Témoignage de rescapés lors de la visite d’Édouard Philippe à Auschwitz
"'Fais attention. Là bas au bout du quai il y a une sélection. A gauche c'est la vie et à droite c'est la mort'", a confié Isabelle Choko

« Le choc est net »: en visite au camp d’Auschwitz 75 ans après sa libération, Edouard Philippe a souligné lundi la « radicale part d’inhumanité » qui a conduit à la Shoah et exhorté des lycéens à en transmettre la mémoire.
« Lorsqu’on vient visiter le camp (…), le choc est net », a observé le Premier ministre en évoquant « cet effroi, ce silence absolu qui prévaut face a la découverte de cette radicale part d’inhumanité ».
« On est donc partagé entre la volonté de savoir et de comprendre et la certitude qu’au fond, il y a quelque chose d’incompréhensible. On est partagé entre la nécessité du silence et de la mémoire et la nécessité de dire les choses, de les transmettre », a-t-il poursuivi, lors d’une allocution sur le site de la « Judenramp », lieu de sélection des prisonniers à leur arrivée en captivité.
À Auschwitz-Birkenau, 75 ans après. pic.twitter.com/aqWCufxuLM
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) January 27, 2020
C’est à cet endroit-même qu’est « arrivé quelque chose d’incroyable » à Isabelle Choko, âgée de 91 ans, rescapée juive des camps d’extermination et présente lundi aux côtés du Premier ministre.
« Un homme qui nettoyait la gare s’est approché de moi et malgré l’interdiction de parler s’est mis à me répéter tout doucement : ‘fais attention. Là bas au bout du quai il y a une sélection. A gauche c’est la vie et à droite c’est la mort' », a-t-elle témoigné.
« Alors moi, en entraînant ma mère et en essayant d’aller le plus vite possible, je me suis mise à dire ‘allez à gauche’, pour que le maximum de personnes puissent m’entendre », a-t-elle raconté.
Avant de prendre part à une cérémonie internationale dans l’après-midi à Birkenau, le Premier ministre était accompagné lundi matin lors de la visite du camp d’Auschwitz par une classe de lycéens de Jouy-le-Moutier (Val d’Oise), vainqueurs du Concours national de la résistance et de la déportation.
« Souhaitons que les élèves qui nous accompagnent prennent conscience de ce qui a été le plus grand génocide du siècle dernier », a plaidé un autre survivant de la Shoah, Henri Zajdenwergier, 92 ans. Ce dernier, lui-même déporté en Estonie en 1944 dans le convoi 73, a perdu 13 membres de sa famille à Auschwitz dont son père.
« Il vous appartiendra désormais, quand vous le pourrez, avec les mots qui sont les vôtres, sans prétendre à la perfection historique, mais avec sincérité, de dire ce que vous avez vu », a lancé aux élèves M. Philippe.
« Et de faire en sorte que collectivement nous n’oublions pas qu’il y a eu ici un des pires exemples d’inhumanité, que l’inhumanité fait partie de ce que nous sommes, et qu’il ne faut pas l’oublier », a-t-il conclu.