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Hitler convoqué dans le violent débat sur le référendum ‘Brexit’

L'ancien maire de Londres est vivement critiqué pour avoir comparé l'UE à l'ex-chef nazi ; référendum prévu le 23 juin prochain

Boris Johnson, ancien maire conservateur de Londres. (Crédit : CC BY-SA 2.0)
Boris Johnson, ancien maire conservateur de Londres. (Crédit : CC BY-SA 2.0)

Invoquer Hitler pour parler de l’Union européenne comme vient de le faire Boris Johnson illustre la violence du débat autour du projet européen au Royaume-Uni, à six semaines d’un référendum qui s’annonce serré.

Mais cette outrance s’explique aussi par les ambitions de l’ancien maire de Londres, qui rêve de devenir Premier ministre à la place de David Cameron, soulignent les analystes.

« Napoléon, Hitler, plusieurs personnes ont essayé de le faire (unir le continent européen, ndlr), et cela s’est terminé de manière tragique. L’Union européenne est une autre tentative avec des méthodes différentes », a affirmé Boris Johnson, partisan de sortir de l’UE, dans le journal dominical Sunday Telegraph.

Des propos qui ont conduit le Parti travailliste britannique à accuser les pro-Brexit (pour « British exit ») d’avoir « perdu le sens moral » et ont valu à Boris Johnson d’être taxé de Donald Trump de la politique britannique pour ses excès.

Le quotidien The Guardian a évoqué lundi des propos « hideux et provocateurs » tandis que le Times a appelé à « laisser Hitler en dehors de tout ça ».

Mais pour Joe Twyman, responsable de la recherche politique et sociale de l’institut de sondage YouGov, ces propos extrêmes n’ont rien à voir avec « une erreur ou une gaffe ».

« C’est une décision calculée, stratégique parce qu’il (Boris Johnson) pense que cela aidera sa cause » auprès des électeurs britanniques, dit-il à l’AFP.

Cette déclaration est destinée à faire peur et contrebalancer les scénarios apocalyptiques brandis dans le camp d’en face en cas de sortie, à montrer « que le camp du maintien dans l’UE n’a pas le monopole de la peur ».

Simplifier pour attirer

La semaine dernière, le Premier ministre David Cameron a ainsi suggéré que l’Europe replongerait dans la guerre si le Royaume-Uni en sortait, s’attirant lui aussi les critiques.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, devant le 10 Downing Street à Londres, 27 février 2014 (Crédit : Carl Court/AFP)
Le Premier ministre britannique, David Cameron, devant le 10 Downing Street à Londres, 27 février 2014 (Crédit : Carl Court/AFP)

Sur le plan économique et commercial, son gouvernement prédit des années difficiles en cas de sortie, aidé par le feu conjoint du Fonds monétaire international, de la Banque d’Angleterre ou encore du président américain Barack Obama.

Si personne ne s’attendait à une campagne sereine sur un thème aussi important pour le destin des 64 millions de Britannique, les sondages, dans un mouchoir de poche, ont accentué la virulence du débat, estiment les analystes.

Selon l’institut What UK thinks qui fait la moyenne des six dernières enquêtes d’opinion, les deux camps sont en effet à égalité.

« C’est très serré », souligne Steven Fielding, professeur d’histoire politique à l’université de Nottingham. « C’est donc l’heure d’aller à l’essentiel. Ce qui signifie une présentation extrémiste des points de vue ».

Selon Paul Taggart, professeur de sciences politique à l’université du Sussex, la complexité de l’enjeu explique aussi la teneur du débat.

« Les deux camps doivent simplifier une histoire complexe pour la rendre attrayante », dit-il. Et amener les électeurs à aller voter le 23 juin.

Mais la stratégie de surenchère choisie par M. Johnson est aussi destinée à servir un dessein plus personnel, qui est de remplacer David Cameron à Downing Street si le « non » à l’UE l’emporte.

Or les références à la Seconde Guerre mondiale et à Hitler sont particulièrement populaires auprès des vieux membres du Parti conservateur, dont le soutine est nécessaire pour accéder à son rêve de devenir Premier ministre, selon M. Fielding.

Sarkozy : Le « pire serait le Brexit et l’adhésion de la Turquie »

« Le pire » pour l’Union européenne « serait le Brexit et l’adhésion de la Turquie », a estimé mardi l’ancien président français Nicolas Sarkozy, qui a prôné un nouveau traité « dont la France doit être à l’initiative dès l’été 2017 ».

« Le pire serait le ‘Brexit’ et l’adhésion de la Turquie : on aurait fait le grand chelem de l’erreur ! », a déclaré M. Sarkozy, dans un entretien au journal Le Monde.

« Mais ‘Brexit+’ ou pas, il faudra, dans tous les cas de figure, refonder profondément le projet européen, et cela passera par un traité dont la France doit être à l’initiative, dès l’été 2017 », a souligné l’ancien président, candidat à la primaire au sein de l’opposition de droite en prévision de la présidentielle de 2017 en France.

Nicolas Sarkozy pendant la conférence d'Herzylia, le 8 juin 2015. (Crédit : Flash 90)
Nicolas Sarkozy pendant la conférence d’Herzylia, le 8 juin 2015. (Crédit : Flash 90)

« Le débat sur le ‘Brexit’ est une opportunité pour refonder l’Europe », a estimé M. Sarkozy.

« Penser que la Turquie peut durablement gérer et résoudre ces problèmes est une erreur. L’Europe peut-elle faire confiance à un pouvoir turc, qui évolue de plus en plus vers un régime autoritaire ? Je le conteste », a-t-il dit, jugeant « irresponsable » la suppression des visas « dans le climat sécuritaire actuel », et « incompréhensible » la relance des négociations d’adhésion « compte tenu de l’évolution du pouvoir turc sur les libertés publiques ».

Sarkozy a souhaité la création d’un « euro-Schengen, c’est-à-dire un gouvernement de Schengen composé des ministres de l’Intérieur des pays membres, avec un président stable, qui aurait autorité sur Frontex ». Il souhaite également que « la liberté de circulation des extra-communautaires ne soit plus permise dans l’Union européenne, tant que Schengen 2 ne sera pas adopté ».

Sarkozy veut aussi « l’adoption préalable d’une politique d’immigration commune, avec notamment une harmonisation des prestations sociales accordées aux demandeurs d’asile, pour éviter le tourisme social. Au-delà des demandeurs d’asile, tout nouvel entrant dans l’Union européenne ne pourra pas toucher une allocation sociale avant un délai de cinq ans, à l’image de ce que font les Britanniques, et projettent de faire les Allemands ».

Tusk reproche à Johnson d’avoir « dépassé les limites » en évoquant Hitler

« Quand j’entends que l’UE est comparée aux plans et aux projets d’Adolf Hitler, je ne peux pas rester silencieux », a déclaré, le président du Conseil européen Donald Tusk lors d’une conférence de presse à Copenhague.

« Il faudrait ignorer des arguments aussi absurdes s’ils n’avaient pas été formulés par l’un des hommes politiques les plus influents du parti au pouvoir. Boris Johnson a dépassé les limites d’une discussion rationnelle, faisant preuve d’amnésie politique », a accusé le Polonais.

Tusk, tout en affirmant ne pas vouloir intervenir dans le débat politique britannique, a estimé qu’il s’agissait d’un contre-sens historique.

« On peut reprocher beaucoup de choses à l’UE, mais elle reste encore le rempart le plus efficace contre les conflits toujours dangereux et souvent tragiques entre les nations européennes », a-t-il affirmé.

Donald Tusk en 2014 (Crédit : Wikimedia Commons)
Donald Tusk en 2014 (Crédit : Wikimedia Commons)

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