240 communautés agricoles, une augmentation de 55 %, de 1,3 million d’heures de bénévolat à plus de 2 millions d’heures.
Une grande partie de ces volontaires est venue par SunDo, qui est « comme l’Airbnb de l’industrie agricole », a déclaré Michal Levy, vice-président de l’innovation agricole au ministère. « C’est là que les gens peuvent venir et faire de belles choses. »
Le ministère a récemment approuvé un budget de 95 millions de shekels pour les nouvelles technologies agricoles, l’un des moyens par lesquels il souhaite soutenir les agriculteurs et traiter divers problèmes agricoles, a déclaré Levy.
HaShomer HaChadash cherche à atteindre 500 000 bénévoles et 7 000 agriculteurs, via la création d’une plateforme unique qui aidera les agriculteurs pour la vente directe, les bénévoles et le tourisme, et donnera au public un accès au monde de l’agriculture, a déclaré Zilberman.
« Le public s’intéresse de plus en plus à la protection du monde, et nous essayons d’amener les agriculteurs à se connecter à la technologie, et c’est difficile », a-t-il déclaré. « Les deux parties doivent travailler ensemble. »