La marque de tahini Al Arz voit ses ventes augmenter, malgré le boycott
Le groupe Al Arz, basé à Nazareth, reçoit un coup de pouce des internautes après avoir fait un don à la ligne de soutien aux jeunes LGBT, suscitant la colère d'Arabes israéliens
Un fabricant de tahini arabe israélien qui a fait l’objet d’un appel au boycott de la communauté après avoir fait un don à une ligne d’écoute pour jeunes LGBT a vu ses ventes grimper en flèche, apparemment grâce au soutien d’autres Israéliens.
Al Arz Tahini a vu sa part de marché augmenter de près de 28 % dans la semaine qui a suivi le début du boycott, a rapporté mardi le site financier Calcalist.
Le fabricant, basé dans la ville de Nazareth, au nord du pays, est l’un des plus grands producteurs israéliens de la populaire pâte de sésame, représentant environ un cinquième du tahini vendu dans le pays.
La société avait annoncé le 1er juin son intention de faire un don à une ligne d’assistance téléphonique pour les jeunes LGBT avec l’Aguda – l’Association pour l’égalité des LGBTQ en Israël. En réponse, certains membres de la communauté arabe ont appelé à un boycott des produits de la société, bien que d’autres aient exprimé leur soutien.
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Des vidéos sont apparues sur les réseaux sociaux montrant des clients et des propriétaires de magasins arabes israéliens jetant des conteneurs de tahini Al Arz à la poubelle pour protester contre la décision de l’entreprise, que des chefs religieux musulmans ont critiquée.
Parallèlement aux appels au boycott, cependant, des Israéliens arabes et juifs ont repoussé ces appels en exprimant leur soutien aux LGBT sur les réseaux sociaux. Certains hommes politiques arabes israéliens se sont également prononcés contre le boycott, sans toutefois nommer directement la communauté LGBT.
Durant la semaine du 12 au 18 juillet, les ventes de la marque ont augmenté de 27,6 % par rapport à la semaine précédente, selon le rapport Calcalist, qui cite des données de StoreNext, une entreprise d’analyse de marché.
Fin juin, la part de marché d’Al Arz était de 16,9 %. Pendant la première semaine de juillet, elle a grimpé à 18,5 % et la semaine suivante à 22,6 %.
La nouvelle de la donation d’Al Arz et le dénigrement qui s’en est suivi semblent également avoir fait augmenter les ventes de tahini en général, selon Calcalist, les achats de la pâte de sésame ayant augmenté au début du mois de juillet.
Néanmoins, Al Arz a vu une baisse sensible des commandes dans la communauté arabe, au moment où le monde musulman se prépare à marquer la fête de l’Aïd al-Adha, qui commence à la fin du mois.
Le fabricant a également été touché par l’épidémie de coronavirus avec une chute des ventes locales et des exportations vers les États-Unis, selon Calcalist.
En réponse aux appels au boycott, Al Arz a doublé son soutien à la communauté LGBT.
« Dans la famille Al Arz Tahini, nous aimons les gens sans distinction de religion, de sexe, de genre ou de couleur. La nourriture relie les gens », a expliqué l’entreprise dans une déclaration au début du mois. « Et nous aussi. Nous continuerons à être une maison ouverte et à donner des moyens d’action aux secteurs défavorisés, quels qu’ils soient », souligne le communiqué.
Alors que de nombreux Israéliens arabes sont socialement conservateurs, les LGBT arabes israéliens ont lentement pris un rôle plus important. Les funérailles d’Ayman Safiah, un danseur arabe israélien renommé qui s’est noyé en mai dernier, ont attiré des milliers de personnes en deuil malgré son homosexualité.
Dimanche, un membre de la Liste arabe unie a qualifié de « particulièrement problématique » le soutien du leader de l’alliance à prédominance arabe à un récent projet de loi interdisant les thérapies dites de conversion, et a affirmé que cela allait à l’encontre des vues de « la grande majorité de la société qui l’a élu ».
Dans une interview avec Kan, le député Walid Taha a nié l’existence d’une démographie homosexuelle significative au sein de la communauté arabe, affirmant que le « phénomène de l’homosexualité est presque inexistant dans la société arabe » et ajoutant que, s’il existe, il est « de dimensions limitées ».
« La question n’est pas discutée dans la société arabe » et « si elle existe, c’est à très petite échelle et ceux qui en souffrent ne sont pas pressés de s’identifier », a-t-il soutenu, ajoutant qu’il pensait que les relations homosexuelles étaient contre nature.