Le réalisateur Olivier Dahan s’exprime sur son film « Simone, le Voyage d’une vie »
Dahan explique avoir voulu montrer "le silence auquel on a astreint tous les survivants, imposé par l'État, qui a duré 20 ans où l'on n'avait pas le droit de parler de Shoah"
Le film « Simone, le Voyage d’une vie » sort en salles mercredi prochain.
La réalisation du film a été confiée à Olivier Dahan, dont c’est le troisième biopic de femme après « La Môme » (2008), qui a valu l’Oscar à Marion Cotillard au prix déjà d’heures de maquillage pour jouer Edith Piaf, puis « Grace de Monaco » (2014) avec Nicole Kidman.
« Simone » passe d’une période de la vie de Simone Veil à une autre, au risque de dérouter le spectateur, accompagné par une bande-son mélodramatique appuyée.
Le film prend le parti de montrer longuement la Shoah, le camp d’Auschwitz et les marches de la mort, de plusieurs centaines de kilomètres par -30°C, lors de l’évacuation des camps par les nazis fuyant l’avancée soviétique.
« À partir du moment où on travaille à la justesse, avec honnêteté, on peut représenter les choses. Il ne faut pas que ça devienne un spectacle, quelque chose de gratuit ou de voyeuriste », martèle le réalisateur.
Il ajoute avoir voulu aussi montrer « le silence auquel on a astreint tous les survivants (des camps), imposé par l’État, (…) qui a duré 20 ans où l’on n’avait pas le droit de parler de Shoah ».
« Simone » est accompagné d’un kit pédagogique à destination des scolaires et pourra instruire une nouvelle génération, qui ne connaîtrait pas le destin de Simone Veil.
« Parce que les jeunes de quinze ans, je ne pense pas qu’ils aient vu ‘Shoah’ (de Claude Lanzmann), ‘La liste de Schindler’ (de Steven Spielberg), ‘Le Pianiste’ (de Roman Polanski), ni ‘Le fils de Saul’ (de László Nemes) », ajoute Olivier Dahan.
« Il y a pas de devoir mais il y a un effort de mémoire. On ne peut pas correctement appréhender ce qui se passe aujourd’hui en Europe sans connaître cette histoire récente », souligne-t-il.