Israël en guerre - Jour 406

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Lapid craint pour le pays après avoir reçu un briefing de sécurité de Netanyahu

Le chef de l'opposition dénonce un "gouvernement incompétent" et demande au Premier ministre de calmer les ministres d'extrême-droite et de réintégrer officiellement Gallant

Yaïr Lapid (à gauche) Avi Gil (au centre) et Benjamin Netanyahu lors d'une réunion aux quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 9 avril 2023. (Crédit : Document du gouvernement)
Yaïr Lapid (à gauche) Avi Gil (au centre) et Benjamin Netanyahu lors d'une réunion aux quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 9 avril 2023. (Crédit : Document du gouvernement)

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a déclaré dimanche qu’il avait quitté une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu plus inquiet que lorsqu’il y était entré, et qu’il avait exigé de ce dernier qu’il mette au pas les ministres d’extrême-droite, alors qu’Israël est confronté à de multiples menaces sécuritaires sur plusieurs fronts.

« Je suis arrivé inquiet à la réunion avec Netanyahu et j’en suis ressorti encore plus inquiet », a déclaré Lapid lors d’une allocution télévisée et dans une déclaration publiée en ligne.

« J’ai dit à Netanyahu que l’État d’Israël avait besoin d’un ministre de la Défense à plein temps. Il doit annoncer qu’il n’envisage plus de licencier le ministre de la Défense Yoav Gallant, admettre qu’il ne peut pas compter sur son cabinet et créer un petit forum de sécurité stable pour faire face à la situation », a déclaré Lapid.

Netanyahu a renvoyé Gallant le mois dernier, après que ce dernier a demandé la suspension du processus législatif de la réforme du système judiciaire du gouvernement en raison des retombées sécuritaires de la législation largement controversée. Gallant – qui n’a pas été, à ce jour, officiellement démis de ses fonctions – est toujours le ministre de la Défense.

Lapid a également déclaré avoir demandé à Netanyahu de retirer au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir toute responsabilité concernant le site sacré du mont du Temple, qui a été le théâtre de heurts entre la police et des émeutiers palestiniens pendant le ramadan et Pessah ces derniers jours.

« Nous ne pouvons pas laisser un clown de TikTok, qui a perdu la confiance de la police et des forces sur le terrain, gérer les choses », a-t-il déclaré. Lapid qualifie souvent Ben Gvir de « clown de TikTok », en raison des nombreuses publications du ministre d’extrême-droite sur la plate-forme de réseaux sociaux, connue pour être très populaire auprès des jeunes.

Lapid a imputé les problèmes de sécurité du pays à l’instabilité et au chaos qui règnent au sein du cabinet de Netanyahu.

« Ce que nos ennemis voient en face d’eux, dans tous les domaines, c’est un gouvernement incompétent. Un cabinet en qui personne n’a confiance. Un ministre de la Défense [en suspens] qui a été renvoyé pour avoir dit la vérité. Un ministre de la Sécurité nationale qui divulgue aux médias des enregistrements du chef de la police. Un ministre des Finances qui dit vouloir anéantir des villes [palestiniennes] », a déclaré Lapid.

Il a demandé à Netanyahu de retirer les fonctions de ministre délégué de la Défense au ministre des Finances Bezalel Smotrich.

Les forces israéliennes montant la garde pendant les affrontements avec les Palestiniens à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa, à l’extérieur de la Vieille Ville de Jérusalem, le 5 avril 2023. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

« Netanyahu doit mettre fin à la situation déraisonnable dans laquelle il y a deux ministres au ministère de la Défense. Il n’est pas possible que la faction messianique des résidents d’implantations les plus extrémistes détiennent un poste au ministère de la Défense au cours d’une période aussi sensible », a déclaré Lapid, avertissant qu’Israël était en train de perdre le soutien des États-Unis et de la communauté internationale.

« Nous sommes en train de perdre notre force de dissuasion. Israël est devenu un pays qui n’est plus géré », a-t-il déclaré. « Aujourd’hui encore, les citoyens israéliens font preuve d’une capacité impressionnante à faire face au terrorisme. L’establishment sécuritaire était et reste l’un des meilleurs au monde. Le problème, c’est le leadership. »

En réponse à Lapid, le parti de Netanyahu, le Likud, a accusé Lapid d’avoir mis Israël en danger en refusant de transmettre un message d’unité.

« Alors qu’Israël se bat simultanément sur trois fronts et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a invité à faire le point sur la sécurité [protocole traditionnel, ndt], Yaïr Lapid a choisi de faire de la petite politique, plutôt que de diffuser un message d’unité sans équivoque à nos ennemis », a déclaré le Likud dans un communiqué.

Le parti a aussi accusé Lapid d’avoir causé un « préjudice grave » en acceptant l’année dernière un accord avec le Liban délimitant les frontières maritimes alors qu’il était Premier ministre, et a assuré que Lapid était largement cité en Iran comme quelqu’un qui prévoyait la chute d’Israël.

Les clauses de cet accord maritime avaient été quasiment les mêmes que celles que Netanyahu avait défendues lorsqu’il était au pouvoir avant le gouvernement Yair Lapid-Naftali Bennett, selon l’actuel envoyé américain en Israël, Tom Nides. Aussi, cet accord contraint de facto le Hezbollah à ne pas attaquer directement Israël, d’où vraisemblablement le récent rapprochement avec le Hamas.

« À l’heure où [Hassan] Nasrallah, chef du Hezbollah, et [Ismail] Haniyeh, chef du politburo du Hamas, sont assis ensemble sous la photo du parrain iranien qui appelle à notre anéantissement, nous nous serions attendus à davantage de responsabilité nationale de la part du chef de l’opposition », a lancé le Likud. Il n’y a pas encore eu de déclaration de la part de Netanyahu.

Netanyahu et Lapid ont tenu une rare réunion en tête-à-tête dimanche afin de discuter de la situation sécuritaire au quartier général militaire de Kirya à Tel-Aviv.

Une photo de cette réunion montre les deux hommes assis, tendus, sous le regard du secrétaire militaire Avi Gil qui sourit nerveusement.

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid tenant une conférence de presse, à Tel Aviv, le 9 avril 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Ces derniers jours, les tensions sont montées en flèche dans toute la région après des tirs de roquettes depuis la Bande de Gaza et le Liban, des frappes israéliennes, des affrontements à la mosquée Al-Aqsa sur le mont du Temple à Jérusalem, des tirs de roquettes en provenance de Syrie et un drone iranien présumé lancé depuis la Syrie la semaine dernière.

Plusieurs attaques terroristes présumées ont également eu lieu : deux sœurs israéliennes de l’implantation d’Efrat, en Cisjordanie, ont été abattues vendredi, un touriste italien a été écrasé à Tel-Aviv, trois soldats ont été blessés lors d’un attentat à la voiture-bélier une semaine plus tôt, et deux autres soldats ont été blessés lors d’attaques distinctes par balles mercredi et jeudi.

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