La justice allemande lève l’interdiction du magazine d’extrême droite Compact
Le ministère de l'Intérieur accusait Compact d'attiser la "haine contre les personnes juives et les personnes issues de l'immigration"
La justice allemande a levé mardi l’interdiction de publication du magazine Compact, proche de l’ultradroite et prorusse, ordonnée il y a un moins d’un an par le gouvernement au motif d’incitation à la haine.
« Malgré certains contenus anticonstitutionnels, toutes les conditions d’une interdiction ne sont pas remplies », estime le tribunal administratif de Leipzig, jugeant que certaines déclarations diffusées par Compact peuvent être interprétées comme « critiques exagérées mais admissibles ».
Le 16 juillet 2024, le gouvernement de l’ex-chancelier Olaf Scholz avait interdit ce mensuel, fondé en 2010, qui revendique un tirage de 40.000 exemplaires et dispose également d’un canal sur Youbtube « Compact TV », fort actuellement de 515.000 abonnés.
Le ministère de l’Intérieur, avec à sa tête la social-démocrate Nancy Faeser, accusait Compact d’attiser la « haine contre les personnes juives et les personnes issues de l’immigration ».
Cette interdiction avait été vivement condamnée par le Kremlin.
Compact avait déposé un recours contre la décision gouvernementale et l’interdiction avait été suspendue jusqu’à la décision de justice.
La société qui détient Compact avait déjà été classée en 2021 par les services de renseignements intérieurs comme « extrémiste, nationaliste et hostile aux minorités ».
Sur X, Compact s’est félicité de la décision de mardi, « une claque pour Nancy Faeser », affirmant que « l’on ne pouvait pas interdire la liberté de la presse ».
La législation allemande autorise le ministère de l’Intérieur à bannir des associations, y compris des médias, si leur action est jugée contraire aux principes fondamentaux de la Constitution.
La liberté de la presse fait partie des piliers de la démocratie allemande, mais des médias ont déjà été interdits depuis la fondation de la République Fédérale allemande en 1949.
Ainsi, en janvier 2016, « Altermedia Deutschland », présenté comme « le principal portail internet d’extrême droite dans l’espace germanophone avait été interdit car il « propageait les commentaires xénophobes et racistes les plus horribles », selon le ministre de l’Intérieur de l’époque, le conservateur Thomas de Maizière.