Israël se préparerait aux réactions palestiniennes à la décision de Trump
Les dirigeants de la Cisjordanie pourraient lancer des manifestations si les Etats-Unis changent le statut de Jérusalem. Le Hamas pourrait faire des attaques terroristes, dit un responsable de la Défense
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Les responsables de la défense se prépareraient à l’éventualité de manifestations violentes et à des attentats terroristes si l’administration Trump devait reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ou décider de relocaliser l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.
La police israélienne, les services sécuritaires du Shin Bet et le Commandement central de l’armée israélienne ont organisé des réunions ces derniers jours pour faire le point sur les différents scénarios si le président américain Donald Trump devait mener à bien son intention rapportée de changer la politique américaine sur la capitale, a fait savoir mardi le quotidien en hébreu Yedioth Ahronoth.
Les responsables palestiniens ont indiqué que ce déménagement de l’ambassade viendrait annihiler les tentatives dirigées par Jared Kushner, conseiller et gendre de Trump, visant à la reprise des négociations de paix. Pour sa part, Kushner, lors d’une rare apparition publique, le week-end dernier, a fait part de son optimisme concernant le renouvellement des pourparlers.
Trump devrait faire une annonce sur Jérusalem lors d’un discours politique majeur qui sera prononcé mercredi.
Israël a pris le contrôle de Jérusalem-Est durant la guerre des Six jours en 1967 et y a élargi sa souveraineté en 1980, une annexion effective qui reste non-reconnue par la communauté internationale. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme capitale de leur futur état.
Des responsables de la sécurité ont indiqué au Yedioth que, jusqu’à présent, la rhétorique féroce employée par les leaders palestiniens mettant en garde contre le changement du statut de Jérusalem n’a pas été suffisante pour entraîner des violences. Mais la situation pourrait changer très rapidement, auraient-ils ajouté, sans même un appel au passage à l’action de la part de l’Autorité palestinienne.
Les médias palestiniens, qui ont attisé les émotions à ce sujet, sont en mesure à eux seuls de déclencher des mouvements de protestation même avant l’annonce par Trump de sa décision, a noté le reportage.

Les responsables sécuritaires israéliens s’attendent à des réactions de la part des groupes terroristes établis comme de « loups solitaires », a précisé le journal. Les leaders des protestations devraient être le mufti de Jérusalem de l’AP, Mohammed Hussein, le chef du comité islamique suprême de Jérusalem Sheikh Ekrima Sabri, et Sheikh Omar al-Kiswani, qui dirige la mosquée al-Aqsa sur le mont du Temple de Jérusalem. Les trois hommes avaient pris la tête des manifestations qui ont eu lieu cette année lors de l’installation de détecteurs de métaux à l’entrée du mont du Temple suite à un attentat terroriste meurtrier.
Les manifestations organisées aux abords de la Vieille Ville avaient été violentes par moments et les détecteurs de métaux avaient finalement été retirés.
Quoi qu’il puisse arriver dans les rues, les responsables estiment que l’AP voudra malgré tout contenir la situation et l’empêcher de dégénérer en chaos, a fait savoir le reportage.
Trump, qui a fait campagne avec la promesse de relocaliser l’ambassade, avait reculé face à cette initiative après être entré à la Maison Blanche. Des informations récentes ont laissé entendre qu’il n’avait pas été satisfait de sa première dispense signée au mois de juin et qu’il désire dorénavant aller de l’avant en reconnaissant Jérusalem comme la capitale d’Israël. Il y a eu des détails contradictoires sur ce qu’entraînerait une telle initiative, et si cette dernière impliquerait nécessairement le déplacement de l’ambassade.
Une date-butoir de signature de dispense a été franchie lundi sans aucune démarche entreprise par l’administration Trump sur cette question.
La question de Jérusalem intervient alors que le groupe terroriste du Hamas se prépare à marquer son 30e anniversaire, le 14 décembre.
Les responsables s’attendent d’ores et déjà à ce que le Hamas commette un attentat terroriste majeur qui coïnciderait avec cet anniversaire pour tenter de renforcer sa position de leader dans le combat armé contre Israël. Le Hamas a été récemment considéré par les Palestiniens comme préférant finalement rechercher des liens diplomatiques avec des états arabes modérés, comme l’Egypte et l’Arabie saoudite, à un conflit armé contre Israël.
Les responsables sécuritaires ont indiqué qu’une décision qui contrarierait les Palestiniens pourrait donner au Hamas un prétexte de recourir à la violence et aux « jours de colère » contre Israël.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.