Le Crif s’élève contre une nouvelle tournée de Dieudonné
Une vingtaine de salles ont accepté de lui offrir une nouvelle "tribune de la honte," a déclaré Roger Cukierman

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’est élevé mardi contre une prochaine tournée du polémiste Dieudonné, plusieurs fois condamné pour antisémitisme, appelant l’Etat à dissuader les salles de spectacles du pays de l’accueillir.
Actuellement à l’affiche du petit théâtre parisien de la Main d’or, le dernier one-man-show de Dieudonné doit tourner de fin décembre jusqu’à juin 2015 dans plusieurs grandes villes françaises.
Le Crif a déploré qu’une vingtaine de salles aient accepté de lui offrir une nouvelle « tribune de la honte » pour déverser « sa haine des Juifs et de ceux qui osent le critiquer ».
« L’irresponsabilité de ces exploitants est particulièrement grave alors que les violences antisémites progressent et se banalisent dangereusement », a-t-il dénoncé dans un communiqué, se disant « inquiet » et « choqué ».
Considérant que Dieudonné « n’est plus un humoriste depuis longtemps » et que « ses spectacles ne sont que des meetings politiques, le Crif a demandé à la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, « d’agir sans tarder » pour dissuader les salles de l’accueillir.
Condamné à plusieurs reprises par la justice française pour des propos antisémites, Dieudonné avait été il y a un an dans le viseur du gouvernement socialiste au pouvoir à Paris, qui avait fait interdire plusieurs de ses représentations fin 2013 et début 2014.
De plus il reste dans le collimateur de la justice, pour des soupçons notamment de fraude fiscale et blanchiment d’argent.
Sa prochaine tournée s’annonce alors que le gouvernement vient d’appeler à faire de la lutte contre l’antisémitisme « une cause nationale », quelques jours après l’agression près de Paris d’un couple ciblé pour ses origines juives, suscitant l’indignation.
Selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, « les actes et menaces antisémites » ont plus que doublé sur un an « au cours des dix premiers mois de l’année », avec « plus de 930 affaires » portées en justice au premier semestre 2014.
Forte de plus d’un demi-million de membres, la communauté juive française est la troisième au monde derrière Israël et les Etats-Unis, mais pour la première fois l’an dernier la France est devenue le premier pays d’émigration vers l’Etat hébreu avec 4 566 migrants.