La maire de Berlin annule un événement prévu en l’honneur de Navi Pillay
Les critiques affirment que Pillay et la commission d'enquête de l'ONU ont un parti pris contre Israël ; l’annulation a été saluée par l'ambassadeur d'Israël en Allemagne
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Un événement prévu à Berlin pour honorer la responsable d’une enquête de l’ONU en cours sur les crimes israéliens présumés contre les Palestiniens a été annulé cette semaine après que la maire de la ville a retiré son soutien à la cérémonie qui devait se tenir à l’hôtel de ville.
La maire Franziska Giffey a déclaré que l’événement prévu mardi par l’association non gouvernementale United Nations Association of Germany en l’honneur de Navi Pillay à la Rotes Rathaus, littéralement « hôtel de ville rouge », n’était pas représentatif de l’opinion des Berlinois.
« Organiser une cérémonie de ce type à la Rotes Rathaus, qui est la mairie de tous les habitants de Berlin, repose sur le postulat que la population berlinoise approuve largement un tel hommage « , a déclaré un porte-parole de Giffey au Times of Israel lundi. « Ce n’est pas le cas pour cet événement ».
Pillay est à la tête de la Commission internationale indépendante d’enquête des Nations unies sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem Est, et Israël, composée de trois personnes. Les critiques affirment que Pillay et la commission d’enquête ont un parti pris contre Israël, et la décision a été saluée par l’ambassadeur d’Israël en Allemagne, qui avait poussé la maire à annuler la cérémonie.
« Au vu des circonstances, nous avons décidé de ne pas laisser la United Nations Association of Germany organiser l’événement à la Rotes Rathaus », a déclaré le porte-parole de Giffey. « En outre, nous avons conclu qu’un membre du Sénat de Berlin ne peut pas remettre un tel prix. »
La maire et les législateurs de Berlin ayant rejeté l’événement, la cérémonie de remise de prix a été purement et simplement annulée par l’ONG, qui n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
Selon le site Web de l’Association allemande pour les Nations unies, l’organisation « s’efforce d’informer le public allemand de manière impartiale sur les objectifs, les institutions et les activités des Nations unies ».
La volte-face de Giffey est le résultat d’une conversation qu’elle a eue avec l’ambassadeur d’Israël à Berlin, Ron Prosor, la semaine dernière, a déclaré le diplomate au Times of Israel.
Prosor a relayé les préoccupations d’Israël au sujet de Pillay et de l’enquête de l’ONU en marge d’un événement sans rapport le 14 septembre, à Berlin.
« Nous avons fait en sorte qu’elle sache qui est Pillay et je dois lui reconnaître qu’elle l’a compris très rapidement et a décidé qu’elle ne remettrait pas le prix et que personne au Parlement de Berlin ne le ferait », a déclaré Prosor.
Pillay, une juriste sud-africaine, a été Haute-Commissaire aux droits de l’homme de 2008 à 2014, période durant laquelle elle a fréquemment critiqué les actions d’Israël à Gaza.
Elle a été nommée l’année dernière à la tête d’une commission d’enquête des Nations unies chargée d’enquêter sur « toutes les violations présumées du droit humanitaire international et toutes les violations présumées et tous les abus du droit international des droits de l’homme » en Israël, à Jérusalem Est, en Cisjordanie et à Gaza, lancée à la suite du conflit de mai 2021 entre Israël et les groupes terroristes basés à Gaza.
Israël a précédemment déclaré qu’il ne coopérerait pas avec la commission, affirmant que ses membres « ont, à plusieurs reprises, pris des positions publiques et hostiles à l’égard d’Israël sur le sujet même sur lequel ils sont appelés à enquêter de manière ‘indépendante et impartiale' ».
Prosor a décrit Pillay comme « quelqu’un qui diabolise et délégitime réellement l’État d’Israël jour après jour ».
Selon UN Watch, un observatoire pro-israélien, Pillay a signé en juin 2020 une pétition organisée par la branche sud-africaine du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), intitulée « Sanctionnez l’Israël de l’apartheid ! ».
Puis, dans une conférence donnée en mai 2021, elle a qualifié d' »inhumain » le traitement des Palestiniens par Israël et a comparé ce pays à l’ « Afrique du Sud de l’apartheid ».
Plus tôt cette année, elle a soutenu un membre de la commission, Miloon Kothari, lorsqu’il s’est demandé si Israël devait être membre de l’ONU, et a déclaré que les réseaux sociaux étaient « largement contrôlés par le lobby juif ».
« Demander à Navi Pillay d’enquêter sur Israël, c’est comme demander à Poutine de présider une commission d’enquête sur l’Ukraine », a déclaré Prosor.
La commission est la première à bénéficier d’un mandat à durée indéterminée de la part de l’organe de défense des droits de l’homme des Nations unies, et ses détracteurs estiment qu’un tel examen permanent témoigne d’un parti pris anti-israélien au sein de ce conseil composé de 47 États membres. Les partisans de la commission y voient un moyen de garder un œil sur les injustices dont les Palestiniens seraient victimes depuis des décennies.
Selon Prosor, Giffey a expliqué que la décision de remettre le prix en présence de la maire de Berlin avait été prise en 2019, avant son entrée en fonction, et qu’elle avait été reportée en raison de la pandémie de la COVID-19.
L’envoyé israélien a qualifié la décision de Giffey de « vraiment étonnante ».
« Je ne me souviens pas de beaucoup de fois où nous nous attaquons à quelque chose et où les résultats sont si efficaces », a déclaré Prosor. « La maire et l’organisation elle-même ont décidé de ne pas remettre ce prix ».
Selon Prosor, l’accusation du dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, lors d’une rencontre en août avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin, selon laquelle Israël aurait commis des « holocaustes » contre les Palestiniens, a rendu les responsables allemands beaucoup plus attentifs à Israël lorsqu’il s’agit de partialité et d’antisémitisme sur la scène internationale.
« Je pense que ce qu’Abou Mazen a fait ici, les a réveillés et a conduit à ce qu’ils comprennent que c’est une affaire sérieuse », a déclaré Prosor, utilisant le nom de guerre du chef de l’AP, Mahmoud Abbas.