La police arrête 11 suspects dans la fusillade qui a coûté la vie à cinq personnes
Plusieurs autres personnes ont été arrêtées suite à l'augmentation de la criminalité dans la communauté arabe
La police a annoncé vendredi l’arrestation de 11 personnes soupçonnées d’être liées à la fusillade meurtrière qui a coûté la vie à cinq personnes la veille dans la station de lavage automobile de Yafa an-Naseriyye, une ville arabe du nord du pays.
Les autorités ont déclaré que les suspects étaient liés aux organisations criminelles locales Bakri et Hariri – un conflit qui a maintenant fait 28 morts en moins de deux ans.
Plusieurs autres personnes ont été arrêtées en relation avec les crimes violents commis dans la communauté arabe, qui ont atteint des sommets sans précédent. Un certain nombre d’armes ont également été confisquées.
Cette fusillade semble être le fait criminel non terroriste le plus meurtrier du pays depuis 2009, lorsque six membres de la famille Ushrenko avaient été assassinés à leur domicile de Rishon Lezion.
Les cinq victimes – Naeem Marjiyeh, Abu al-Naeem Marjiyeh, Eiliya Marjiyeh, Luai Ragheb et Ibraheem Shehadeh – ont été évacuées vers l’hôpital après avoir été grièvement blessées dans la station de lavage, mais elles ont été déclarées mortes par la suite. Les tireurs ont pris la fuite.
Plus tard dans la soirée, un homme âgé d’une trentaine d’années a été abattu lors d’une fusillade en voiture près de la ville centrale de Kafr Qasim, tandis qu’un autre homme a été modérément blessé. La fusillade a provoqué un accident de voiture qui a également blessé une femme de 46 ans.
Outre ces deux attaques meurtrières, une fillette de 3 ans et son père ont été gravement blessés après avoir été touchés par des tirs à Kafr Kanna, qui, comme Yafa an-Naseriyye, se trouve près de Nazareth.
À la lumière de ces événements, le Haut Comité de suivi des citoyens arabes d’Israël, un groupe de coordination représentant la communauté, a annoncé une grève générale vendredi dans la communauté arabe. Le comité a également appelé à des manifestations pendant le week-end.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est rendu sur les lieux de la fusillade à Yafa an-Naseriyye, alors que les politiciens de l’opposition s’insurgeaient contre sa gestion de la vague actuelle de crimes violents dans la communauté arabe, qu’il avait promis de résoudre avant les élections législatives.
S’adressant aux journalistes, Ben Gvir a déclaré qu’il « partageait la douleur » des familles endeuillées et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés, notamment à l’homme et à l’enfant de Kafr Kanna.
Il a ajouté que son équipe et lui-même « travaillaient dur » pour s’attaquer aux « problèmes de fond », mais qu’il y avait des obstacles.
Il a présenté deux solutions, la première étant la création d’une garde nationale sous l’égide de son ministère, une initiative qui a été décriée par les critiques comme pouvant donner à l’homme politique d’extrême-droite une « milice privée » et qui a été freinée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Ben Gvir a déclaré qu’une telle force était « très importante » et a exprimé l’espoir qu’elle commencerait à agir bientôt.
Sa deuxième solution, plus immédiate, consiste à utiliser l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet pour s’attaquer aux organisations criminelles, ce que Netanyahu a déclaré plus tôt dans la journée de jeudi qu’il ferait.
Ben Gvir a demandé l’adoption d’une résolution du cabinet pour impliquer le Shin Bet dès dimanche prochain.
« Avec l’aide de Dieu, nous y parviendrons », a-t-il déclaré.
Plusieurs membres de la coalition, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ont fait pression pour que le Shin Bet s’implique dans la lutte contre la criminalité, en particulier dans les communautés arabes où la violence meurtrière a fait de nombreuses victimes ces dernières années.
Le Shin Bet n’est généralement chargé que de la lutte contre la criminalité à motivation nationaliste et de nombreux dirigeants arabes s’opposent à l’implication de l’agence de sécurité intérieure dans des questions non liées au terrorisme.
De hauts responsables du Shin Bet seraient également farouchement opposés à l’implication de l’agence dans la lutte contre les organisations criminelles, craignant qu’il ne soit même pas légal d’utiliser les outils qu’elle utilise dans la lutte contre le terrorisme palestinien sur des civils et que cela puisse être préjudiciable.
Ayman Odeh, le chef de l’alliance arabe radicale Hadash-Taal, a lancé une attaque contre le gouvernement jeudi, affirmant que Netanyahu et e Ben Gvir étaient responsables du sang versé dans ce « choquant massacre ».
Dans un communiqué, le député Odeh a déclaré que les dirigeants de la communauté arabe « demandent depuis des années que les armes soient retirées des rues et que les organisations criminelles soient réprimées ».
Il a exhorté le gouvernement à « licencier instamment » Ben Gvir, faisant écho aux appels d’autres critiques du gouvernement.
« Nous n’accepterons pas cette négligence. Nous provoquerons une grève dans tout le pays jusqu’à ce que cela cesse », a-t-il ajouté.
Le chef du parti Raam, Mansour Abbas, qui, contrairement à Odeh, faisait partie de la précédente coalition, a déclaré qu’il s’agissait d’un « jour difficile pour la société arabe » et que « les meurtres étaient devenus une routine ».
« Nous sommes confrontés à une catastrophe », a déclaré Abbas à la Douzième chaîne.
« Cela fait deux ans que l’on demande l’intervention du Shin Bet mais cela n’a pas solutionné le problème », a-t-il ajouté. Il a appelé à donner à la police « de nouveaux outils » et a également demandé à la police de procéder à une rafle massive des chefs de file du crime arabe.
Depuis plusieurs années, la police, les hommes politiques et les responsables locaux s’efforcent d’endiguer les activités criminelles à l’origine de l’escalade de la violence, qui s’est intensifiée au cours des derniers mois.
De nombreux responsables locaux accusent la police qui, selon eux, n’a pas réussi à sévir contre les puissantes organisations criminelles et ignore largement la violence, qui comprend les querelles familiales, les guerres de territoire entre mafias et la violence à l’égard des femmes. Les communautés ont également souffert d’années de négligence de la part des autorités de l’État.
Le chef d’une unité de police chargée de lutter contre la criminalité parmi les Arabes israéliens, le commissaire adjoint Natan Bozna, a démissionné mardi. Ni Bozna ni la police n’ont donné de raison à ce départ, et la police n’a pas encore annoncé de remplaçant.
L’annonce est intervenue un jour après que Ben Gvir a annoncé qu’il nommerait un coordinateur pour aider à lutter contre l’effusion de sang endémique.
Lundi, les députés de Hadash-Taal ont rencontré Netanyahu pour discuter du problème et demander une action urgente pour lutter contre la vague de crimes. Les parties se sont mises d’accord avec Netanyahu sur la formation d’une commission d’orientation « dont les tâches engloberont tous les domaines dans lesquels le gouvernement traite avec la société arabe », que le Premier ministre dirigera lui-même.
Selon les analystes, les meurtres sont le fruit de la violence de la pègre, alimentée par des gangs puissants qui se livrent à l’extorsion, au prêt usuraire, au racket de protection et à d’autres activités criminelles. De nombreuses fusillades sont soupçonnées de s’inscrire dans le cadre de guerres de territoire entre les syndicats rivaux.