Israël n’a envoyé que 28 représentants à la COP28, dans l’ombre de la guerre
Le ministère des Affaires étrangères avait prévu une délégation de 1 000 personnes ; le pavillon a été réduit pour promouvoir 4 start-ups du sud et un espace rappelant les otages
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Une petite délégation israélienne de seulement 28 représentants assistera cette année à la 28e conférence de l’ONU sur le dérèglement climatique (COP28), qui a débuté jeudi – largement plus restreinte que le groupe de 1 000 personnes que le ministère des Affaires étrangères avait initialement prévu d’envoyer, dont le président Isaac Herzog et le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Herzog se rendra au complexe Expo de Dubaï, où se tient la conférence du 30 novembre au 12 décembre, a annoncé son bureau mercredi, mais l’objectif sera de tenir des réunions parallèles avec des dirigeants du monde entier pour faire pression en faveur de la libération des otages restants dans la bande de Gaza.
En juillet, le ministère des Affaires étrangères avait dévoilé les plans d’une délégation de 1 000 personnes qui aurait compris sept ou huit ministres, des fonctionnaires de divers ministères, des universitaires, des investisseurs, des hommes d’affaires, plus de 100 entreprises dont 30 start-ups, et des groupes de défense de l’environnement.
L’idée derrière une délégation aussi importante était de permettre au plus grand nombre de personnes possible d’entrer dans la zone bleue officielle de la conférence, réservée aux chefs d’État, aux délégations d’État, aux observateurs agréés et à la presse accréditée.
Mais après que des milliers de terroristes palestiniens du Hamas ont attaqué et envahi Israël le 7 octobre, assassinant 1 200 personnes et en enlevant au moins 240 personnes pour les ramener dans la bande de Gaza, les plans ont changé et il a été conseillé aux Israéliens d’éviter tout voyage non-essentiel dans des régions telles que le Moyen-Orient.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré jeudi au Times of Israel que les 28 fonctionnaires représenteraient les ministères des Affaires étrangères, de l’Environnement, de l’Énergie et des Finances, et qu’aucun ministre ne viendrait.
Le pavillon d’Israël ne présentera que quatre start-ups spécialisées dans le climat, toutes originaires de la zone frontalière de Gaza, a-t-il ajouté, et disposera d’un espace pour les personnes souhaitant exprimer leur solidarité avec les otages d’Israël retenus à Gaza.
Ces entreprises sont UBQ Materials, basée au kibboutz Tzeelim, qui transforme les déchets ménagers non triés en un matériau thermoplastique utilisé dans une grande variété de produits ; Akologik (du kibboutz Bror Hayil), qui fournit une plateforme en nuage pour le suivi des cultures, de la semence à la commercialisation ; Agil (anciennement Camelot.ai) du kibboutz Nir Am, qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour identifier et prévenir les événements liés au dérèglement climatique tels que les inondations ; et Emnotion (de l’incubateur InNegev dans la ville bédouine de Rahat), qui fournit des solutions avancées dans le domaine de la modélisation climatique.
Israël avait l’intention d’organiser environ 70 événements, soit près du double du nombre d’événements organisés lors de la COP27 de l’année dernière, qui s’était tenue dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. Ce nombre a depuis été ramené à 15.
La conférence de cette année a été controversée dès le départ en raison de son emplacement, un État pétrolier clé, et du choix de Sultan al-Jaber, directeur-général de l’Abu Dhabi National Oil Company, en tant que président de la conférence.
Plus tôt cette année, certaines des plus grandes organisations environnementales israéliennes avaient annoncé leur intention de rejoindre leurs homologues internationaux en boycottant la réunion en signe de protestation.
Lundi, la BBC et le Center for Climate Reporting ont exposé des documents d’information sur les projets des Émirats arabes unis concernant les réunions avec les gouvernements étrangers à l’approche de la conférence. Selon eux, ces documents comprenaient des points de discussion sur les accords relatifs aux combustibles fossiles, ainsi que sur les accords avec Masdar, la société d’énergie renouvelable d’Abu Dhabi, que dirige également al-Jaber. La combustion des combustibles fossiles est le principal moteur du dérèglement climatique. Al-Jaber a rejeté les allégations selon lesquelles il avait l’intention de favoriser les accords sur les combustibles fossiles.
Au début de l’année, il était apparu que Masdar avait signé un contrat avec l’ancien chef de l’Anti-Defamation League (ADL) en Israël, Zev Furst, qui proposait « d’activer ou mobiliser ses relations au sein de la communauté juive américaine » pour redorer l’image du magnat du pétrole Sultan al-Jaber à l’approche du sommet sur le climat.
L’accord, conclu avec First International Resources, citait des objectifs de renforcement de la « réputation générale et du statut » des Émirats arabes unis, d’al-Jaber et de la COP28 « auprès des publics occidentaux » ; de tirer parti de cette « réputation améliorée » pour « inoculer » al-Jaber et la COP28 de toute critique potentielle ; et de « solidifier » la position des Émirats arabes unis en tant que « leader innovant dans les efforts mondiaux de décarbonisation et la transition vers l’abandon des combustibles fossiles ».
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a annoncé jeudi à la COP28 que cette année était « pratiquement certaine » d’être la plus chaude jamais enregistrée. Elle a averti que le monde était en passe de connaître une hausse de température de 2,5°C à 3°C par rapport aux niveaux préindustriels dans les décennies à venir – bien au-delà des 2°C et de préférence de l’augmentation de 1,5°C que le monde s’est engagé à ne pas dépasser lors du rassemblement de l’ONU à Paris en 2015 (COP21).
WMO #StateofClimate report at #COP28Greenhouse gas levels in the atmosphere are record high. We risk temperature…
Posted by World Meteorological Organization on Thursday, November 30, 2023
Les scientifiques ont déclaré cette année que le monde devrait réduire de 60 % les gaz à effet de serre d’ici 2035, par rapport à une base de référence de 2019, pour maintenir l’augmentation des températures dans les limites de l’objectif de 1,5 °C.