Irresponsabilité pénale : R. Halimi absente à la remise du prix dédié à son fils
Le Premier ministre français a remis mercredi à Matignon le deuxième prix national Ilan Halimi, jeune juif âgé de 23 ans, torturé du 20 janvier au 13 février 2006
Edouard Philippe a mis en garde contre l’important développement des « préjugés » antisémites qui conduisent à « des actes qui ne tombent pas du ciel », en remettant mercredi à Matignon le deuxième prix Ilan Halimi.
« Notre tâche et celle de ceux qui portent la cause a pour objectif qu’on ne passe pas de ces préjugés, de ces idées, à des actes qui ne tomberaient pas du ciel », a souligné le Premier ministre.
Rappelant s’être rendu fin janvier à Auschwitz-Birkenau pour le 75e anniversaire de la libération des camps, M. Philippe a paraphrasé l’un des survivants juifs polonais qui, à la tribune des commémorations, avait dit : « Auschwitz n’est pas tombé du ciel soudainement. »
« Auschwitz n’est pas tombé du ciel : il est arrivé après que, petit à petit, un discours, des paroles, une idéologie et une haine se furent développés dans un pays pourtant incroyablement civilisé et cultivé (l’Allemagne, ndlr) », a fait valoir M. Philippe.
« De même la mort d’Ilan Halimi n’est pas tombée du ciel, elle est l’expression de préjugés, d’idées, qui petit à petit se construisent et se développent », a-t-il averti, 14 ans après la mort de ce jeune juif âgé de 23 ans, torturé du 20 janvier 2006 au 13 février par « le gang des Barbares ».
Parmi les quatre lauréats de cette distinction créée en 2014 dans l’Essonne et devenue nationale l’an passé, le Premier ministre a remis le Grand prix à l’association « audiovisuelle et cinématographique » Vatos Locos de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), qui a réalisé plusieurs vidéos promouvant la lutte contre les discriminations. L’an dernier, le prix avait été remis à des élèves du collège du Clos de Pouilly à Dijon. Il vise à récompenser un travail collectif mobilisant au moins 5 jeunes de moins de 25 ans qui ont mené une action visant à lutter contre les préjugés et les stéréotypes racistes et antisémites.
Contrairement à la première édition, la mère d’Ilan Halimi était absente de la cérémonie à Matignon.
La romancière et scénariste Emilie Frèche, présidente du jury, a évoqué « le grand découragement » né après la décision de justice déclarant pénalement irresponsable le suspect du meurtre de Sarah Halimi, une sexagénaire juive violemment tuée en avril 2017. C’est « une des raisons pour laquelle Ruth, la maman d’Ilan, n’est pas parmi nous aujourd’hui », a-t-elle affirmé devant M. Philippe.
Émotion de voir et d’entendre le nom d’Ilan Halimi hier à Matignon, dans la bouche de nos jeunes lauréats. Fière et heureuse de présider ce beau prix tourné vers l’avenir. Bravo à eux, et merci à tous ceux qui rendent cette aventure possible!#PrixIlanHalimi pic.twitter.com/tg56WoZDC4
— Emilie Frèche (@EmilieFreche) February 13, 2020
Sur Twitter, elle s’est néanmoins également dit émue « de voir et d’entendre le nom d’Ilan Halimi hier à Matignon, dans la bouche de nos jeunes lauréats » et « fière et heureuse de présider ce beau prix tourné vers l’avenir ».
En janvier, Emmanuel Macron s’était exprimé sur ce dossier, estimant que « le besoin de procès » était « là » et revenant en détail sur cette affaire en cours. Des propos qui avaient provoqué une rare mise au point des plus hauts magistrats, rappelant « l’indépendance de la justice ».
Le nombre de faits racistes et xénophobes, pour une large partie des menaces, a très fortement augmenté en 2019 (plus de 130 %). Et les faits à caractère antisémite, déjà en forte croissance en 2018 (+ 74 %), ont encore grimpé en 2019 (+ 27 %).