Infertilité : Un labo israélien fait une avancée potentielle
Les scientifiques ont cultivé du proto-sperme à partir de cellules souches en travaillant sur des souris mâles, ce qui pourrait aider à traiter la stérilité humaine à l'avenir
Des scientifiques israéliens pensent avoir trouvé un moyen permettant à des souris mâles qui ne produisent pas de sperme de se reproduire. Si cette recherche est encore à un stade précoce, ils veulent aujourd’hui prouver les capacités de leur méthode pour pouvoir l’adapter ensuite aux êtres humains.
Les scientifiques ont ainsi cultivé de minuscules testicules artificiels dans des micropuces, les utilisant pour produire des spermatites susceptibles, à leur tour, de fertiliser des œufs.
Les chercheurs ont détaillé cette percée innovante dans la lutte contre l’infertilité dans un article écrit pour le journal à comité de lecture Biofabrication.
La fonction de la micropuce est de maintenir automatiquement l’environnement idéal pour les cellules. Les scientifiques ont prélevé des cellules-souches de testicules et ces dernières ont été cultivées dans un testicule artificiel, qui a produit à son tour des spermatides rondes. Les spermatides rondes sont les formations cellulaires qui se transforment normalement en sperme quand elles se développent – et qui ont été utilisées avec succès pour créer des bébés animaux ou humains.
Dans les jours à venir, les chercheurs vont envoyer certaines de ces spermatides à un laboratoire américain qui aidera à déterminer les meilleures approches à adopter pour la prochaine phase de la recherche – en les utilisant pour fertiliser des œufs.
« Cette recherche représente une avancée qui pourrait permettre aux hommes stériles qui ne produisent pas de sperme d’avoir des enfants”, a déclaré au Times of Israel le biologiste professeur Mahmoud Huleihel de l’Université Ben Gourion du Néguev, qui a dirigé l’étude scientifique.

“Cela pourrait également fournir un moyen pour les jeunes patients atteints de cancer, qui ne produisent pas encore de spermatozoïdes, de conserver des cellules avant la chimiothérapie qu’ils pourraient utiliser ainsi plus tard dans la vie pour avoir des enfants », a-t-il continué.
« Les patients cancéreux adultes peuvent congeler le sperme au cas où la chimiothérapie en vienne à nuire à la fertilité – mais si les jeunes patients ne produisent pas encore de sperme, il n’y avait pas de solution pour eux jusqu’à présent », a-t-il fait remarquer.
La recherche a impliqué de jeunes souris qui ne produisaient pas encore de cellules de sperme. Des cellules-souches ont été prélevées dans leurs testicules et placées dans des micropuces conçues pour représenter le meilleur environnement possible pour leur croissance.

Après cinq à sept semaines, Huleihel et son équipe ont observé des structures en forme de tube contenant des cellules à un stade avancé, qui sont connues sous le nom de spermatides rondes.
« Nous savons déjà, grâce aux recherches existantes, que les spermatides rondes peuvent être utilisées pour fertiliser des œufs et nous travaillons aujourd’hui sur la partie suivante de l’expérience, celle qui nous permettra de faire très exactement cela – utiliser les spermatides pour fertiliser des œufs de souris. Nous espérons terminer ce travail d’ici un an ou deux », a-t-il expliqué.
« Nous nous préparons également à appliquer cette méthode à des cellules prélevées sur des humains. Si ça fonctionne, cela pourrait nous permettre de cultiver des cellules prélevées sur des humains, ce qui signifie que nous ne nous appuierons plus nécessairement sur le sperme pour pouvoir concevoir un bébé. Il pourrait y avoir grâce à cela des bénéfices significatifs à tirer pour les hommes infertiles qui ne produisent pas de sperme ou pour les enfants atteints d’un cancer qui pourraient vouloir, un jour, avoir des enfants », s’est-il réjoui.