Israël est victime dans le conflit avec les Palestiniens, selon Jason Greenblatt
L'envoyé de paix américain a déclaré à la chaîne américain PBS qu'il "ne pouvait pas trouver un seul exemple" dans lequel Israël aurait fait une erreur
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Jason Greenblatt, l’envoyé américain pour la paix au Moyen-Orient, a déclaré dans un entretien diffusé à la télévision américaine mercredi qu’Israël était la victime dans le conflit avec les Palestiniens et que, de son point de vue, l’Etat juif n’avait commis aucune erreur sur les décennies du conflit.
Dans un entretien accordé à la chaine PBS, Greenblatt a également affirmé que qualifier les communautés israéliennes en Cisjordanie de « settlements [implantations] » était péjoratif. Il considère le territoire « contesté » plutôt que « occupé » et a affirmé que le plan de paix de l’administration Trump répondait bien à la question de l’auto-détermination palestinienne.
Le plan de paix, qui doit encore être dévoilé, a vu sa dimension économique être exposée en juin, avec le projet d’investir 50 milliards de dollars pour développer l’économie palestinienne.
La Maison-Blanche a indiqué qu’elle attendait la formation d’un gouvernement israélien après les élections du 17 septembre pour dévoiler la dimension politique de son plan de paix et n’en a présenté aucun détail.
Grennblatt a été interrogé sur la responsabilité d’Israël dans la situation actuelle dans le conflit avec les Palestiniens, qui perdure depuis la fondation de l’Etat juif en 1948.
« Je pense qu’Israël est actuellement plus la victime que le responsable, a-t-il répondu. Depuis sa création, les Israéliens ont été attaqués à de nombreuses reprises. Ils continuent à être attaqués par le terrorisme. Je ne suis donc pas sûr de bien comprendre le postulat de la question. »
Greenblatt a dit qu’il « ne pouvait pas trouver un seul exemple » dans lequel Israël avait pu faire des erreurs ou outrepassé son autorité.
« Mais je pense que même notre grand pays a fait des erreurs au fil des ans. Et, avec le temps, on essaie de corriger ces erreurs. Mais je pense qu’Israël fait de son mieux dans des circonstances très difficiles. »
« Personne n’est parfait, n’est-ce pas ? », a-t-il dit.
Greenblatt a aussi commenté la possibilité qu’Israël annexe des implantations en Cisjordanie, une idée qui a été lancée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et dont un reportage de la télévision israélienne en mai a avancé que Washington allait autoriser dans son plan de paix. Un officiel américain avait ensuite déclaré qu’il n’y avait pas de tel projet à être discuté ou à avoir été proposé à l’administration par Israël.
« Je n’aime même pas ce mot d’implantations, a dit Greenblatt. Je pense que c’est un terme péjoratif. J’utilise les termes quartiers et villes. »
« Mais je pense que c’est l’un de défis de ce dossier, alors que des gens parlent de Cisjordanie, de Judée et Samarie comme étant occupées, je dirai plutôt que le territoire est contesté. Cela doit être résolu dans le contexte de négociations directes entre les parties. Le qualifier de ‘territoire occupé’ ne résout pas le conflit. »
Israël a pris le contrôle de la Cisjordanie lors de la guerre des Six Jours. Les Palestiniens voient le territoire comme leur futur Etat avec Jérusalem-Est comme capitale.
Interrogé sur l’auto-détermination palestinienne dans le plan de paix, Greenblatt a refusé de donner le moindre détail.
« Je ne veux pas m’exprimer avant la publication du plan », a-t-il dit, expliquant la politique du silence de Washington comme une stratégie pour empêcher l’accord proposé d’être attaqué avant même d’être présenté aux Israéliens et aux Palestiniens.
« Il suffit de dire que, dans la soixantaine de pages du plan, cette question est traitée, a-t-il noté. Et notre but est de donner aux Palestiniens tout ce qui est possible à ce sujet, tant que la sécurité d’Israël n’est pas affectée d’une manière négative. »
L’administration n’utilise pas l’expression « solution à deux Etats », a-t-il souligné, parce que « l’on ne peut pas prendre un conflit aussi complexe que celui-là et le réduire à ces trois mots ».
Il a rejeté l’idée qu’avec son plan économique, intitulé « Prospérité pour la paix », les Etats-Unis offraient de l’argent aux Palestiniens pour la paix au lieu de terres.
« Je vais dire les choses très clairement : il n’y a pas de paix économique sans une solution politique acceptable pour les deux camps », a-t-il dit.
Peu après que le président américain Donald Trump a reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël en décembre 2017 et a lancé le processus de transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, les Palestiniens ont considérablement réduit leurs liens avec Washington, y compris en rompant les relations avec la Maison-Blanche.
Greenblatt a affirmé que les Palestiniens avaient maintenant peur de montrer publiquement de l’intérêt pour le plan de paix et qu’il tenait toujours de nombreuses rencontres avec des Palestiniens dans la région qui lui demandent tous de ne pas parler de leurs négociations ou de dire qui il a rencontré.
« Quand ils rentrent chez eux, ils ont peur, et c’est dommage », a-t-il dit.
Interrogé pour savoir s’il y avait quiconque dans la société palestinienne qui pourrait apporter le soutien de la base de la population au plan de paix, Greenblatt a répondu : « Non, malheureusement. »
L’envoyé spécial a défendu les décisions de l’administration Trump, dont les Palestiniens affirment qu’elle montrent privilégient Israël, comme la reconnaissance de Jérusalem comme capitale et le transfert de l’ambassade dans la ville. Le statut de Jérusalem comme capitale a été inscrit dans la loi américaine. Chaque président avait promis de la faire appliquer, mais personne ne l’avait fait jusqu’à Trump, a-t-il souligné.
Concernant l’UNRWA, l’organisation des Nations unies qui aide les Palestiniens et à laquelle les Etats-Unis ont coupé tout financement plus tôt cette année, Greenblatt a déclaré : « C’est un système qui ne fonctionne pas. »
« Cela entretient des Palestiniens qui vivent dans des camps de réfugiés dans des conditions difficiles, sans aucun avenir. Il est donc assez injuste que certains critiques disent que, du fait de ces décisions, nous ne nous soucions pas des Palestiniens. »
Netanyahu a expliqué qu’il serait « ouvert d’esprit » concernant le plan de paix américain, alors que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a promis à de nombreuses occasions de le rejeter.
« Je pense que les gens sont fatigués du conflit, a déclaré Greenblatt. Je pense que tout le monde veut une vie meilleure pour les Palestiniens, mais tout le monde est également prêt à reconnaître les très nombreux défis qui existent pour leur donner une vie meilleure, afin de tout améliorer. »
« Ce qui est en jeu, c’est la prochaine génération d’enfants qui vont continuer à souffrir. Et ce serait terrible. »
Des agences et l’équipe du Times of Israël ont contribué à cet article.