Khamenei : le slogan « Mort à l’Amérique » s’adresse à Trump, pas aux Américains
Le guide suprême iranien a également fustigé les dirigeants européens, disant qu'il est impossible "de leur faire confiance"
Le chef suprême iranien a défendu les slogans « Mort à l’Amérique » – communément entonnés lors des rassemblements anti-américains dans le pays – en affirmant qu’ils étaient dirigés contre le président des Etats-Unis Donald Trump et les responsables du pays, et non contre la population.
« Mort à l’Amérique signifie mort à Trump, John Bolton et (Mike) Pompeo. Cela signifie mort aux dirigeants de l’Amérique. Nous n’avons rien contre le peuple américain », a-t-il dit en référence au conseiller américain à la sécurité nationale et au chef de la diplomatie américaine, selon son site internet officiel.
« Tant que les Etats-Unis continueront à exercer leur cruauté, la nation iranienne ne renoncera pas à ‘mort à l’Amérique’, » a continué Khamenei qui s’exprimait lors d’un événement célébrant le 40ème anniversaire de la révolution islamique iranienne.
Khamenei faisait ici référence au discours prononcé par Trump lors de l’Etat de l’union, cette semaine, au cours duquel le président a notamment déclaré que « nous ne fermerons pas les yeux face à un régime qui scande ‘mort à l’Amérique’. »
Dans son discours de l’Etat de l’union, Trump a contextualisé sa politique envers l’Iran en fustigeant le régime pour son antisémitisme.
L’Iran, a-t-il dit, « scande ‘Mort à l’Amérique’ et menace les Juifs de génocide. Nous ne devons jamais ignorer le poison vil de l’antisémitisme ou ceux qui laissent se propager son venin ».
La nécessité d’adopter un positionnement fort contre Téhéran, a dit le président, a été évidente lors de l’attaque de la synagogue Tree of Life, à Pittsburgh, qui a fait 11 morts – et qui aurait été l’acte de violence antisémite le plus meurtrier de l’histoire américaine.
L’Iran a riposté mercredi, avec un tweet envoyé par le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif qui a écrit que « les Iraniens – y-compris nos compatriotes juifs – commémorent 40 ans de progrès malgré les pressions américaines, comme ces accusations lancées une nouvelle fois par Donald Trump. »
L’année dernière, le président a retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire américain et réinstauré les sanctions contre la république islamique – des actions qui, a-t-il dit dans son discours, ont eu pour objectif de « garantir que cette dictature corrompue ne pourra jamais acquérir d’armes nucléaires ».
De plus, l’Ayatollah a également affirmé vendredi que son pays ne pouvait pas faire confiance à l’Union européenne (UE), quelques jours après le lancement par les Européens d’un système de troc permettant de contourner les sanctions américaines contre Téhéran.
« Il y a des discussions ces jours-ci sur les Européens et leurs propositions. Mon conseil est qu’on ne devrait pas leur faire confiance, tout comme aux Américains », a dit le leader iranien, selon son site officiel.
« Je ne dis pas qu’on ne devrait pas avoir des relations avec eux. C’est une histoire de confiance », a ajouté l’ayatollah Khamenei qui s’exprimait lors d’une réunion avec des responsables des forces armées aériennes dans le cadre des célébrations de la victoire de la Révolution islamique.
Paris, Berlin et Londres avaient annoncé fin janvier la création d’un mécanisme de troc pour permettre aux entreprises de l’UE de commercer avec l’Iran malgré les sanctions économiques rétablies contre Téhéran en 2018 par les États-Unis après la décision du président Donald Trump d’un retrait de l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015.
L’Iran avait alors salué « une première étape attendue » mais avait jugé ensuite « inacceptable » de lier le fonctionnement de ce système à des exigences relatives à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
Le guide suprême s’en est pris par ailleurs à l’Europe sur la question des droits de l’Homme, épinglant notamment le gouvernement français dans sa gestion des manifestations des « gilets jaunes ».
« Ils attaquent des manifestants dans les rues de Paris et ensuite, ils ont l’audace de nous faire des demandes sur les droits de l’Homme », a-t-il dit.