La frappe israélienne contre la prison d’Evin aurait fait 71 morts – pouvoir judiciaire
Parmi les victimes figureraient des membres du personnel administratif, des jeunes militaires, des détenus et leurs proches, ainsi que des personnes vivant à proximité

L’attaque israélienne lundi contre la prison d’Evin à Téhéran en pleine guerre contre la République islamique aurait fait 71 morts, a rapporté dimanche le pouvoir judiciaire iranien, au 6ᵉ jour de cessez-le-feu entre les deux pays ennemis.
Des opposants et des prisonniers étrangers ou binationaux, dont des Français, étaient détenus dans ce centre pénitentiaire ultra sécurisé, situé au pied de la montagne dans le nord de Téhéran, au moment des frappes israéliennes sur la porte de la prison.
La prix Nobel de la paix, Narges Mohammadi, y a notamment été incarcérée de longues années.
« Selon les statistiques officielles, 71 personnes ont été tuées lors de l’attaque contre la prison d’Evine », a indiqué Asghar Jahangir, le porte-parole du pouvoir judiciaire du régime iranien.
Israël a confirmé que ses frappes à Téhéran avaient visé cette prison.
Parmi les victimes figurent du personnel administratif de la prison, des soldats, des prisonniers, des proches venus leur rendre visite mais aussi des habitants vivant à proximité de l’établissement, a précisé Jahangir.
Evin Prison’s gate has been blown open—by the IDF.
The regime’s most feared symbol of repression—hit.
For 45 years, political prisoners and Iran’s greatest minds have been tortured, silenced, and murdered there.Today, that gate fell.
The Islamic Republic is cracking.
Let it… pic.twitter.com/7ZKbug0P3N— Matthew Nouriel (@MatthewNouriel) June 23, 2025
Des photos du complexe pénitentiaire diffusées par la justice iranienne montrent des murs éventrés, des plafonds effondrés et des tas de gravats en train d’être déblayés par des pelleteuses.
« Le centre de santé » et « le parloir » ont notamment été ciblés, a précisé le pouvoir judiciaire.
Mardi, les autorités ont annoncé avoir « transféré » un nombre indéterminé de détenus vers d’autres établissements pénitentiaires.
La semaine dernière, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, avait indiqué que la frappe aérienne avait touché la porte de la prison, un large complexe fortifié où l’Iran incarcère des prisonniers politiques, des journalistes, des universitaires, des militants des droits humains, des ressortissants étrangers et d’autres personnes.
Ce bombardement avait été condamné par le bureau des droits de l’Homme des Nations unies et par la France.
« La prison d’Evin n’est pas un objectif militaire et le fait de la prendre pour cible constitue une violation grave du droit international humanitaire », avait expliqué mardi à Genève Thameen Al-Kheetan, le porte-parole du bureau des droits de l’Homme des Nations unies, sans nommer Israël.
Il avait ajouté que son bureau avait reçu des informations faisant état d’incendies à l’intérieur du bâtiment et d’un nombre indéterminé de blessés.
Un certain nombre de ressortissants étrangers sont emprisonnés au sein de cet établissement pénitentiaire, dont deux citoyens français qui sont détenus depuis trois ans.

« La frappe visant la prison d’Evin à Téhéran met en danger nos concitoyens Cécile Kohler et Jacques Paris. C’est inacceptable », avait déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur les réseaux sociaux après la frappe.
Au total, l’Iran aurait incarcéré environ vingt ressortissants européens dans le cadre d’une stratégie de prise d’otages que certains gouvernements occidentaux considèrent comme visant à obtenir des concessions de la part de l’Occident.
Lancée le 13 juin, l’Opération « Rising Lion » en Iran avait pour objectif d’éliminer la « menace existentielle » que représentent le programme nucléaire iranien et ses capacités en matière de missiles balistiques.
L’Iran a riposté aux attaques israéliennes par des tirs quasi-quotidiens et indiscriminés de missiles en direction du territoire, de missiles sur des villes. 28 personnes sont mortes et des milliers d’autres ont été blessées, ont fait savoir les autorités de la santé et les hôpitaux. Certains missiles ont touché des immeubles d’habitation, une université et un hôpital, causant d’importants dégâts.

Israël a déclaré que son opération de grande envergure contre les principaux dirigeants du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime iranien, les scientifiques nucléaires, les sites d’enrichissement d’uranium et le programme de missiles balistiques était nécessaire pour empêcher la République islamique, qui a juré de détruire l’État juif, de se rapprocher de la fabrication d’armes atomiques.
Au cours de la campagne, la liste des cibles a été élargie pour inclure la télévision d’État et les forces de sécurité intérieure iraniennes.
Après que les États-Unis ont également bombardé des sites nucléaires iraniens clés la semaine dernière, Washington a négocié un cessez-le-feu entre Israël et la République islamique.