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Le prix Nobel israélo-américain Daniel Kahneman serait décédé par suicide assisté

Selon le Wall Street Journal, le pionnier de l'économie comportementale, mort l'an dernier à 90 ans, aurait choisi de ne pas souffrir et de tirer sa révérence

Le professeur Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d'économie, s'exprimant lors d'une conférence, à Jérusalem, le 20 juin 2013. (Crédit : Miriam Alster/Flash90/Archives)
Le professeur Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d'économie, s'exprimant lors d'une conférence, à Jérusalem, le 20 juin 2013. (Crédit : Miriam Alster/Flash90/Archives)

Daniel Kahneman, lauréat israélo-américain du prix Nobel, décédé l’année dernière à l’âge de 90 ans, avait décidé de mettre fin à ses jours par suicide assisté en Suisse, a rapporté vendredi le Wall Street Journal.

Le journal souligne que Kahneman avait décidé de mettre fin à ses jours comme il l’entendait alors qu’il était encore en relativement bonne santé, au lieu de laisser son état physique se détériorer.

Dans des lettres d’adieu envoyées à son plus proche ami, le psychologue avait écrit que sa décision était motivée par la conviction de longue date que la souffrance généralement associée à la vieillesse était inutile.

« Je crois depuis mon adolescence que les misères et les indignités des dernières années de la vie sont superflues, et j’agis en fonction de cette conviction », leur avait-il écrit.

Après avoir pris sa décision, Kahneman a passé ses derniers jours à Paris avec sa famille. Il s’est ensuite rendu en Suisse, où son suicide assisté a été pratiqué.

Barbara Tversky, la compagne de Kahneman dans les quatre dernières années de sa vie, a écrit dans un essai postérieur à sa mort que dans ses derniers jours, les deux « marchaient et marchaient et marchaient par un temps idyllique […] riaient et pleuraient et dînaient en famille et entre amis ».

Le président américain Barack Obama décernant à Daniel Kahneman la médaille présidentielle de la liberté, lors d’une cérémonie dans la salle Est de la Maison Blanche, à Washington, le 20 novembre 2013. (Crédit : Evan Vucci/AP Photo/Archives)

Elle a raconté que Kahneman « emmenait sa famille dans la maison de son enfance à Neuilly-sur-Seine et dans son terrain de jeu de l’autre côté de la Seine, dans […] le bois de Boulogne […] Il écrivait le matin ; les après-midi et les soirées étaient pour nous à Paris ».

Kahneman aurait fait part de sa décision à quelques amis proches quelques semaines avant de mourir. Malgré les efforts persistants de ses amis pour l’en dissuader, il était resté déterminé.

« Les amis et la famille de Danny étaient quelque peu surpris de le voir autant profiter de la fin de sa vie », a raconté un ami dans les colonnes du Wall Street Journal.

« ‘Pourquoi s’arrêter maintenant ?’, l’avons-nous supplié. Et même si j’aurais préféré qu’il nous accorde plus de temps, il est vrai qu’en suivant ce plan mûrement réfléchi, Danny a pu terminer en beauté une vie de 90 ans, conformément à sa règle du pic et de la fin. Il n’aurait pas pu y parvenir s’il avait laissé la nature suivre son cours. »

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Dans sa dernière lettre, Kahneman a écrit : « Il n’est pas surprenant que certains de ceux qui m’aiment auraient préféré que j’attende qu’il soit évident que ma vie ne vaille pas la peine d’être prolongée. Mais j’ai pris ma décision précisément parce que je ne voulais pas prolonger cet état. Elle a donc dû paraître prématurée. Je suis reconnaissant envers les quelques personnes avec qui j’en ai parlé très tôt, et qui ont toutes fini par me soutenir à contrecœur. »

Ses amis ont expliqué au Wall Street Journal que sa décision était personnelle et ne constituait pas un soutien au suicide assisté.

« Je ne suis pas gêné par mon choix, mais je ne souhaite pas non plus en faire une déclaration publique », a écrit Kahneman dans sa lettre, selon le Wall Street Journal.

L’économiste et lauréat du prix Nobel Daniel Kahneman expliquant sa théorie dans « Les Nobelistes ». (Crédit : Ruth Diskin Films)

« La famille évitera autant que possible de donner des détails sur la cause du décès, car personne ne souhaite que ce soit le sujet principal des nécrologies. Veuillez éviter d’en parler pendant quelques jours. »

« Même à la fin de sa vie, il s’est montré bien plus intelligent que la plupart d’entre nous », a déclaré Philip Tetlock, psychologue à l’Université de Pennsylvanie et ami de Kahneman, au Wall Street Journal.

« Mais je ne suis pas devin. Je pense qu’il avait l’impression de s’effondrer, tant sur le plan cognitif que physique. Et il voulait vraiment profiter de la vie et s’attendait à ce qu’elle devienne de moins en moins agréable. Je le soupçonne d’avoir calculé de manière hédoniste le moment où les fardeaux de la vie commenceraient à l’emporter sur les avantages – et il a probablement prévu un déclin très rapide à l’approche de ses 90 ans.

« J’ai jamais vu de mort planifiée aussi minutieusement que celle que Danny a organisée. »

L’auteur de l’article, Jason Zweig, qui était proche de Kahneman, a émis l’hypothèse que sa décision avait été influencée par le déclin cognitif de sa mère et de son épouse, qui étaient toutes deux décédées avant lui.

Kahneman a terminé sa lettre adressée à ses amis en écrivant : « Après avoir pris cette décision, j’ai découvert que je n’avais pas peur de ne plus exister et que je considérais la mort comme un endormissement et non un réveil. Cette dernière période n’a vraiment pas été difficile, si ce n’est d’être témoin de la douleur que j’ai causée aux autres. Alors si vous étiez enclins à avoir de la peine pour moi, ne le soyez pas. »

Kahneman était considéré comme un pionnier dans le domaine de l’économie comportementale. Il est surtout connu pour avoir renversé l’hypothèse de l’économie classique selon laquelle les êtres humains sont essentiellement des décideurs rationnels.

En 2002, il avait remporté le prix Nobel d’économie pour ses recherches intégrant la psychologie et l’économie, qui remettaient en question la notion selon laquelle les gens agissent de manière rationnelle. Au contraire, affirmait-il, les préjugés mentaux des gens les conduisent souvent à prendre des décisions contraires à leurs propres intérêts.

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