Israël se ressaisit, l’axe iranien s’effondre
La conquête éclair de la Syrie par les djihadistes, suivie par la destruction rapide de l’infrastructure militaire d’Assad par Tsahal, pourrait convaincre l’Iran qu’il ne reste qu’une option
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Cent otages sont encore détenus à Gaza. Des dizaines de milliers d’Israéliens commencent à peine à espérer un retour à la stabilité dans le nord du pays. Le Hamas, le Hezbollah et les Houthis ont toujours la capacité de lancer des roquettes et des drones. Des soldats continuent de tomber au front à Gaza et au sud du Liban.
Mais 14 mois après le déferlement du Hamas, le pire jour de l’histoire moderne d’Israël, « l’axe de la résistance » iranien est en train de s’effondrer, tandis qu’Israël semble amorcer un redressement.
Malgré l’échec retentissant à anticiper et à prévenir le pogrom perpétré par le [groupe terroriste palestinien du] Hamas et malgré une campagne militaire lente et prolongée à Gaza, les forces israéliennes de renseignement, terrestres et aériennes ont, ces trois derniers mois, porté un coup dévastateur au [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah, une armée bien plus redoutable que le Hamas, opérant au-delà de la frontière nord. Ce qui a eu pour effet d’affaiblir le régime de Bashar El-Assad en Syrie et de le rendre plus vulnérable à un renversement par les forces djihadistes.
Un tel tournant aurait été impossible si Netanyahu avait opté pour un arrêt de la guerre à Gaza afin de négocier un accord sur la libération des otages. Il aurait même pu intervenir plus tôt si la campagne de Gaza avait été plus expéditive, permettant à Tsahal de concentrer rapidement ses efforts pour neutraliser le Hezbollah.
Extrêmement méfiant face aux assurances du nouveau chef djihadiste syrien, Abou Mohammed al-Jolani, qui affirme que la Syrie est « épuisée » par la guerre, et n’a pas l’intention d’ouvrir de nouveaux fronts, Israël a réagi à la prise de pouvoir éclair des rebelles islamistes à Damas par une contre-offensive stratégique tout aussi foudroyante. Il a détruit non pas l’armée syrienne de Bashar El-Assad – dont les troupes s’étaient déjà dispersées –, mais les infrastructures militaires et les stocks d’armement du régime syrien de Bashar El-Assad.
Le nom même d’Al-Jolani rappelle ses racines dans les hauteurs du Golan. Quant au nom de son groupe, Hayat Tahrir al-Sham, il se traduit par « Organisation pour la libération du Levant » — une région qui englobe historiquement la Syrie, le Liban, la Jordanie et, oui, l’actuel Israël. Recherché pour terrorisme par les États-Unis depuis 2017, il fait l’objet d’une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à sa capture.
Dimanche dernier, le jour même où il célébrait sa victoire dans un discours prononcé à la mosquée des Omeyyades de Damas, un groupe de rebelles non identifiés, rassemblés dans une autre mosquée de la capitale syrienne, a proclamé son intention de se diriger, à terme, vers la capitale israélienne : « C’est la terre de l’islam, c’est Damas, le bastion musulman. D’ici à Jérusalem. Nous irons à Jérusalem. Patience, peuple de Gaza, patience », a déclaré l’un d’entre eux. Ses propos ont été approuvés par les hommes armés l’entourant, scandant « Allahu akbar ! » [« Dieu est le plus grand » en arabe].
La méfiance des Israéliens et les mesures prises pour prévenir les pires scénarios sont donc de mise. Si seulement Israël avait agi de même avant le 7 octobre.
Par le passé, la Syrie a constitué une menace majeure pour Israël : un ennemi redoutable et meurtrier lors de la guerre du Kippour en 1973, et une puissance nucléaire potentielle jusqu’à ce qu’Israël détruise son réacteur nucléaire, construit avec l’aide de la Corée du Nord, en 2007. Jusqu’à la semaine dernière, le pays abritait la plus grande concentration de systèmes de défense aérienne au monde, selon l’ancien chef de l’armée israélienne, Ido Nehoshtan.
La Syrie disposait également de vastes réseaux d’armes, d’infrastructures dédiées aux armes chimiques et d’importantes installations de production d’armement.
L’armée de l’air israélienne aurait éliminé 80 % de la capacité militaire syrienne, assurant ainsi la suprématie aérienne d’Israël le long du corridor stratégique convoité par les ayatollahs – de la Méditerranée à l’Irak et à l’Iran, en passant par le Liban et la Syrie.
Par nécessité, Israël a également pris le contrôle de la zone tampon à la frontière syrienne, incluant notamment le versant syrien du stratégique mont Hermon. Bien qu’Assad, soutenu par l’Iran, représentât une menace potentielle significative, celle-ci n’était pas immédiate, et la frontière était jusqu’alors stable.
Cela n’est plus le cas aujourd’hui, et Israël a donc réagi promptement pour assurer la protection de ses citoyens.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié cette mesure de temporaire, et, en théorie, c’est effectivement le cas. Toutefois, il est difficile de prévoir quand et comment Israël estimera qu’un retrait pourra se faire sans risque.
Israël surveille également avec inquiétude l’évolution des risques d’insurrection violente en Jordanie, son voisin avec lequel il partage sa plus longue frontière et qui constitue un rempart crucial contre l’Iran. La Jordanie, dirigée par une monarchie impopulaire qui critique constamment Israël, reste néanmoins un partenaire stratégique clé dans la coordination bilatérale en matière de sécurité. Bien que les dirigeants des deux pays entretiennent des relations tendues, marquées par la méfiance et une hostilité personnelle, il demeure essentiel pour les deux nations de travailler à l’amélioration de leurs relations stratégiques.
Cependant, dans une région où presque toutes les hypothèses sont envisageables et où des événements dramatiques et inattendus se produisent chaque semaine, la préoccupation stratégique majeure reste, sans surprise, l’Iran.
Les deux principaux mandataires de la République islamique dans leur tentative de faire disparaître Israël ont été considérablement affaiblis. Le régime de Bashar El-Assad a été rapidement démantelé et ses propres vulnérabilités ont été exposées et amplifiées par l’échec relatif de ses deux frappes sur Israël, ainsi que par la puissance de la réponse israélienne – une réponse qui, malgré son impact, est restée relativement limitée.
La crainte est que les ayatollahs, à court d’options, concluent qu’Assad en Syrie, à l’instar de Mouammar Kadhafi en Libye et de Saddam Hussein en Irak avant lui, a été vulnérable parce qu’il n’avait pas accès à l’arme nucléaire. Cela pourrait les inciter à accélérer encore davantage leur programme d’armement nucléaire. La question est déjà débattue ouvertement, et l’enrichissement d’uranium s’intensifie. Le régime dispose déjà de puissantes capacités en missiles à longue portée, et les services de renseignement américains ainsi que l’organisme de surveillance nucléaire des Nations unies sont profondément préoccupés par leurs activités.
Il est à espérer que les services de renseignement américains et israéliens disposent de toutes les informations nécessaires sur l’état d’avancement du programme de militarisation du régime iranien et sur l’urgence d’agir pour le contrecarrer.
Par ailleurs, bien que les tactiques juridiques de Netanyahu aient contribué à prolonger indûment la durée de son procès pour corruption, et malgré le fait qu’il consacre régulièrement une grande partie de son temps à des activités cérémonielles et d’auto-promotion, il est clairement problématique pour Israël que son Premier ministre témoigne trois jours par semaine au tribunal, sans compter les nombreuses heures supplémentaires qu’il passe à préparer sa défense.
Un calendrier judiciaire moins contraignant semblerait plus approprié, surtout dans un contexte où la loi israélienne lui a permis de rester en fonction après son inculpation, où les autorités judiciaires ont conclu un accord l’autorisant à continuer d’exercer ses responsabilités même en témoignant, et où Israël traverse une période exceptionnellement critique et décisive.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel