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Le père de l’activiste turco-américaine tuée à Naplouse demande aux USA d’enquêter sur sa mort

Mehmet Suat Eygi s'est réjoui de l’enquête turque sur la mort de sa fille Aysenur Ezgi Eygi, que l'armée estime victime d'un « tir indirect et involontaire »

Mehmet, le père d'Aysenur Ezgi Eygi, un militant des droits de l'homme turco-américain de Seattle âgé de 26 ans, s'adresse aux médias à l'extérieur de la maison familiale à Didim, en Turquie, le 12 septembre 2024. (Crédit : AP/Khalil Hamra)
Mehmet, le père d'Aysenur Ezgi Eygi, un militant des droits de l'homme turco-américain de Seattle âgé de 26 ans, s'adresse aux médias à l'extérieur de la maison familiale à Didim, en Turquie, le 12 septembre 2024. (Crédit : AP/Khalil Hamra)

Le père de l’activiste turco-américaine tuée en Cisjordanie a salué de la décision de la Turquie d’ouvrir une enquête sur les circonstances de sa mort et a appelé les États-Unis à faire de même.

Aysenur Ezgi Eygi, qui détenait la citoyenneté turque et américaine, a été tuée vendredi dernier lors de manifestations contre les implantations en Cisjordanie. Selon un témoin de la scène, le manifestant israélien Jonathan Pollak, elle ne présentait aucune menace pour les forces israéliennes et les tirs ont eu lieu pendant une accalmie, après des affrontements entre des manifestants qui jetaient des pierres et des soldats de Tsahal qui tiraient des cartouches de gaz lacrymogène et des balles.

L’armée israélienne a estimé mardi « très probable » que des tirs provenant de ses hommes aient tué « indirectement et involontairement » la jeune femme, while expressing regret for the killing.

Le corps de la militante américano-turque est arrivé vendredi matin en Turquie où des funérailles seront célébrées samedi, dans le berceau familial de Didim.

Le corps, arrivé à Istanbul, sera transféré à Izmir (ouest), la troisième ville du pays, d’où il sera acheminé à Didim.

Son père, Mehmet Suat Eygi, 60 ans, venu des Etats-Unis où il réside, s’est adressé jeudi soir à la presse dans cette petite station balnéaire de la côte égéenne.

« Ayşenur était une personne très spéciale. Elle était sensible aux droits humains, à la nature, à tout », a-t-il souligné.

M. Eygi s’est félicité de la décision des autorités turques d’ouvrir une enquête sur « cet assassinat arbitraire » ainsi que l’a annoncé le ministre de la Justice, Yilmaz Tunç.

« J’ai appris que notre Etat poursuit cet assassinat arbitraire en ouvrant une enquête. Je m’en réjouis. J’attends la même chose du gouvernement américain, car Aysenur n’avait que 10 mois lorsqu’elle est arrivée aux Etats-Unis » a-t-il fait valoir.

« Elle a étudié là-bas, elle y a grandi avec des libertés. Elle est citoyenne de ce pays », a-t-il dit. « J’espère que le gouvernement américain fera preuve de la même sensibilité. »

Outre les parents de la jeune femme de 26 ans, son compagnon est également présent à Didim où résident toujours son grand-père et au moins un oncle.

Ce dernier, Ali Tikkim, 67 ans, a laissé entendre que la famille avait souhaité des funérailles samedi plutôt que vendredi car de nombreux participants sont attendus.

La rue où est située sa maison a été préventivement barrée jeudi par la police et une tente dressée pour recevoir les condoléances, a constaté l’AFP. Au cimetière, la tombe a déjà été creusée.

La maison du grand-père d’Eygi et la rue dans laquelle elle se trouve étaient décorées de drapeaux turcs – un honneur habituellement accordé aux soldats turcs tués dans des conflits.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que son pays fera tout « pour que la mort d’Aysenur Ezgi ne reste pas impunie ».

Le parquet général d’Ankara a ouvert une enquête sur sa mort.

« Nous continuerons à défendre les droits d’Aysenur. Nous ne pouvions pas rester silencieux alors que notre concitoyenne a été illégalement martyrisée par des assaillants israéliens », a affirmé le ministre de la Justice.

La Turquie envisage d’émettre des mandats d’arrêts internationaux selon les résultats de l’enquête, a-t-il précisé.

Il a également appelé le rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires et arbitraires à créer une commission d’enquête indépendante et à rédiger un rapport à ce sujet.

« Nous poursuivrons ensuite notre travail pour transmettre ce rapport (du procureur d’Ankara, ndlr) au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, afin de l’inclure dans la procédure pour génocide contre Israël en cours devant la Cour internationale de justice et dans l’enquête en cours devant la Cour pénale internationale », a-t-il ajouté.

Selon la déclaration du ministère de la justice de l’Autorité palestinienne signée par deux médecins légistes, Eygi a été emmenée à l’hôpital Rafidia de Naplouse, en Cisjordanie, après avoir reçu une balle tirée par l’armée israélienne. La jeune femme ne présentait aucun signe vital et son cœur ne battait plus, explique le communiqué qui précise que la balle était entrée par l’arrière de son oreille gauche en causant des dommages au cerveau.

Les équipes médicales ont tenté à six reprises de la réanimer, sans succès, et sa mort a été constatée à 14:36 vendredi. Selon cette déclaration, la balle a endommagé le cerveau et le crâne et différents éclats d’obus ont causé des larmes et des ecchymoses.

Karine Jean-Pierre, attachée de presse à la Maison Blanche, a déclaré jeudi que l’administration Biden avait été informée des résultats d’analyses extérieures selon lesquelles Ezgi Eygi aurait été tuée 20 minutes après la fin des affrontements. « Ce meurtre horrible n’aurait jamais dû se produire », a déclaré Mme Jean-Pierre, sans dire si l’administration était satisfaite de l’enquête initiale des Forces armées israéliennes.

Le président américain Joe Biden qui avait évoqué lundi un « accident » s’est dit mercredi « indigné et profondément attristé » par cette mort et a appelé Israël à « en faire plus » pour qu’un tel drame ne se répète pas.

Les responsables du ministère turc des Affaires étrangères ont déclaré que le corps d’Eygi serait rapatrié par avion de Tel-Aviv à Bakou, en Azerbaïdjan. Il devrait arriver en Turquie vendredi, pour une inhumation samedi.

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